Toggle navigation
TimFaitSonCinema
Nick Carraway revient sur sa vie qui l’a vu se rendre à New York pour travailler. Il a emménagé dans la maison voisine de celle de Gatsby, un homme mystérieux connu pour le faste des soirées qu’il donne. Mais ce dernier cache aussi ses parts d’ombre et ses doutes.
Verdict:
Baz Luhrmann en fait une nouvelle fois des tonnes pour adapter le roman de Fitzgerald. C’est souvent assez terrible et rarement réjouissant. En étant plus sobre dans la réalisation, il était vraiment possible de faire mieux et d’utiliser davantage les comédiens et leurs qualités…
Coup de coeur:

La bande originale

La date de sortie du film:

15.05.2013

Ce film est réalisé par

Baz LUHRMANN

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux 3D

Chargement...


 La Critique


Baz Luhrmann n’est pas connu comme étant le réalisateur le plus sobre de ces dernières années, c’est le moins que l’on puisse dire. Personnellement, je l’ai connu avec Romeo + Juliet, avec lequel j’ai toujours eu beaucoup de mal. Moulin Rouge a un côté flamboyant assumé pas désagréable mais ce n’est pas non plus ma tasse de thé, loin de là. Enfin, le dernier film que j’avais vu de lui (et le seul au cinéma) était son précédent, Australia, une grande fresque amoureuse dans l’Australie du milieu du vingtième siècle. Là encore, c’est plutôt le qualificatif de grandiloquent qui convient le mieux pour décrire ce long-métrage… Vous l’aurez compris, le réalisateur australien n’est pas le spécialiste des drames intimistes. Ainsi, quand j’ai appris qu’il s’attelait à une (nouvelle) adaptation de Gatsby le Magnifique, je me suis dit qu’il pouvait y avoir de sacrées étincelles. En effet, même si je n’ai jamais lu ce livre (je vais arrêter de dire ça avant chaque film tiré d’un roman car je passe pour un inculte…), je savais à peu près de quoi il en retournait. Cet ouvrage donne une vision du plein cœur des Années folles aux Etats-Unis, et son cortège d’excès en tous genres alors que les mœurs se font de plus en plus libres. Mais en même temps, c’est fondamentalement l’histoire d’un amour compliqué et se rapproche en cela de tous les précédents films de Luhrmann qui, s’il change d’époque et décors, raconte au fond toujours un peu la même chose. Et alors, en s’inscrivant dans le New York des années 20, le metteur en scène réussit-il à nous offrir une vraie belle histoire d’amour ? Pour moi, c’est encore en grande partie raté et ce Gatsby le Magnifique, malgré quelques passages étonnants, ressemble plus à une pièce montée kitsch et surchargée qu’à un gâteau simple et efficace.

Si Gatsby le Magnifique est une nouvelle fois adapté au cinéma (pour la troisième fois au moins), c’est aussi parce que c’est une histoire qui est à mettre en rapport direct avec la société actuelle. C’est en tout cas de cette manière que l’on peut lire la façon de faire de Baz Luhrmann et c’est en ce sens pas inintéressant. En effet, l’époque à laquelle se passe cette histoire n’est pas sans rappeler à certains égards le début des années 2000, avant la crise économique de 2007-2008. Le scénario insiste ici beaucoup sur le côté complètement fou de la finance, sur les inégalités qui se creusent entre les habitants (comme le montre ce quartier déshérité et sombre entre les lieux de vie et le centre économique) ou sur l’importance toujours plus grande donnée au paraître. Les similitudes sont ainsi nombreuses et ce film dit pas mal d’une forme de folie ou d’hystérie collective qui a pu se développer et conduire finalement à une catastrophe économique. Tout ce qui constitue le background de l’histoire d’amour principale du film est ainsi à relier directement à notre époque. Cela est encore plus renforcé par la musique du film, qui fait des ponts entre ces deux périodes historiques, ce qui n’est pas un hasard. Car s’il y a bien un aspect vraiment étonnant dans ce long-métrage, c’est la bande originale, produite par Jay-Z en personne (soit le musicien sans doute le plus influent au monde aujourd’hui). Elle mélange de façon assez folle Lana del Rey et Beyoncé, Rihanna et Amy Winehouse ou encore The XX avec une chanson de U2 reprise par Jack White. Certaines chansons de l’époque sont aussi remixées à la sauce moderne. L’ensemble donne donc un mélange assez détonnant qui s’inscrit plutôt bien dans le film, notamment lors des fêtes, en leur donnant encore plus un aspect presque intemporel. Cela permet donc, comme nous avons déjà pu le dire, le rapprochement entre cette époque et notre monde actuel. D’ailleurs dans cette musique, je me demande s’il n’y a pas une référence au Manhattan de Woody Allen car, lors d’un feu d’artifice, j’ai cru entendre la même musique que celle qui accompagne le début du film d’Allen (plans de New York conclus par un feu d’artifice). Il faudrait vérifier mais j’en suis quasiment sûr.

Comme attendu, Baz Luhrmann ne fait pas dans la demi-mesure et cela à différents niveaux. Un exemple tout simple : le fait que l’on est dans une adaptation littéraire (mais aussi que c’est l’un des personnages qui raconte son histoire en écrivant) est montré par une sorte de surimpression des lettres sur l’image à certains moments. Le genre d’effets qui fait rarement de l’effet… De toute manière, dans l’ensemble, tout est amplifié et exagéré. Quand Nick rentre dans une salle, il n’y a pas un rideau qui vole au vent mais bien une dizaine. De même, ce n’est pas un majordome qui sort de la pièce mais bien trois ou quatre en même temps. Tout cela fait penser à une sorte d’opéra où il faut absolument « rentabiliser » les nombreux décors que l’on a fabriqués. Dans cette exagération perpétuelle, ce qui est le plus marquant est sans doute la vision des fêtes organisées par Gatsby dans sa splendide demeure. C’est un point plutôt central de l’histoire et Baz Luhrmann y accorde visiblement beaucoup d’importance. Ainsi, ce sont toutes ces séquences qui apparaissent comme les sommets du film. Et, là, clairement, le réalisateur ne fait pas les choses à moitié : c’est clinquant, kitsch, ça part dans tous les sens… Il y a quelques plans assez impressionnants et de belles trouvailles visuelles mais elles sont un peu perdues au milieu de quelque chose qui est plus à rapprocher d’un certain fatras, qui tire même parfois vers le particulièrement moche. La 3D utilisée ici n’est pas sans intérêt car elle permet, en plus d’offrir une vraie profondeur et quelques effets pas mal du tout, de déréaliser encore un peu plus toutes ces séquences en leur donnant un aspect encore plus graphique à rapprocher des films d’animation.

Malgré une réalisation vraiment marquée par l’absence de demi-mesure, il n’en reste pas moins qu’un petit côté émouvant naît de cette histoire d’amour contrariée. On aurait envie que cela aille plus loin par moments. Mais il faudrait pour cela aller vers une vision plus épurée de celle-ci et ne pas tout faire pour la « cacher » derrière une réalisation comme celle-ci. Dans ce déluge de décors, de costumes et de prises de vue improbables, il y a tout de même des acteurs et des actrices qui essaient un peu d’émerger. Ce qui est drôle, c’est que tout le marketing a été fait autour de Leonardo DiCaprio (qui est Gatsby) mais c’est bien le personnage joué par Tobey Maguire qui est le personnage central de cette histoire et celui que l’on voit le plus. J’apprécie plutôt cet acteur et je trouve qu’il s’en sort pas mal ici. Pour ce qui est de DiCaprio, il est plutôt bon même s’il en fait lui-aussi un peu trop lors de certaines scènes. La vraie déception vient de mon côté de Carey Mulligan, dont le potentiel est, à mon avis, complètement sous-exploité dans le film. Elle avait prouvé lors de longs métrages précédents (Une éducation ou Shame) qu’elle avait une vraie sensibilité et un côté fragile qui pouvaient être mis en avant et ce personnage de Daisy n’en est, dans l’absolu, pas dénué. Mais le scénario ainsi que la mise en scène en font un personnage beaucoup moins intéressant et finalement assez plat. L’actrice a visiblement du mal à bien s’y retrouver dans un univers qui la met peu en valeur. C’est un peu dommageable mais cela confirme que l’aspect particulièrement clinquant de la réalisation de Baz Luhrmann ne laisse malheureusement que peu de place à ses personnages. Ici, il y avait pourtant vraiment quelque chose à en tirer. Mais on ne refait pas comme cela un réalisateur. A l’avenir, je pense que je risque de passer mon tour…


Avatar Gravatar

Fab 26.06.2013, 12:25

Que d'alcool du début à la fin.


 Rédiger Un Commentaire