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TimFaitSonCinema
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HIPPOCRATE

Benjamin effectue – dans le service de son père – son premier stage de six mois en tant qu’interne, premier pas d’une longue carrière qui s’offre à lui. Mais, dans la pratique, les choses vont se révéler bien plus compliquées que ce qu’il avait étudié… Et, peu à peu, il va devoir faire son apprentissage, de ce métier particulier mais aussi de la vie en général.
Verdict:

Sous ses airs de comédie sur un jeune interne découvrant la « vraie vie » d’un service, Hippocrate est en fait bien plus un film d’apprentissage qui, en plus, pose beaucoup de questions autour de l’institution hospitalière et de ses contradictions, porté par des acteurs bien dans leurs rôles respectifs. C’est juste dommage que ce ne soit pas plus maîtrisé, notamment dans le dernier quart d’heure. Mais ça reste quand même correct.

Coup de coeur:

Le jeu des acteurs

La date de sortie du film:

03.09.2014

Ce film est réalisé par

Thomas LITLI

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Tout d’abord, ce film intrigue par le profil du réalisateur. En effet, Thomas Litli n’est pas seulement scénariste (notamment Télé Gaucho avec Michel Leclerc, le metteur en scène) et réalisateur (d’un premier  film en 2007, Les yeux bandés) puisqu’il continue de pratiquer son premier métier, celui de médecin généraliste. C’est une sorte d’incongruité (je pense qu’il est même unique en son genre) mais cela lui permet de garder visiblement un certain équilibre. Pas sûr néanmoins qu’il puisse continuer à mener les deux de front après le succès de son nouveau long métrage, Hippocrate, dont nous allons parler tout de suite. En effet, le film est le succès surprise de la rentrée puisqu’il devrait flirter assez aisément avec la barre symbolique du million d’entrées, ce qui est loin d’être négligeable pour ce genre de films. Car, sur le principe, offrir une plongée dans le monde de l’hôpital, ce n’est pas ce qui se fait de plus glamour et ce n’est en tout cas pas très vendeur, surtout à cette période de l’année qui est celle de la rentrée… Et puis, dans le fond, le cinéma s’est assez peu intéressé à cette problématique ces derniers temps et les références que l’on a sont plutôt à trouver du côté du petit écran où le monde médical a droit à toute une sorte de mythologie avec des séries venues d’outre-Atlantique (Urgences, évidemment puis Dr House ou Grey’s Anatomy). Je dois bien avouer que ce n’est pas du tout mon truc et que quand je peux éviter le milieu de l’hôpital, je le fais autant que possible. D’ailleurs, certains moments de Hippocrate m’ont mis mal à l’aise (quand il commence à y avoir des piqures, je sais que je ne résiste pas bien longtemps). Pourtant, c’est un film qui, bien qu’il ne m’ait pas complètement plu, est loin d’être inintéressant et a le mérite de s’attaquer à sa manière à de nombreux sujet qui en ont bien besoin.

 

Car le sujet principal du film, c’est bien l’hôpital et Hippocrate nous donne finalement d’une certaine façon un diagnostic, presque médical, de ce qu’est cette institution aujourd’hui. Et on aurait presque le sentiment au premier abord qu’elle est encore plus malade que ceux qu’elle est appelée à soigner. Je n’essaie pas vraiment de savoir si tout ce qui est raconté est vrai (vous trouverez, si ça vous intéresse vraiment, tout un tas de témoignages d’internes, qui, dans l’ensemble, semblent être plutôt d’accord avec cette vision de l’hôpital) même si, par son aspect par moments presque documentaire, ce long métrage cherche aussi à (dé)montrer des choses et se doit donc une certaine objectivité. En tout cas, Hippocrate aborde à sa façon de nombreuses thématiques qui sont en lieu direct avec ce monde hospitalier et qui font aujourd’hui l’actualité. Et il a le mérite de globalement s’y pencher de façon assez fine. C’est en tout cas vrai pour ce qui est de la fin de vie des personnes âgées ou la place des médecins étrangers, deux sujets très importants qui traversent tout le long métrage sans qu’ils soient trop mis en avant de façon artificielle. Je serais plus mesuré sur les problématiques de la gestion des hôpitaux et de la pression sur le personnel, questions qui sont toujours là mais qui ressortent très fortement dans un dernier quart d’heure bien moins réussi car, justement, le scénario ne parvient plus vraiment à garder ce ton assez juste mais préfère « rentrer dedans » sans trop de finesse. D’ailleurs, c’est amusant car cette scène de revendication m’a justement fait penser à ce qui m’avait beaucoup agacé dans Télé Gaucho : un côté braillard, foutraque et too much qui ne s’impose aucunement. Et c’est encore plus dommage car, justement, pendant plus d’une heure et quart, Thomas Litli avait montré qu’il était largement capable d’éviter tous ces écueils.

 

C’est aussi (et presque surtout) un film d’apprentissage qui va nous montrer comment un jeune homme va être profondément transformé par son expérience dans ce service. D’ailleurs, toute la première partie (qui est, à mes yeux, la plus réussie) montre justement tout ce « tatillonage » du personnage principal qui essaie à la fois de se faire une place dans le service (ces scènes où on le voit un peu errer au milieu des couloirs) tout en faisant rentrer le métier (il apprend des gestes bien précis) et en étant confronté à ce qui fait aussi la réalité de l’hôpital (la mort principalement). En quelque sorte, il apprend sa « nouvelle vie » et toutes ces changements ne sont pas forcément simples à digérer. Ils sont en plus accompagnés d’une relation pas facile à gérer avec un collègue étranger plus expérimenté mais confiné aux mêmes taches que lui. Dans cette confrontation est aussi l’un des intérêts du film car elle permet de développer un peu la psychologie des personnages, entre un Benjamin un peu évaporé par moments (Vincent Lacoste, excellent pour ce genre de rôles) et un Abdel très sérieux (Reda Kateb, une nouvelle fois très juste). Et ce qui est assez intéressant, c’est aussi que ce personnage de Benjamin, on ne le connaît finalement que dans l’univers de l’hôpital : il y travaille, mais il y dort aussi (chambre miteuse, d’ailleurs) et il y mange avec ses compagnons internes, jamais les derniers pour une blague graveleuse. D’ailleurs, on n’en sort presque jamais (sauf vers la fin) et, la seule ouverture vers le monde extérieur est ce téléphone où il passe quelque fois des appels à sa maman. Cet hôpital devient véritablement sa maison, qu’il le veuille ou non, et cela a un impact sur sa vision des choses. En ce sens, Hippocrate est plutôt un film intelligent qui arrive à faire cohabiter un côté vraiment dramatique avec un humour qui n’est jamais non plus bien loin. L’ensemble se tient largement, même si, à mon goût, il y a quelques petites faiblesses qui ne m’ont pas permis d’adhérer complètement au projet.




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