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TimFaitSonCinema
Dans celle qu’on appelle « la ville éternelle », on suit le destin de plusieurs personnages, à la fois des Italiens et des Américains. Il est souvent question d’amour, sous différentes formes…
Verdict:
Plus qu’inutile, cette escapade romaine ne mérite pas de rester dans les mémoires bien longtemps. Sans idées, Woody Allen semble en roue libre dans un film où presque tout est surjoué.
Coup de coeur:

Le fait qu’il y ait la moitié du film en langue italienne

La date de sortie du film:

04.07.2012

Ce film est réalisé par

Woody ALLEN

Ce film est tagué dans:

Comédie

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 La Critique


Le nouveau Woody Allen, c’est devenu un concept dans le monde actuel du cinéma. À la régularité d’un coucou, il sort un film par an, qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente. Et moi, depuis Match Point (2005), avec la même régularité, je vais voir ses films, qu’il neige,… Pourtant, bien peu m’ont plu et aucun ne m’a enthousiasmé depuis qu’il vient filmer en Europe, en faisant escale dans chacune des capitales intéressantes du vieux continent (Londres, Barcelone, Paris et, donc, Rome). Cela pourrait presque s’apparenter à du tourisme cinématographique plus qu’à de véritables films. D’ailleurs, le long métrage que j’ai peut-être trouvé le plus réussi est justement celui où il s’appuie le moins sur cet aspect touristique (Vous allez rencontrer…) pour plus s’intéresser aux personnages à proprement parler. Mais, en même temps, depuis huit ans, la seule fois où il est « revenu » dans la ville où son cinéma a presque toujours pris place, ça a été une vraie catastrophe (Whatever works). Donc, c’est comme ça, le tour d’Europe continue et Rome ne pouvait être oublié dans ce « trip touristique » (avant, qui sait, Prague ou Budapest). Et, malheureusement, c’est peut-être l’étape de trop… De celle dont on se dit qu’on aurait largement pu l’éviter et passer directement à la suivante. C’est aussi le genre de films dont on ressort en pensant que sans idées directrices fortes, même un scénariste et un réalisateur de talent comme Woody Allen (il l’a assez prouvé) a du mal à s’en sortir honorablement.

Car le grand problème de To Rome with love est bien dans ce cruel manque d’imagination. Woody Allen fait s’enchainer de multiples histoires mais il n’y a aucun fil directeur, si ce n’est la question de l’amour (pas le point de vue le plus original du siècle, vous l’avouerez). Là où son film précédent (Minuit à Paris) avait comme point de départ une idée assez originale et plutôt drôle, To Rome with love n’a rien de tout cela. L’introduction est faite par un « vrai » romain, policier de son état, et qui dit tout voir depuis l’endroit où il fait la circulation. Partant de là, ça ne peut pas non plus casser des briques… C’est donc ensuite une succession de scènes autour de la problématique amoureuse avec des personnages à la fois italiens mais aussi américains. Il n’y a aucun rapport entre les différentes histoires et celle qui met en scène Roberto Begnini (un homme tout simple devient tout d’un coup une célébrité connue dans tout le pays, sans aucune raison) est même complètement en dehors de tout le reste du film. Les autres personnes sont impliquées dans des histoires d’amour plus ou moins compliquées, avec l’apparition d’individus perturbateurs comme les beaux-parents, une amie un peu névrosée et terriblement attirante ou un acteur « séduisant ».

Cette succession de scènes n’a souvent ni queue ni tête et c’est bien dommage. En plus, il y en a trop et le film aurait gagné à en choisir quelques unes et à plus les développer et ne pas les faire rester au simple rang de l’anecdote sans intérêt. Car il faut dire qu’il n’y a pas forcément de quoi faire un film de telles histoires qui sont pour la plupart ni très originales, ni très amusantes. Elles donnent l’occasion de dialogues à la fois humoristiques et théoriques, une des grandes spécialités de Woody Allen mais, là aussi, il se rate avec un nombre assez impressionnant de blagues qui tombent à plat et un petit côté parfois moralisateur qui est un peu énervant (notamment avec ce personnage joué par Alec Baldwin, sorte de « caution morale » de celui interprété par Jesse Eisenberg). Et puis le problème, c’est que, quand Woody Allen croit tenir un gag un peu plus drôle que la moyenne (bien que cette notion reste à discuter), il ne se gène pas pour le faire revenir trois ou quatre fois. C’est notamment le cas de toute cette histoire d’homme qui ne chante bien que sous la douche. La première fois qu’il arrive sur scène dans sa cabine de douche pour un concert, c’est plus ou moins drôle, mais je vous assure que la troisième fois, ce ne l’est plus du tout… Il y a aussi un grand nombre de clichés sur l’Italie et les Italiens ou encore sur Rome et les Romains. Et là où, dans Minuit à Paris, Woody Allen essayait d’évacuer l’aspect purement touristique par cette succession de clichés de la capitale française, il s’en donne plutôt à cœur joie ici, sans aucune retenue, en faisant passer ses personnages devant tous les bâtiments et endroits célèbres. Ca en devient au bout d’un moment un peu risible…

Enfin, pour « parfaire » le tout, du côté des acteurs, il n’y a pas non plus grand-chose à sauver. Roberto Begnini a été embauché pour « faire du Roberto Begnini » (à ce niveau-là, c’est un peu le Fabrice Lucchini italien). Donc il crie et il gesticule, comme n’importe qui pourrait s’attendre qu’il fasse. Penélope Cruz joue, elle, une prostituée, cause d’un quiproquo avec la famille d’un jeune marié. Ce genre de rôle qu’elle commence un peu à accumuler (voir dans Nine) ne rend aucunement mérite à son talent qu’elle a pu maintes fois démontrer (et notamment avec ce réalisateur dans Vicky Cristina Barcelona). Là, son rôle est si peu intéressant qu’elle se contente vraiment du service minimum. Seuls les jeunes Jesse Eisenberg et Ellen Page essaient de mettre un peu de folie dans le film mais leurs rôles respectifs ne sont pas vraiment assez poussés pour qu’ils puissent véritablement se donner à fond. Et c’est bien dommage… En somme, To Rome with love peut être considéré comme un film raté qui n’est sauvé en partie par le fait que Rome, sans doute ma ville préférée, est le cadre de tout le long-métrage et qu’une bonne partie du film se déroule en langue italienne. Car sinon, c’est une déception à presque tous les niveaux. Je me demande s’il n’est pas l’heure que Woody Allen se pose une bonne fois pour toutes et nous fasse enfin un vrai film auquel il consacrerait du temps tant dans l’écriture que dans la réalisation. On attend maintenant celui-ci depuis trop longtemps. Sinon, je vais peut-être arrêter d’aller par principe voir ses films. Car ça devient un peu lassant, à la longue… Mais, ça ne fait pas trois critiques que je dis ça ??



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