Tim Fait Son Cinéma - CÉSAR 2015 : BILAN DE LA CÉRÉMONIE

L'Article

Vous avez sans doute remarqué que, cette année, je n’ai pas joué à mon petit jeu des pronostics que je faisais les années précédentes (2012, 2013 et 2014). Certains m’en ont quasiment fait le reproche, ce qui me rassure car ça montre que certaines chroniques sont suivies année après année. J’avais pas mal de travail ces temps-ci, je savais que je ne regarderais pas la cérémonie (parents à la maison, quand même…) et, honnêtement, la sélection globale ne me faisait pas sauter au plafond : en gros, tous mes films français préférés de l’année n’étaient pas (ou très peu) représentés et il y a même certaines incongruités que je ne comprenais absolument pas.

Voici donc un petit bilan sur les récompenses attribuées uniquement (sur la cérémonie, paraît-il loin d’être exceptionnelle, je passe donc mon tour) :

- Timbuktu est le très grand vainqueur de l’année avec pas moins de sept César sur huit nominations. A un tel niveau, on peut donc parler de plébiscite. Je suis d’accord pour dire que c’est un joli film (d’où un César mérité pour la meilleure photographie et pas immérité pour la meilleure musique) mais j’ai du mal à m’expliquer un tel engouement des votants (meilleur scénario original ? meilleur montage ? meilleur son ?). Je me dis quand même que l’actualité globale en France a dû pas mal joué. Franchement, en tant que réalisateur, Bertrand Bonello et sa vision assez radicale de Saint Laurent aurait mérité mieux qu’une simple nomination.

- Pierre Niney a remporté la « guerre des Saint Laurent » face à Gaspard Ulliel. Une fois de plus, ça relance pour moi l’idée d’un César mixte de la meilleure imitation, mais c’est un « combat » assez vain. Toujours est-il que dans une année pas vraiment folichonne en termes de performance d’acteurs, récompenser Niney est plutôt sympathique (en plus, j’aime plutôt bien l’homme derrière l’acteur).

- Adèle Haenel est la meilleure actrice de l’année, un an après avoir raflé le César du meilleur second rôle féminin. C’est pour son rôle dans Les combattants (également meilleur premier film – devant Party Girl… – et meilleur espoir masculin pour Kevin Azaïs) que je n’ai pas vu – sans doute mon plus gros regret de 2014. Ça semble assez mérité même si Marion Cotillard (Deux jours, une nuit) et Emilie Dequenne (Pas son genre) n’auraient pas fait des lauréates par défaut, loin de là.

- Pour les seconds rôles, Reda Kateb (Hippocrate) et Kristen Stewart (Sils Maria) partaient avec les faveurs des pronostics et n’ont donc pas du être très surpris. Et pour le coup, la « bataille des Pierre Bergé » (Jérémie Rénier vs Guillaume Gallienne) n’aura même pas eu lieu.

- Le très gros coup de gueule de la soirée pour la victoire de Louane en tant que meilleur espoir féminin. Pour dire les choses très franchement, elle joue particulièrement mal dans ce film (bien qu’elle chante bien, on ne peut pas lui ôter ça). Quand on voit que Karidja Touré (magnétique dans Bande de filles) ou Joséphine Japy (incroyable dans Respire) se font battre alors que toutes deux méritaient même d’être nominées en tant que meilleure actrice, ça a de quoi énerver. J’ai surtout l’impression que les votants ont voulu donner un César à La famille Bélier pour ne pas être taxés d’élitistes ou je ne sais quoi. Mais là, pour le coup, c’est une énorme bêtise…

- « Guerre des Saint Laurent », épisode 3, avec les meilleurs costumes et c’est celui de Bonello qui l’emporte (à noter que c’est celui qui n’a pas bénéficié de l’aide de la fondation Yves Saint Laurent, drôle de pied de nez), offrant à ce film son seul César de la soirée alors qu’il était le plus nominé (dix fois). Les meilleurs décors ont été attribués à La Belle et la Bête, dont on a surtout le sentiment que tout a été fait en images de synthèse…

- La cour de Babel n’a même pas remporté le César du meilleur documentaire, battu par Le sel de la terre. Je n’ai pas grand-chose à en dire puisque je n’ai pas vu ce dernier mais je trouve quand même cela dommage que le très grand film de Bertuccelli reparte finalement bredouille. La victoire de Minuscule est plutôt logique car elle récompense un joli travail même si Jack et la Mécanique du cœur m’avait vraiment séduit.

- Enfin, Mommy finit son parcours triomphal en France (succès critique et public) par un César du Meilleur film étranger plutôt mérité même si la compétition était quand même serrée (c’est toujours le cas, me direz-vous).

Dans l’ensemble, c’est un palmarès qui ne me convient pas tout à fait car il est écrasé par un seul film qui, en plus, ne m'a pas forcément émerveillé. Je me dis finalement que j'ai bien fait de ne pas regarder la cérémonie car pas mal de petites choses m'auraient plus agacé qu'autre chose...

LE PALMARÈS COMPLET

MEILLEUR FILM