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TimFaitSonCinema
15 / 20  (1)

BLUE JASMINE

Parce qu’elle a dû quitter son mari financier pris pour escroquerie, Jasmine se retrouve à devoir fuir sa vie mondaine d’avant pour se retrouver chez sa sœur, dans un petit appartement, et ne sachant même pas ce qu’elle va pouvoir faire de sa vie…
Verdict:
Un Woody Allen à la fois enlevé et assez sombre. C’est plutôt mieux que ce qu’il a pu nous faire dernièrement même si ça peine à réellement m’émerveiller. Cate Blanchett, elle, est absolument grandiose.
Coup de coeur:

Cate Blanchett

La date de sortie du film:

25.09.2013

Ce film est réalisé par

Woody ALLEN

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Et voici donc le Woody Allen annuel. Devenu depuis presque cinquante ans une institution comme peut l’être le Beaujolais nouveau ou le dossier sur les Francs-Maçons dans les hebdomadaires, cet évènement cinématographique s’est vraiment installé dans le paysage et n’est même plus attendu tant que cela. On sait bien qu’il finira bien par sortir un jour dans l’année, c’est un fait. Pourtant, en 2013, quelque chose semble un peu différent. D’abord parce que Blue Jasmine marque une rupture dans le « trip » européen effectué par le réalisateur depuis sept ans et débuté avec Match Point. Le mauvais Whatever Works (filmé à New York) était tellement mineur que l’on peut presque le considérer un peu à part dans sa filmographie… Allen avait tourné de Londres à Rome, en passant par Barcelone et Paris. Avant de retourner dans le sud de la France pour son nouveau long métrage, il livre un vrai film basé dans son pays, entre New York et San Francisco. Car Blue Jasmine est un film « double » qui met toujours en parallèle la vie actuelle de Jasmine (à San Francisco, chez sa sœur) et sa vie d’avant (à New York, avec son mari). Les deux s’imbriquent de façon assez intelligente et, en tout cas, plutôt naturelle (même si certains liens sont un peu tirés par les cheveux). Mais ce qui est assez drôle, c’est la manière dont Woody Allen semble avoir du mal à se détacher de l’Europe et de son influence tant de nombreux dialogues font référence à ce continent (à travers des voyages effectués par exemple) et si on allait même plus loin, on pourrait dire que la séquence d’ouverture dans un avion (qui, pour le coup, vient probablement de New York) est une façon pour le metteur en scène de montrer qu’il se pose véritablement pour ce film, avant de repartir pour de nouvelles aventures. De fait, Blue Jasmine est son meilleur long-métrage depuis longtemps, sans doute Match Point.

En mettant fin à son tour d’Europe, Woody Allen arrête aussi les comédies un peu dramatiques sur les bords (ou pas) uniquement basées sur la question de l’amour et ses contrariétés. To Rome with Love étant le symbole le plus parlant de cela mais aussi un raté assez monumental, comme si Allen était totalement en panne d’inspiration. Blue Jasmine marque le retour au drame, toujours teinté d’un peu d’humour et d’un regard décalé, forcément, mais, là, c’est quand même beaucoup plus sombre. En fait, ce film, plus que véritablement sombre, est surtout extrêmement cruel : il montre la descente aux enfers d’une femme qui avait tout mais qui vivait, sans doute, dans un monde artificiel, alors qu’elle ne voulait pas voir la réalité en face. En se permettant de revenir de façon plutôt importante sur toute cette période, le scénario montre en fait tout ce que Jasmine a perdu (une qualité de vie, bien sûr, mais aussi des relations et une place dans une certaine société) et qu’elle cherche à retrouver, bien que ce soit très compliqué pour elle et qu’elle ne soit pas prête à « tout » sacrifier. Ainsi, elle se cherche elle-même alors qu’elle se trouve dans un choc des cultures quand elle arrive chez sa sœur (d’ailleurs, c’est peut-être montré de manière un peu trop caricaturale). C’est bien là que le film est particulièrement terrible car, malgré tous ses efforts (qui ne sont pas toujours énormes tant elle reste marquée par sa vie d’avant), elle n’arrive pas à s’en sortir et a toujours un souci qui finit par la bloquer, tant dans sa vie professionnelle qu’amoureuse. Même sa relation avec sa sœur ne s’améliore pas vraiment. Il faut dire qu’elle passe son temps à lui casser du sucre sur le dos… Bref, la descente aux enfers de Jasmine est complète.

Et tout cela permet à Woody Allen de jouer sur un registre plutôt absent de ses précédents films, qui étaient, eux, beaucoup plus légers : celui de l’émotion. En effet, ce personnage est réellement touchant et bien que parfois absolument insupportable, on ne peut s’empêcher d’avoir pour cette Jasmine une certaine empathie. Cela tient aussi dans la façon dont le film est écrit. Ne sombrant jamais dans une forme de misérabilisme, le scénario maintient toujours le personnage principal un peu la tête hors de l’eau et on a constamment l’impression qu’elle va pouvoir s’en sortir. Le fait que le film se déroule sur deux temporalités différentes lui permet aussi de garder un certain rythme. Le spectateur a donc toujours la sensation qu’il va se passer quelque chose (de positif) pour Jasmine. Le style visuel du metteur en scène est bien présent et on le reconnaît ici. On trouve une vraie volonté de ne pas faire trop d’effets. Ce qui compte, c’est une certaine efficacité et, surtout que l’image soit en lien avec tout ce qui se dit. Woody Allen conserve son talent pour les répliques et les séquences qui font mouche. Les dialogues sont souvent teintés d’un humour un peu grinçant, les situations un brin ubuesques et surtout, Allen garde cette immense capacité à planter les situations. Il suffit là d’un long monologue de Jasmine dans l’avion puis dans les couloirs de l’aéroport pour saisir le personnage et les enjeux principaux qu’elle va pouvoir drainer. C’est là tout le talent de Woody Allen, à la fois scénariste et réalisateur de ses longs-métrages.

Dans la pléiade d’acteurs et d’actrices qui auront joué pour Allen ces dernières années, et dont on aura oublié jusqu’à la présence, ici, une comédienne sort vraiment du lot. En effet, Cate Blanchett, actrice qui se fait suffisamment rare pour que sa présence soit vraiment remarquée, éclabousse le film par sa performance. Alors que, souvent, chez Woody Allen, le comédien doit passer derrière le texte et le rythme imposé, et a un peu du mal à faire véritablement exister son personnage, l’actrice australienne réussit justement à donner une vraie consistance à cette Jasmine mais aussi à faire passer une réelle émotion. Cette femme étant toujours sur un fil, tiraillée qu’elle est entre la déception d’avoir perdu sa vie d’avant et l’envie de se reconstruire, il fallait une comédienne capable de jouer un peu sur tous les registres, mais aussi de ne pas rendre ce personnage « odieux » et Cate Blanchett s’y emploie vraiment très bien en jouant sur la sensibilité de cette femme. A côté d’elle, Sally Hawkins fait plutôt bien le travail en sœur beaucoup plus simple mais à la fois envieuse de la vie de Jasmine. Tous les autres seconds rôles sont correctement tenus sans faire d’éclat. Blue Jasmine, s’il est sans souci l’un des meilleurs Woody Allen de ces dernières années, ne peut pas non plus être considéré comme un grand film. On passe un bon moment, c’est sûr, mais il manque trop de choses pour en faire un vrai long métrage de qualité. Mais, honnêtement, pour du Woody Allen, on est plutôt dans le haut du panier. Et vu que j’avais commencé à perdre foi en ce réalisateur, c’est une bonne nouvelle ! Maintenant, la question est la suivante : faudra-t-il attendre sept ans pour le revoir à ce niveau ?


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mht 30.09.2013, 10:43

un film surprenant, noir et pessimiste qui laisse une étrange impression....pas du "vrai" Woody Allen, plus drôle et sarcastique et pas le meilleur non plus ni le pire d'ailleurs à mes yeux ! Le film est par ailleurs tellement bien interprété qu'on passe au final un bon moment de cinéma ! Mais on n'a pas rigolé, mais pas rigolé du tout !


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