Toggle navigation
TimFaitSonCinema
De ses débuts en tant qu’assistant de Dior jusqu’au milieu des années 70, on suit le parcours du jeune Yves Saint Laurent, autant dans sa vie professionnelle de créateur de mode que dans celle personnelle, marquée par sa relation intense avec Pierre Bergé.
Verdict:
Malgré un joli travail de reconstitution et une performance de choix des deux acteurs principaux, dans des rôles finalement assez différents, Yves Saint Laurent est beaucoup trop illustratif et manque de vie pour convaincre.
Coup de coeur:

Pierre Niney

La date de sortie du film:

08.01.2014

Ce film est réalisé par

Jalil LESPERT

Ce film est tagué dans:

Biopic

Chargement...


 La Critique


La France est connue comme étant LE pays de la haute couture et, parmi les grands noms, s’il y en a bien un qui retient l’attention et qui est devenu mythique, c’est bien celui de Yves Saint Laurent. En effet, dan la deuxième moitié du Vingtième Siècle, il a été un ambassadeur du luxe à la française mais il a aussi révolutionné pas mal de choses dans la mode (ne me demandez pas quoi, c’est un milieu que je ne connais pas du tout et qui, en prime, ne m’intéresse aucunement). Sa mort, en 2008, avait soulevé une vaste émotion dans le pays, bien que moi, ça n’ait pas fondamentalement changé ma vie… Dans ces cas-là, le cinéma n’est jamais bien loin et maintenant que c’est très à la mode, les biopics sont rapidement dans les cartons… Et, à personnage exceptionnel, façon de faire qui ne l’est pas moins puisque ce n’est pas un film, mais bien deux qui sortent en 2014 sur le personnage (à croire que c’est un truc avec les légendes de la mode puisque Coco Chanel avait eu le même traitement). Le second (seulement intitulé Saint Laurent) est prévu pour octobre et sera réalisé par Bertrand Bonello (L’Apollonide – Souvenirs de la maison close) avec dans les rôles principaux Gaspard Ulliel et Jérémie Renier. Jalil Lespert, dont c’est le deuxième film après le pas désagréable, mais largement oubliable, Des vents contraires, a droit de réaliser ce que l’on peut qualifier de « film officiel ». On remarque cela de la façon la plus nette par la présence du logo de la firme sur l’affiche du film (un peu de publicité gratuite ne fait jamais de mal). L’accord de Pierre Bergé pour la réalisation de ce long métrage a aussi permis d’avoir accès aux collections et aux différents travaux du célèbre couturier. Mais, en même temps, on peut se demander si le fait que le compagnon de vie et de travail de Saint Laurent soit aussi investi dans le projet n’est pas le souci majeur de ce biopic

Le premier problème vient de la narration même. Le parti pris est de raconter vingt ans de la vie d’Yves Saint Laurent et Pierre Bergé (les vingt « premières » de création). En un peu plus d’une heure et demie, c’est nécessairement un souhait qui s’avère très compliqué à mettre en œuvre. Alors, forcément, ça tourne à la suite d’épisodes plus ou moins anecdotiques : la vie personnelle et la vie professionnelle se mélangent et on voit autant des discussions entre les protagonistes (parfois vraiment inintéressantes) que des défilés, sans qu’il n’y ait vraiment une hiérarchie bien définie. D’ailleurs, si le film s’évertue à montrer l’homme au travail (on le voit souvent dessiner par exemple, ou trouver ses inspirations), il n’arrive jamais à véritablement saisir ce qui a fait la spécificité et le succès de ses colletions. C’est tout de même montré rapidement, à travers l’exemple de la collection Mondrian mais ça n’interroge jamais véritablement les évolutions apportées, la modernité de son œuvre et l’impact que ça a pu avoir sur la société. A la fin», comme si le film avouait son impuissance à nous le montrer lui-même, un écriteau nous rappelle même que Yves Saint Laurent a « révolutionné la mode. C’est sans doute vrai mais ce n’est pas avec ce long métrage que l’on va comprendre pourquoi. Et c’est quand même un peu dommage. Vies professionnelle et personnelle étaient en lien mais à force de vouloir tout montrer, on ne montre au final plus grand-chose. L’ensemble a donc un côté assez clipesque, ce qui fait que l’on ne s’ennuie jamais vraiment (tout s’enchaîne plutôt rapidement) mais que, en même temps, on n’a pas l’impression de découvrir véritablement la vie d’Yves Saint Laurent, sinon par quelques aspects bien choisis (nous y reviendrons) et globalement un peu trop épars.

Au moins ne pourra-t-on pas reprocher à ce long métrage de ne pas avoir de fil directeur, mais le souci est que celui-ci est plus un problème qu’une solution. En effet, c’est Pierre Bergé lui-même qui, par l’intermédiaire d’une voix-off, raconte la vie de son compagnon et fait donc au mieux le lien entre les épisodes. Au-delà du fait que ce qu’il raconte est la plupart du temps assez creux, cela pose vraiment la question de l’ « indépendance » du projet dans son ensemble. Puisque Pierre Bergé l’a accepté et y a même contribué, on peut se demander si le portrait des deux hommes est bien ce qu’il « devrait » être. Et cela sur deux plans différents. D’abord par rapport à Yves Saint Laurent lui-même, dont les tourments sont montrés mais finalement expédiés aussi vite que possible, par manque de temps, sans doute, mais peut-être aussi parce que ce n’était pas vraiment souhaité de dévoiler une partie moins connue et moins glorieuse de son existence. Mais c’est surtout la place Pierre Bergé qui est à interroger, car si l’on y réfléchit bien, le long métrage lui est peut-être plus consacré qu’à celui qui devrait en être le personnage central. Il est clairement le pivot de la carrière d’Yves Saint Laurent et son rôle est vu comme extrêmement bénéfique : il le sauve, le remet en selle et lui permet d’exprimer au mieux sa fibre artistique. Je ne veux pas rentrer dans les querelles de spécialistes, mais ce n’est pas forcément l’avis de tous et, pour certains, Bergé a été bien plus néfaste qu’autre chose pour le couturier. Si ce n’est pas forcément la question qui m’intéresse le plus personnellement, il n’en reste pas moins qu’elle est essentielle dans l’optique du film dans sa globalité. Le fond est donc globalement assez discutable, et même creux, mais qu’en est-il de la forme ?

Jalil Lespert livre un ensemble extrêmement propre, avec un vrai soin apporté aux décors et aux costumes. Il n’y a pas de remarques à faire sur le côté purement reconstitution du film qui nous plonge vraiment dans l’ambiance des Trente Glorieuses, vues à travers le prisme d’un milieu très aisé et un peu « hors du monde ». Il en est de même pour la photographie, qui bénéficie d’un sacré travail avec un passage progressif vers quelque chose de plus en plus coloré alors que le long métrage commence dans des teintes qui ressemblent presque à du noir et blanc avant de s’ouvrir à une plus large palette de couleurs. Mais, à force d’être à ce point travaillé, on peut se demander si Yves Saint Laurent ne finit pas par être un peu désincarné. C’est très propre, parfois extrêmement élégant mais ça manque de beaucoup de vie. Finalement, le seul réel intérêt du long métrage repose dans l’interprétation des deux acteurs principaux qui sont véritablement habités par leurs rôles respectifs. Il y a d’abord Guillaume Gallienne dans le rôle pas évident de Pierre Bergé, mentor, protecteur et compagnon d’Yves Saint Laurent. Il est par moments vraiment émouvant et, en tout cas, toujours très juste. Mais le plus impressionnant est sans doute le jeu de Pierre Niney, qui donne à son personnage un côté fragile et bouleversant par moments. On sent un travail immense pour adopter la voix, les attitudes et les façons de faire de celui qu’il incarne vraiment. Il prouve qu’il est capable de jouer sur à peu près tous les registres et qu’il fait bien partie des très grands talents à suivre dans les prochaines années. Dans tous les cas, malgré ces performances, Yves Saint Laurent ne m’a pas vraiment convaincu et ne m’a pas donné envie de m’intéresser davantage à la mode (en même temps, il aurait fallu vraiment que ce soit exceptionnel, et encore)… Mais je me demande surtout si ce film a satisfait les vrais amateurs de mode. Et je n’en suis pas vraiment persuadé…


Avatar Gravatar

Fiz 20.01.2014, 22:32

Exceptionnellement, je trouve ta note assez sévère... surtout que tu situes un film moyen à 13 (selon ton bilan de 2013). Perso, malgré les défauts que tu soulignes à juste titre, il y a quand même un grand plaisir à voir 2 acteurs formidables! On retrouve une certaine qualité française dans l'interprétation (excellente) qui place le film au dessus d'un film moyen à mon avis. Situant un film moyen à 11 ou 12 pour ma part, je donnerai à ce film la note de 13.


 Rédiger Un Commentaire