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TimFaitSonCinema
A la fin des années 50, Paul Raymond se lance dans l’ouverture d’un club privé. Il devient producteur de revues dansantes et éditeur d’un magazine pour adultes. Il deviendra l’homme le plus riche d’Angleterre au début des années 90. Mais sa vie personnelle n’est pas aussi idyllique.
Verdict:
Le personnage central est plus qu’intéressant mais le traitement qui en est fait par ce film est beaucoup trop brouillon pour que le spectateur puisse vraiment le saisir. C’est dommage car Steve Coogan prend un vrai plaisir à interpréter cet homme excentrique.
Coup de coeur:

Steve Coogan

La date de sortie du film:

19.06.2013

Ce film est réalisé par

Michael WINTERBOTTOM

Ce film est tagué dans:

Biopic

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 La Critique


Ah, ce bon vieux Michael Winterbottom et sa filmographie quelque peu étrange… En effet, c’est un réalisateur capable de passer de la comédie (Tournage dans un tournage anglais) à la tragédie (Trishna) en passant par le thriller psychologique (The killer inside me) ou encore le documentaire (The road to Guantanamo). On ne peut donc pas dire de lui qu’il reste enfermé dans un seul genre mais le problème, c’est que la qualité de ses longs-métrages est, elle aussi, plutôt erratique. Alors que The killer inside me était un film particulièrement dérangeant dans ce qu’il montrait mais formellement plutôt réussi, Trishna n’était rien d’autre qu’une catastrophe comme on en voit quelque fois (on espère toujours le moins possible), aussi creux dans son fond que raté sur la forme. Depuis ce gros ratage, il a mis en scène un téléfilm pour la télévision britannique et nous revient cette année une nouvelle fois avec un genre différent : celui du biopic. Et il s’intéresse ici à la vie d’un personnage que je ne connaissais pas mais qui est visiblement loin d’être un inconnu en Grande-Bretagne en la personne de Paul Raymond qui était, avant sa mort, l’un des hommes les plus riches du Royaume, si ce n’est tout simplement le plus fortuné. Mais ce qui a surtout fait la légende de ce personnage, c’est la manière dont lui, alors que son père a abandonné la famille quand il avait cinq ans, a réussi à amasser cette richesse : en devenant le roi des revues dansantes et des publications pour adultes. Il y avait vraiment là quelque chose à tirer d’un tel destin mais Winterbottom passe en grande partie à côté du film qu’il aurait dû réaliser, notamment du fait d’un aspect d’ensemble pas du tout assez tenu (à tous les sens du terme…).

Ce qu’on peut reconnaître à A very englishman, c’est de nous offrir un vraie plongée dans l’ambiance des années 60 et 70 et notamment celle des clubs et autres endroits plus ou moins louches. Au niveau des décors et des costumes, il y a un vrai travail de fait et on ne peut que le saluer. Même le générique du début est parfaitement dans ce ton. La réalisation nous sert même à certains moments des effets que l’on peut qualifier de vintage (l’écran divisé en quatre notamment). Bref, pour le côté back to the seventies, ce film est plutôt une réussite. Mais le souci, c’est que cela apparaît au bout d’un moment comme le seul vrai intérêt du film car le fond est beaucoup trop fouillis pour que l’on puisse réellement s’y intéresser. Le scénario se base donc sur la vie de Paul Raymond qui, visiblement était le genre d’homme à ne jamais vraiment s’arrêter. L’histoire nous livre à la fois la vie privée et la vie publique qui étaient intimement liées. Pour montrer ce côté frénétique, le film emploie un rythme qui l’est tout autant. A very englishman a visiblement comme projet de tout nous raconter sur cet homme mais cela dans un temps imparti de moins de deux heures. Sur le papier, ça s’annonce plutôt compliqué et, dans les faits, c’est malheureusement un peu indigeste.

A force d’aller vraiment beaucoup trop vite, en passant d’une situation à une autre, en enchaînant les évènements, le long métrage se perd beaucoup car il n’opère plus aucune hiérarchisation entre les passages qui sont réellement importants et d’autres qui relèvent plus de l’anecdote. Tout cela se mélange dans un joyeux fatras qui n’est pas sans rappeler, bien sûr, le côté complètement déjanté de la vie de ce Paul Raymond. La relation avec sa fille est par exemple très importante, on le sent bien, puisqu’il veut à la fois lui mettre le pied à l’étrier (en construisant un spectacle autour d’elle) mais aussi la protéger au mieux (en lui évitant l’échec). C’est bien sûr au cœur du film mais on souhaiterait en voir davantage que ce qui nous est montré et qui est bien trop maigre. Des personnages apparaissent et disparaissent presque aussitôt sans qu’on sache s’ils ont une vraie importance ou non. En fait, le tout manque d’un minimum de suivi et est dans l’ensemble bien trop brouillon pour que le spectateur puisse réellement s’y intéresser et se passionner. Le seul fil véritable est bien entendu la présence du personnage principal. Pour le jouer, Steve Coogan est particulièrement drôle et il prend manifestement un vrai plaisir à interpréter Paul Raymond. Parfois, ça ressemble presque à du cabotinage tant il en rajoute mais étant donné le personnage qu’il joue, on peut se dire qu’il n’est sans doute pas si loin que cela de la réalité. En tout cas, il porte sur ses épaules ce long métrage qui aurait mérité d’être plus maitrisé au niveau du scénario car la base est plutôt intéressante mais malheureusement gâchée par un aspect d’ensemble vraiment trop bordel-ique. .



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