L'Article
Après les César vendredi soir, c’était au tour du cinéma américain de donner ses récompenses en cette nuit de dimanche à lundi. Et alors que du côté français, les surprises ont tout de même été nombreuses et le palmarès globalement assez inattendu, c’est tout le contraire qui s’est passé aux Etats-Unis. Il faut dire que les Oscars sont le point d’orgue d’une saison de récompense qui dure presque trois mois. A la fin, en recoupant toutes les informations, on sait de manière presque sûre de qui sera gagnant ou non. A la marge, il peut bien sûr y avoir quelques surprises mais ce n’est pas vraiment le cas.
Personnellement je n’ai rien vu d’une cérémonie qui aura été marquée principalement par un selfie de la présentatrice Ellen DeGeneres, qui a battu le record historique de retweetage, autant dire tout ce qui peut m’énerver… Le plus important, ce sont tout de même les récompenses, dont il y a un peu à dire mais pas grand-chose non plus tant la plupart étaient attendues :
- 12 years a slave vainqueur de l’Oscar du meilleur film, cela semble assez logique. C’est en tout cas un long métrage qui convient parfaitement aux votants : un drame, une histoire vraie, un côté politique. Et, honnêtement, c’est quand même très fort bien que cinématographiquement sans doute un peu trop classique.
- Alfonso Cuarón comme meilleur réalisateur est aussi tout à fait normal puisqu’il livre avec Gravity une vraie expérience de cinéma, unique et parfois totalement insensée. Il a mené un travail complètement fou et mérite sa récompense.
- Matthew McConaughey est tout simplement légendaire dans Dallas Buyers Club. Sa transformation physique impressionnante est surtout au service du changement de psychologie très important du personnage qu’il interprète. Cet Oscar vient aussi récompenser une évolution artistique de celui qui, il y a encore cinq ou six ans, n’était considéré que comme un beau gosse uniquement abonné aux comédies romantiques à deux sous. Face à lui, dans le rôle d’un transsexuel atteint de la maladie Jared Leto crève aussi l’écran et repart logiquement avec sa statuette comme meilleur second rôle. C’est encore raté pour DiCaprio, pourtant énorme dans Le loup de Wall Street et qui doit se dire qu’il n’y arrivera décidément jamais…
- Cate Blanchett mérite elle aussi complètement son premier Oscar pour un premier rôle dans Blue Jasmine. Emouvante, forte, faible, insupportable : elle est tout cela à la fois et réussit parfaitement à rendre toutes les facettes de ce personnage bien plus complexe qu’il y paraît. Pour la meilleure actrice dans un second rôle, c’est sans doute là où le suspense était le plus important mais c’est finalement Lupita Nyong’o qui a raflé la mise pour 12 years a slave. J’ai personnellement adoré Jennifer Lawrence dans le film qui repart bredouille de cette cérémonie (American Bluff).
- Je n’ai pas encore pu voir Her et ce n’est pas l’envie qui m’en manque, surtout que le scénario original a été primé, alors que l’on pouvait justement penser que c’était une bonne occasion de récompenser American Bluff. Pour l’adaptation, Le loup de Wall Street avait aussi ses chances mais c’est bien 12 years a slave qui a remporté la statuette.
- Meilleurs Décors et Costumes pour Gatsby le Magnifique, cela semble assez logique, tout comme Meilleurs Maquillages et coiffures pour Dallas Buyers Club. Le reste des oscars techniques (photographie, montage, montage de son, mixage de son, effets visuels) a été remporté par Gravity, de même que l’Oscar de la meilleure musique (il faudra que je me repenche dessus).
- Walt Disney fait un retour en force en remportant en propre (et non par l’intermédiaire de sa filiale Pixar) son premier Oscar du meilleur film d’animation (créé en 2002). Il faut dire que La Reine des Neiges est ce qu’ils ont fait de mieux depuis longtemps. L’entêtante chanson Let It Go a aussi remporté son Oscar, ce qui doit ajouter à la fierté du studio de Mickey !
- La Grande Bellezza a fini sa moisson de prix lors de cette saison de récompense en offrant à l’Italie un nouvel Oscar du Meilleur film en langue étrangère.
Dans l’ensemble, c’est un palmarès assez logique et plutôt consensuel. Aucun vainqueur ne fera vraiment polémique comme ça avait pu être le cas auparavant. Les films indépendants ont plutôt été à l’honneur cette année, ce qui n’est pas une mauvaise chose car cela montre bien la diversité du cinéma américain.
LE PALMARÈS COMPLET
MEILLEUR FILM
12 years a slave (Brad Pitt, Dede Gardner, Jeremy Kleiner, Steve McQueen et Anthony Katagas)
MEILLEUR RÉALISATEUR
Alfonso Cuarón (Gravity)
MEILLEUR ACTEUR
Matthew McConaughey (Dallas Buyers Club)
MEILLEURE ACTRICE
Cate Blanchett (Blue Jasmine)
MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE
Jared Leto (Dallas Buyers Club)
MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE
Lupita Nyong’o (12 years a slave)
MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL
Her (Spike Jonze)
MEILLEUR SCÉNARIO ADAPTÉ
Twelve Years a Slave (John Ridley)
MEILLEURS DÉCORS
Gatsby le Magnifique (Catherine Martin et Beverley Dunn)
MEILLEURS COSTUMES
Gatsby le Magnifique (Catherine Martin)
MEILLEURS MAQUILLAGES ET COIFFURES
Dallas Buyers Club (Adruitha Lee et Robin Mathews)
MEILLEURE PHOTOGRAPHIE
Gravity (Emmanuel Lubezki)
MEILLEUR MONTAGE
Gravity (Alfonso Cuarón et Mark Sanger)
MEILLEUR MONTAGE DE SON
Gravity (Glenn Freemantle)
MEILLEUR MIXAGE DE SON
Gravity (Skip Lievsay, Niv Adiri, Christopher Benstead et Chris Munro)
MEILLEURS EFFETS VISUELS
Gravity (Tim Webber, Chris Lawrence, Dave Shirk et Neil Corbould)
MEILLEURE CHANSON ORIGINALE
Let It Go dans La Reine des Neiges (Paroles et musiques : Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez)
MEILLEURE MUSIQUE DE FILM
Gravity (Steven Price)
MEILLEUR FILM EN LANGUE ÉTRANGÈRE
La Grande Bellezza (Paolo Sorrentino)
MEILLEUR FILM D’ANIMATION
La Reine des Neiges (Walt Disney)