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TimFaitSonCinema
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RESPIRE

Charlie a dix-sept ans et essaie de vivre au mieux son existence pas toujours facile, notamment à cause d’un père pas vraiment présent. Un jour, en classe, Sarah arrive et se place à côté d’elle. Entre elles va naître une relation d’amitié, malgré des tempéraments très différents. Mais, assez vite, les rapports vont se complexifier, au point de devenir dangereux…
Verdict:

Si Respire est marquant par sa conclusion et par la tension que la réalisatrice a réussi à instaurer entre les deux jeunes femmes, il n’arrive jamais à être un grand film du fait d’un fond pas forcément assez creusé et d’une forme parfois trop surfaite. Au moins, ce long métrage permet-il de révéler Lou de Laâge et surtout Joséphine Japy, parfaite ici.

Coup de coeur:

Joséphine Japy

La date de sortie du film:

12.11.2014

Ce film est réalisé par

Mélanie LAURENT

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Et revoilà donc Mélanie Laurent ! Celle qui avait un peu disparu du paysage cinématographique français depuis trois ans et la sortie de son premier film (le très moyen Les Adoptés) est donc de retour chez nous, après avoir joué dans deux longs métrages américains (Insaisissables où elle était à la limite du ridicule et Enemy que je n’ai pas vu). Et on comprend son absence quand on voit ce qu’elle se prend dans la tête chez nous, où le « Mélanie Laurent Bashing » est devenu un sport à la mode, presque aussi populaire que le même traitement réservé à Marion Cotillard… Il faut dire que la jeune femme n’a pas toujours été habile dans ses déclarations (avec un côté parfois un peu trop sûre d’elle, ce qui, en France, n’est jamais bien vu) mais il y a quand même selon moi une bonne part de jalousie chez ceux qui lui tombent dessus de cette façon. Moi, de toute façon, depuis Je vais bien, ne t’en fais pas, j’ai une affection presque sans faille pour Mélanie Laurent et j’ai l’impression qu’elle pourrait dire ou faire n’importe quoi que je la défendrais de la même manière… Pour son nouveau long métrage, elle a choisi d’adapter un livre sorti il y a presque quinze ans maintenant et qui l’avait marqué lors de sa propre adolescence. C’est donc un projet qu’elle porte depuis pas mal de temps. Et, visiblement, il a été plutôt bien accueilli à Cannes, où il était présenté en ouverture de la Semaine de la critique et je trouvais le sujet vraiment intéressant, bien qu’un peu dans l’air du temps. Un mois après sa sortie (et oui, c’est ça de ne plus habiter à Lyon), j’ai donc réussi à aller voir ce long métrage sur lequel je voulais vraiment me forger mon propre avis. Et celui-ci est assez compliqué car si Respire est un film qui est à la fois loin d’être raté mais qui possède trop d’éléments agaçants pour le considérer vraiment comme réussi.

 

Respire, c’est l’histoire d’une amitié qui, peu à peu va se transformer puisque si Charlie est clairement en admiration devant Sarah et tout ce qu’elle représente, cette dernière n’a pas que des intentions louables et va se transformer peu à peu en une terrible manipulatrice, devant laquelle Charlie va se retrouver totalement désarmée. Là où le film est intéressant, c’est dans la manière qu’il a de bien montrer la façon dont, peu à peu, les choses évoluent entre elles. Très vite, on comprend que c’est un véritable coup de foudre amical (du moins du côté de Charlie) et Sarah arrive même à rapidement se faire accepter par la mère de Charlie (malgré un comportement parfois limite). Il faut dire que Sarah, c’est un peu tout ce que Charlie et sa mère ne sont pas. La question de l’homosexualité n’est pas vraiment posée ici et ce n’est visiblement pas ce qui intéresse le scénario, bien plus intrigué par les rouages d’une amitié étrange. Et puis, lors d’une semaine de vacances passée en commun, on sent les premières tensions naître et la relation devenir de plus en plus malsaine. La tension monte alors et Mélanie Laurent parvient bien à rendre cette ambiance de plus en plus tendue entre les deux, le tout sans véritablement juger, ce qui renforce le malaise chez le spectateur qui, logiquement, prend fait et cause pour Charlie (la gentille de l’histoire) mais qui ne peut s’empêcher de la trouver aussi un peu faible. Et c’est là selon moi que le long métrage rate un peu sa cible : en n’explorant pas assez les véritables raisons qui expliquent le comportement de chacune des protagonistes et en se contentant d’une « psychologie » et d’une imagerie un peu trop réductrices à mon goût (notamment sur les rapports mère/fille ou encore ce lien à la respiration), Respire ne parvient jamais à donner de souffle à l’ensemble et si la dernière séquence est assez fascinante (et même marquante), elle semble finalement sortir un peu de derrière les fagots, tant l’ensemble manque un peu trop de fond.

 

Et puis, il y a dans la façon de faire de Mélanie Laurent quelque chose d’agaçant : une manière de parfois privilégier la forme au fond (alors que le thème est normalement suffisamment fort pour éviter cet écueil) et à force de faire des effets, c’est bien le propos général qui finit par être dénaturé. C’est par exemple le cas dans toutes ces scènes qui ressemblent plus à des pubs pour parfums à destination des jeunes filles en fleurs qu’à autre chose (quand Charlie s’habille par exemple). Ça m’a vraiment posé question sur l’intérêt de telles séquences… C’est dommage car, à la longue, ça finit presque par gâcher l’ensemble. Mais là où le film puise clairement toute sa force, c’est dans le jeu des deux actrices principales. Passons rapidement sur les seconds rôles qui n’ont pas vraiment d’importance (mis à part peut-être pour une Isabelle Carré toujours très juste dans le rôle de la mère de Charlie) car ce que veut filmer Mélanie Laurent, c’est clairement ses deux actrices principales. Et elle leur offre à toutes deux un premier vrai grand rôle au cinéma. Lou de Laâge est plutôt bonne, avec une réelle capacité à passer en un plan de l’être le plus charmant à celui le plus détestable. Mais je trouve que son rôle n’est pas forcément le plus compliqué à interpréter. Par contre, Joséphine Japy est ici une vraie révélation. Après quelques seconds rôles (dont celui de France Gall dans Cloclo), elle a ici une vraie occasion de prouver son talent et elle ne s’en prive pas, se plaçant comme la grande favorite pour la récompense de Meilleur Espoir Féminin lors de la prochaine cérémonie des César. Elle est en effet parfaite ici, toujours sur un fil, à la limite de la folie. C’est un vrai travail d’actrice qu’elle effectue et il faut la féliciter pour cela. Une grande partie du film repose sur ses seules épaules et elle réussit parfaitement à l’assumer. La grande révélation du film, c’est elle et on ne risque pas de l’oublier de sitôt. Pour le reste, c’est bien moins mémorable…



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Fiz 18.12.2014, 15:43

Assez d'accord avec toi. Oui, le point fort du film, ce sont les 2 actrices principales! Beaucoup de naturel et de justesse de ton dans leur jeu: Lou de Laage campe une manipulatrice absolument détestable, et d'accord avec ton avis pour dire que c'est surtout Joséphine Japy qui est époustouflante!
Je trouve que c'est un bon film psychologique sur le thème de la manipulation: l'emprise d'une lycéenne sur une autre. Une relation très malsaine s'instaure entre elles au fil du film.
Seule la fin abrupte me semble plutôt loupée, dommage... mais l'ensemble du film vaut largement le détour.


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