Toggle navigation
TimFaitSonCinema
16 / 20  (0)

PARTY GIRL

A plus de soixante ans, Angélique a passé toute sa vie dans les cabarets où elle fait boire les hommes et où elle peut vivre la nuit, là où elle se sent le mieux. Michel, un client habitué, lui propose un jour de l’épouser. Cela va complètement transformer la vie d’Angélique qui va aussi devoir reconstruire la relation avec ses enfants.
Verdict:

Party Girl est un film qui ne ressemble à aucun autre et c’est ce qui fait son charme. Presque documentaire par moments, il nous offre une plongée dans un univers un peu barré mais aussi empreint d’une vraie émotion. C’est en tout cas l’un des plus beaux portraits de femme vu au cinéma depuis longtemps.

Coup de coeur:

Angélique Litzenburger

La date de sortie du film:

27.08.2014

Ce film est réalisé par

Marie AMACHOUKELI Claire BURGER Samuel THEIS

Ce film est tagué dans:

Drame familial

Chargement...


 La Critique


Au dernier Festival de Cannes, c’est peut-être le film qui a le plus fait parler alors qu’il ne faisait même pas partie de la Sélection officielle mais concourrait chez la « petite sœur » (Un certain regard). Le long métrage y a gagné un Prix d’ensemble (je ne sais pas vraiment ce que cela signifie) mais, surtout, Party Girl est reparti avec l’une des récompenses les plus convoitées, à savoir la Caméra d’Or qui récompense le meilleur premier film, toutes sélections confondues. Dernièrement, Steve McQueen (pou Hunger) ou Benh Zeitlin (Les Bêtes du sud sauvage) ont été récipiendaires d’un trophée à la fois très beau mais aussi porteur de nombreuses promesses (et parfois d’attentes démesurées et finalement déçues). Les trois coréalisateurs, qui se sont connus à la Fémis (école de cinéma bien connue) ne sont pas de complets inconnus puisque Samuel Theis a déjà tourné dans quelques films et aussi dans la série Un village français. Marie Amachoukeli et Claire Burger, elles, ont déjà remporté, il y a quatre ans, le César du meilleur court métrage pour C’est gratuit pour les filles. Ensemble (travailler à trois, c’est très rare pour un objet cinématographique), ils ont donc décidé de passer en long métrage un projet qu’ils avaient déjà un peu travaillé dans un moyen-métrage documentaire il y a six ans (Forbach). Ce film a surtout la particularité d’être tiré de l’histoire vraie de Samuel Theis. En effet, la Party Girl, Angélique, n’est autre que sa propre mère et, dans le film, tous les rôles (sauf celui du mari) sont tenus par les personnes qui ont vraiment été acteurs de cette aventure un peu dingue. Alors, maintenant que le film est (enfin) sur les écrans et que la « folie » médiatique est un peu retombée, il était temps d’aller voir ce que donnait vraiment ce long métrage. Eh bien, franchement, c’est une vraie jolie surprise.

 

Au cœur du film, il y a un personnage de femme assez fascinant. D’ailleurs, le premier titre du film était Angélique, montrant bien la place centrale qu’occupe cette sexagénaire. En le renommant Party Girl, ils ont encore donné une dimension supplémentaire à ce personnage que l’on va suivre pendant une heure et demie. En effet, c’est véritablement elle qui est au centre de tout et qui « impose » le rythme. On la rencontre dans son milieu de travail de toujours – un cabaret –, avant de la découvrir dans la vie de tous les jours et dans sa relation avec sa famille notamment. Et c’est là qu’elle apparaît de plus en plus comme un personnage captivant parce que très paradoxal. Si elle se définit elle-même comme un papillon de nuit et ses quatre enfants, tous de pères différents, sont aussi là pour le montrer, elle rentre à soixante ans dans une phase où elle recherche une certaine stabilité. Et c’est justement un client qui va lui proposer de l’épouser. A partir de là, l’existence d’Angélique va être profondément bouleversée et cette femme va avoir du mal à s’y faire. Elle est tour à tour extravagante, éteinte, lucide puis irresponsable… Bref, c’est un concentré de paradoxes et c’est tout ce qui fait le sel de cette femme qui apparaît comme l’un des personnages les plus intéressants et les plus fascinants dans le cinéma français depuis pas mal de temps. En tant que spectateur, on l’adore par moments, on s’y attache et puis, juste après, on la détesterait presque pour ce qu’elle fait (et ce qu’elle ne fait pas aussi, d’ailleurs). En tout cas, elle est loin d’être lisse et c’est en grande partie cela qui donne au long métrage sa qualité. Surtout que les réalisateurs parviennent parfaitement à rendre tous les aspects de la vie de cette femme qui essaie de se construire une vie plus stable.

 

Ainsi, plus que son existence passée dans les cabarets (que l’on voit surtout au début, de façon quasi-documentaire), le film s’intéresse vraiment à la nouvelle vie qu’Angélique recherche et qui passe principalement par un rapprochement avec ses enfants. En effet, si le mariage est au cœur de l’histoire, elle ne semble pas trop y croire et il apparaît surtout comme un prétexte pour renouer le lien plus ou moins distendu avec ses enfants. Ainsi, avec sa petite dernière, placée très tôt en famille d’accueil, les retrouvailles sont à la fois émouvantes mais pleines d’une distance « logique ». D’ailleurs, toutes les scènes en famille sont les plus fortes du film, que ce soit lors de repas qui, dans leur construction ressemblent à ceux que peut orchestrer Kechiche dans ses films (sans la même longueur…) ou, lors du mariage avec la scène très forte où chacun des enfants dit à sa mère ce qu’elle représente pour lui. C’est extrêmement puissant car d’une simplicité confondante mais véritablement authentique. Cela montre aussi la manière dont cette femme est d’une importance capitale pour cette sorte de clan autant que ce dernier est nécessaire à sa reconstruction. Tous sont donc intimement liés et ont chacun une place capitale dans ce qui se passe. Dans leur façon de réaliser, les trois compères réussissent à trouver la bonne distance et ce n’était pas forcément une chose facile étant donné le caractère proche de ce qu’ils racontent et le fait que l’on ne sache jamais trop si ce qui est montré est joué ou vécu. En effet, ils n’ont jamais un regard misérabiliste sur ce qu’ils montrent et qui est parfois assez dur mais, en même temps, il n’y a pas un trop plein de compassion pour les personnages. En tout cas, ils ne sont jamais jugés et c’est l’une des vraies forces d’un long métrage qui marque assez durablement et qui promet de belles choses pour la future carrière de ses trois réalisateurs.




 Rédiger Un Commentaire