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TimFaitSonCinema
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PHILOMENA

Cinquante ans auparavant, Philomena, jeune irlandaise, a du accoucher dans un couvent d’où son fils a finalement été adopté. Alors qu’elle garde encore très vivace ce souvenir en elle et qu’elle le cherche encore, sa rencontre avec Martin Sixmith, journaliste un brin désabusé, va tout changer. Les deux vont partir réellement à sa recherche…
Verdict:
Philomena est un long métrage magnifiquement interprété, à la fois drôle et terrible, rythmé de façon très intéressante, et, surtout, qui dégage une très grande émotion. Le vrai coup de cœur de ce début d’année.
Coup de coeur:

Judi Dench

La date de sortie du film:

08.01.2014

Ce film est réalisé par

Stephen FREARS

Ce film est tagué dans:

Drame familial

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 La Critique


Sans doute l’un des réalisateurs anglais les plus connus et les plus appréciés à travers le monde, Stephen Frears est de retour cette année avec un film qui a fait se lever la Mostra de Venise en septembre dernier et qui pourrait bien, pourquoi pas, être l’une des surprises lors de la prochaine cérémonie des Oscars. Après Tamara Drewe, chronique douce-amère sur la middle-class rurale anglaise, et un film que j’avais raté car il ne me branchait pas trop (Lady Vegas : Les Mémoires d’une joueuse), le metteur en scène britannique a cette fois-ci été appelé pour réaliser ce nouveau film. Car oui, l’histoire de Philomena est assez incroyable. C’est Steve Coogan, acteur génial (notamment dans le biopic A very Englishman) qui a flashé sur cette histoire quand il l’a lu et qui a décidé de l’adapter pour le cinéma. Il est donc le vrai instigateur du projet et l’a porté, du scénario (qu’il a coécrit avec Jeff Pope) à la production. Et c’est donc lui qui est allé chercher Stephen Frears, tout de suite intéressé par cette histoire vraie à la fois extraordinaire mais qui est aussi d’une simplicité assez désarmante. Quand il l’écrivait, il pensait à Judi Dench pour interpréter le rôle-titre et elle aussi a très vite accepté. C’est finalement autour de ce trio que tout le film se construit car on voit très peu de personnages, mis à part ce couple assez improbable constitué d’un journaliste qui vient de perdre son emploi de directeur de la communication au gouvernement anglais, et une ancienne infirmière qui vit dans le souvenir de son fils « perdu » cinquante ans auparavant. Avec ce genre de pitch, on peut à peu près faire tout et, surtout, n’importe quoi. Mais Philomena est un grand film qui tire sa force à la fois d’un scénario parfaitement écrit et d’une interprétation incroyable, notamment de Judi Dench. Et ça finit par mettre une claque à laquelle on ne s’attendait pas forcément.

Au premier abord, Philomena se présente comme un film assez simple et ce qui est marquant, d’entrée, c’est la manière qu’a le scénario d’attaquer rapidement le cœur du sujet. En dix minutes, tous les enjeux principaux sont fixés : on sait qui est ce journaliste et ce qui peut le pousser à accepter ce travail ; on a appris à connaître la douloureuse histoire de Philomena. C’est d’une efficacité chirurgicale et c’est même surprenant car on se dit que, en allant si vite, le film risque ensuite de perdre en rythme en n’ayant plus grand-chose à dire. Mais, en fait, on est loin d’être au bout de ses surprises. Car, autant qu’un véritable drame, Philomena peut s’apparenter à une sorte de thriller ou, au moins, de film d’enquête puisque, lancés sur les traces du fils « perdu » de cette vieille dame, les rebondissements seront très nombreux, les surprises parfois assez étonnantes et cela fera finalement que l’ensemble du long métrage passe très vite. Ce sont toujours ces nouvelles découvertes qui permettent au film d’avancer mais, en même temps, on ne s’intéresse pas vraiment à la manière dont les recherches sont effectuées. Ça paraît même un peu simple et pas forcément très réaliste (un coup de fil, deux clics sur internet, et c’est trouvé). En fait, cela montre que ce n’est pas du tout à cela que le film prête attention, mais c’est bien l’impact que ces trouvailles auront sur Philomena (et donc aussi, par extension, sur Martin) qui importent dans ce long-métrage. Et c’est là que ce film est très fort : il sait parfaitement garder la distance avec des deux personnages pour ne pas que l’ensemble tombe dans la sensiblerie, ce qui était un écueil pourtant pas si facile que cela éviter avec ce sujet.

Ainsi, Philomena marque par son incroyable justesse, à la fois de ton mais aussi dans la mise en scène. La composition d’Alexandre Desplat n’est pas non plus étrangère à cette réussite, puisqu’il livre une musique de qualité et tout à fait dans l’esprit du film. En étant toujours sur le fil, le film réussit à ne jamais en tomber. Pourtant, Stephen Frears ne s’interdit pas l’émotion, loin de là, puisque toute la dernière partie, notamment, est très forte et m’a touché comme rarement ces derniers temps au cinéma. C’est poignant, parce que l’histoire est très forte mais aussi parce que la manière dont c’est amené et montré est très habile. D’ailleurs, dans l’ensemble, le scénario est vraiment intelligent puisqu’il mêle, parfois de façon très intime, le drame, évidemment, avec de vraies touches d’humour anglais (un peu à froid, comme je l’aime bien). Mais le film reste quand même assez grave, car il aborde toute une période où l’institution religieuse ne faisait pas forcément des choses bien avouable. On peut y voir une critique de ces agissements mais ça ne s’arrête pas là car on observe surtout la manière de réagir d’une femme face à ce qu’elle a pu subir, grâce notamment à sa foi et à une véritable bonté humaine. Et c’est là que le personnage de Philomena prend toute son ampleur. C’est une femme qui paraît à première vue très simple (il suffit de voir son résumé du roman qu’elle vient de lire) mais qui recèle en fait en elle une très grande profondeur humaine, qui va l’aider à surmonter toutes les épreuves. Cela est renforcé par le fait que, face à elle (puis avec elle), on trouve presque l’exact opposé en la personne de ce journaliste, symbole d’un monde plus intellectuel, qui vient d’être licencié et qui a une vision extrêmement cynique du monde dans lequel il vit. En ce sens, ce couple est totalement improbable mais c’est de leur rencontre, et de ce qu’ils peuvent s’apporter l’un à l’autre que la vraie beauté du film jaillit.

Etant donné qu’on ne voit presque qu’eux à l’écran pendant plus d’une heure et demie (même si j’exagère un peu car ils rencontrent d’autres personnes dans le cadre de leur enquête), il est indispensable que les deux acteurs principaux soient excellents pour qu’on s’intéresse vraiment aux personnages qu’ils interprètent. Steve Coogan est très bon, jouant à merveille le côté au départ assez blasé de ce journaliste qui, peu à peu, va de plus en plus prendre à cœur un travail qu’il avait considéré lorsqu’on lui avait exposé comme digne de peu d’intérêt. Il offre un vrai contrepoint à une Judi Dench absolument grandiose ici. En interprétant cette vieille femme à la fois pleine de vie mais terriblement marquée par ce qui lui est arrivé cinquante ans auparavant, elle offre une prestation de très très haut vol. Elle est drôle, émouvante et d’une dignité absolue. Je commence à comprendre pourquoi son nom revient souvent dans les discussions autour de l’Oscar de la meilleure actrice. Je pensais Cate Blanchett (dans Blue Jasmine) relativement à l’abri mais ce que démontre la Britannique dans ce film est à même de pas mal chambouler les pronostics. C’est d’ailleurs un peu le cas du film dans son ensemble qui, sans prétention aucune, livre à sa manière une vraie leçon. Avec une certaine économie de moyens et en se servant d’une histoire très bien racontée et interprétée, on peut faire un très beau long métrage, marquant à plus d’un titre. Quand on voit la débauche d’effets spéciaux et la surenchère qui va avec pour presque tous les blockbusters aujourd’hui, il y a vraiment de quoi se poser des questions. En tout cas, on ne peut que féliciter Stephen Frears, ainsi que Steve Coogan qui s’est beaucoup investi dans ce projet, pour le résultat final. C’est vraiment le genre de long métrage que l’on aimerait voir plus souvent, d’apparence simple mais qui se révèlent au fur et à mesure bien plus complexe, et, surtout, d’une grande force émotionnelle.


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mht 03.02.2014, 08:29

J'étais peu motivée pour voir ce film et c'est un des plus beaux que j'ai vus ces dernières années. J'ai vraiment A DO RE du début à la fin. Humour, retenue, émotion, grandeur d'âme, ....tout y est ! même un petit coup de griffe à l'Eglise .....mais c'est e bonne guerre ! Pour moi, ce film est un grand film, de l'ordre de Sous les ponts de Madison de Clint Eastwood....Je le conseille à qui peut le voir encore !


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