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TimFaitSonCinema
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AMERICAN BLUFF

Irving Rosenfeld est un escroc qui, avec une complice de charme, réussit à berner beaucoup de clients. Mais un jour, c’est l’agent du FBI DiMaso qui les piège et les oblige à coopérer pour piéger des hommes politiques corrompus. Commence alors un vaste jeu de dupes…
Verdict:

Porté par des performances d’acteurs assez incroyables, American Bluff, qui pêche un peu du côté du scénario et du rythme, réussit quand même à emmener le spectateur même si ce n’est pas le film génial que son statut de grand favori aux Oscars nous laissait présager.

Coup de coeur:

Jennifer Lawrence

La date de sortie du film:

05.02.2014

Ce film est réalisé par

David O. RUSSELL

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

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 La Critique


Depuis 2010 et son retour au cinéma avec la sortie de Fighter, David O. Russell est un peu le réalisateur qu’il faut pour les acteurs afin de gagner des statuettes en tout genre. En effet, avec Fighter et Happiness Therapy, ce ne sont pas moins de sept nominations (pour trois victoires) qui sont revenues aux comédiens, et je parle ici uniquement des Oscars. On se souvient notamment de la prestation hallucinante de Christian Bale dans le premier ou encore le jeu plein de sensibilité de Jennifer Lawrence dans le second. Mais ces deux films, si différents, n’étaient pas des réussites seulement pour leur performance d’acteurs. Fighter était un drame familial intense sur fond de boxe, qui m’avait vraiment marqué à l’époque. J’avais été un peu plus déçu par Happiness Therapy, qui, en fait, m’avait frustré car j’avais toujours l’impression que ce long métrage pouvait être mieux que ce qu’il était, même si ça restait plus que correct. Pour son nouveau film, le réalisateur américain réunit ensemble les acteurs majeurs de ses deux précédents films, ce qui donne un casting assez incroyable (Christian Bale, Amy Adams, Bradley Cooper et Jennifer Lawrence) auquel est rajouté Jeremy Renner. Et, fait assez exceptionnel, les quatre premiers acteurs cités sont nominés chacun dans l’une des catégories (acteur/actrice principal ou second rôle), ce qui prouve encore une fois que les films de David O. Russell sont aujourd’hui ce qui se fait de mieux pour séduire l’Académie. En plus, là, c’est dans un film d’époque (au début des années 70) et qui fait référence à un certain âge d’or du cinéma hollywoodien. En somme, il possède presque tout pour que les Oscars tombent sous le charme. D’ailleurs, le Golden Globe de la meilleure comédie ne lui a pas échappé et il se place comme l’un des trois grands favoris pour la récompense suprême (avec 12 years a slave et Gravity). Mais, par rapport aux deux longs métrages précédents de Russell, je trouve qu’American Bluff repose trop sur la performance de ses acteurs et ne va pas beaucoup plus loin, bien que ça reste quand même pas si mal.

L’entrée en matière est plus qu’amusante puisqu’un carton nous indique que certains des faits que l’on verra dans le film sont vrais. Je ne sais pas si c’est une façon de se moquer de l’impayable « Inspiré de faits réels » qui précède aujourd’hui presque la moitié des films que l’on va voir, mais, en tout cas, c’est la première manifestation du fait que l’on est toujours entre fiction et réalité, entre mensonge et vérité. En un mot, c’est le grand bluff. Et d’ailleurs, American Bluff est un long métrage très difficile à classer. En effet, c’est en même temps une vraie comédie, marquée par des passages extrêmement drôles et presque burlesques, mais aussi un film d’époque et un thriller. Tout cela est complètement mélangé et donne au film un aspect parfois assez étrange, presque comme si David O. Russell lui-même ne savait pas vraiment quoi faire avec cette histoire qui part un peu dans tous les sens. Lui décide en tout cas de privilégier la parole plus que l’action avec de très nombreux dialogues et une présence importante de la voix-off. Personnellement, je trouve le parti-pris un peu dommageable puisque cela plombe en grande partie le rythme de l’ensemble qui est finalement très (trop) bavard. Il y a ainsi quelques longueurs avec des séquences qui s’étirent parfois de manière trop artificielle et pas forcément utile. C’est surtout vrai dans une partie introductive très poussive et qui ne met pas forcément dans les meilleures conditions. La suite est un peu mieux, notamment grâce à l’apparition du personnage absolument dingue de Rosalyne, la femme complètement névrosée d’Irving. Elle redonne vraiment du souffle au film et c’est elle qui ouvre le plus vers le côté très amusant car c’est un vrai personnage de comédie, excessif et même complètement barré (il suffit de la voir faire le ménage et on a compris…). C’est aussi grâce à (ou à cause) d’elle que la plupart des aventures ont lieu car sa façon de se comporter complique toujours les plans discutés en amont.

Mais pour ce qui est du vrai comique, il n’y a pas besoin d’attendre beaucoup puisque la première scène est à elle seule un vrai sommet de grotesque. Mais, pendant tout le film, on alterne les très bonnes séquences et les autres un peu moins réussies. C’est parfois assez brillant, parce que David O. Russell sait manifestement filmer, mais il manque en fait une continuité. C’est comme si le film n’était pas vraiment tenu et qu’il s’éparpillait parfois dans des directions qui ne sont pas forcément souhaitées au départ. C’est pourquoi American Bluff a du mal à vraiment séduire. On se laisse emporter, parce que c’est quand même pas si mal mais ce n’est jamais assez transcendant pour nous impressionner. Pour ce qui est de l’aspect purement film d’époque, c’est très réussi avec un vrai soin apporté aux décors et, surtout, aux costumes qui sont absolument géniaux. Chacun des personnages a un look pas possible entre les costumes improbables de Christian Bale et les robes affriolantes d’Amy Adams. La musique est aussi tout à fait dans le ton, faisant presque parfois tourner le film au juke-box puisqu’on reconnaît tout le temps de vrais classiques de ces années-là. Et puis, le metteur en scène confirme qu’il est un formidable directeur de comédiens puisque tous sont très bons ici, avec une mention toute particulière pour Jennifer Lawrence, encore excellente. C’est elle qui joue Rosalyne et elle rend très bien tous les aspects de ce personnage excessif en tout. Elle s’impose véritablement aujourd’hui comme la grande star hollywoodienne en devenir, celle qui pourrait bien marquer sa génération. Il est juste dommage que toutes ces bonnes performances d’acteurs ne soient pas forcément au service d’un film qui les exploite mieux que cela. En résumé, ce n’est pas si bluffant que ça pourrait en avoir l’air sur le papier. David O. Russell n’a donc pas toute à fait réussi son coup.




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