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TimFaitSonCinema
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ALL IS LOST

Alors qu’il se trouve en plein milieu de l’Océan Indien, seul sur son voilier, un homme voit son embarcation heurtée par un container. Les dégâts sont très importants et c’est la vie de cet homme qui s’en trouve menacée. Réussira-t-il à s’en sortir ou tout est-il vraiment perdu ?
Verdict:
Porté par un grand Robert Redford, ce survival marque par sa force et par la sensation d’avoir été vraiment secoué qu’il laisse après la projection. Il manque peut-être un tout petit quelque chose pour en faire un immense film mais ça reste assez impressionnant.
Coup de coeur:

Robert Redford

La date de sortie du film:

11.12.2013

Ce film est réalisé par

J.C. CHANDOR

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


En 2011 (2012 chez nous), J.C. Chandor avait fait une entrée impressionnante à Hollywood en réalisant Margin Call qu’il avait en plus lui-même écrit (lui valant une nomination à l’Oscar du meilleur scénario original). Bien que je n’aie pas trouvé le film exceptionnel, on pouvait sans peine reconnaître à ce jeune réalisateur un vrai talent pour mener son histoire et diriger un casting de haute volée. Dans ces cas-là, le souci se trouve souvent dans le deuxième long métrage et notamment dans la manière de se renouveler. J.C. Chandor, lui, adopte la solution de changer radicalement de genre puisque des bureaux surpeuplés et frénétiques d’une banque de Wall Street, il passe au dénuement le plus complet d’un homme seul sur son voilier, en plein cœur de l’Océan Indien. Presque sans aucune parole prononcée, son film pourrait s’apparenter à un simple concept. C’est tout de même un peu le cas et, dans son genre, ce long métrage fait penser à quelques films récents, que l’on peut appeler de vrais survival, comme Seul au monde (un homme seul sur une île), 127 heures (un homme est bloqué dans un canyon) ou, bien évidemment, Gravity (une femme se retrouve seule dans l’espace), voire même à L’odyssée de Pi, qui, dans un genre un peu différent et plus « fantastique », nous contait l’histoire d’un jeune homme seul (ou presque) dans une embarcation au milieu de l’eau. Cela donne de multiples points de comparaison car, à chaque fois, on retrouve le même schéma d’un seul humain contre un environnement où tout se ligue contre lui. Mais je crois qu’il faut prendre All is lost dans sa singularité et ne pas chercher à voir le rapport qu’il peut avoir à tous ces longs métrages. Car c’est un film qui a sa propre originalité et qui réussit à marquer le spectateur par sa force et ce qu’il s’en dégage.

Ce qui est assez formidable dans ce film, c’est cette manière qu’a le réalisateur de s’en tenir à son programme initial. Le film s’ouvre (après quelques propos d’ouverture en voix-off) sur le moment même où le voilier est touché par le container. On ne voit absolument rien précédemment sur qui est cet homme (on ne connaît pas son nom et il n’est jamais fait référence à des proches, sauf dans l’ouverture, justement), le pourquoi de son voyage et les circonstances générales de son expédition. Et c’est très intéressant car, justement, cet homme qui, en plus, parlera très peu (quelques jurons) devient presque une figure de l’humanité toute entière qui, dans n’importe quelle situation, peut se battre pour sa survie. Et tout ce qui arrive à cet homme, autant d’étapes qui le mènent vers une existence de plus en plus précaire et dangereuse, montre vraiment la force, le courage mais aussi l’ingéniosité que l’humain peut déployer si besoin. Ce qui marque vraiment dans la réaction de cet homme, qui se sent de plus en plus condamné, c’est son extrême dignité, comme s’il savait que, face à la nature, il ne peut pas grand-chose, mais aussi la manière dont il trouve toujours une solution face à un problème donné. En ce sens, All is lost donne vraiment foi en l’humain tout entier, représenté par cet homme. Mais, d’une certaine manière, on peut se demander si ce marin qui est filmé, ce n’est pas Robert Redford lui-même, de sorte que le film s’apparente à un vrai-faux documentaire. Il est en tout cas la véritable pierre angulaire du film, de presque tous les plans et on ne voit que lui pendant presque deux heures. On suit son évolution, notamment dans sa peau qui se tanne peu à peu et sa résistance physique qui s’amenuise. L’interprète est absolument génial, jouant notamment parfaitement sur le mélange entre espoir et désespoir qui l’habite. Redford prouve qu’un très bon acteur peut faire passer beaucoup plus de choses avec son visage qu’avec des mots.

On pourrait croire que passer presque deux heures sur une embarcation avec un vieil homme, c’est particulièrement long mais, en fait, pas du tout. Cela tient d’abord à cette notion d’étapes déjà évoquée. Dans cette expédition, il y a plusieurs graduations dans les événements et certains sont plus marquants que d’autres (des tempêtes notamment). Cela donne une alternance de moments de pure action et de très grande intensité et d’autres, beaucoup plus calmes mais qui sont aussi très forts et dramatiques pour ce qu’ils montrent sur la nature profonde de cet homme. La fin, elle, n’est pas forcément le meilleur moment même si elle peut se lire de plusieurs manières et que J.C. Chandor a le mérite de ne pas tenir par la main son spectateur et de le laisser plutôt trouver une réponse par lui-même. De fait, on ne s’ennuie jamais même s’il manque un petit quelque chose, assez difficile à définir, pour que l’on accroche complètement à ce long métrage. C’est peut-être un peu plus d’émotion qui fait défaut car si on ne peut avoir que de l’intérêt pour ce personnage, l’empathie n’est pas non plus complètement présente. Cela vient aussi du fait que, personnellement, la mer n’est pas mon univers et que je m’y connais pas du tout en voile et même en marine en général. Néanmoins, il m’a semblé qu’il y avait quelques incongruités et des choses pas forcément logiques à certains moments du film mais, au fond, un peu comme pour Gravity, ce n’est pas ce qui est le plus important. Dans sa réalisation, J.C. Chandor fait preuve d’une grande efficacité et montre vraiment qu’il sait filmer à la fois les pures scènes d’action (l’orage est terrible et particulièrement immersif) mais aussi accompagner avec délicatesse un homme qui se sait en danger. Enfin, l’usage de la musique est vraiment intéressant car si la partition de Alex Ebert (qui est en fait le chanteur du groupe Edward Sharpe and the Magnetic Zeros) n’a rien de vraiment marquant, c’est parce qu’elle a son importance sans être omniprésente ou encombrante comme ça peut l’être dans ce genre de films où on se dit que beaucoup de musique va permettre de faire passer le temps. Tout cela combiné fait de All is lost un long métrage qu’il ne faut pas hésiter à aller voir, sauf si la solitude ou la mer font vraiment très peur…



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