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TimFaitSonCinema
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TYRANNOSAUR

Joseph a perdu sa femme il y a cinq ans. Depuis, il vit dans la banlieue de Glasgow et tente de réprimer toute la violence qu’il a en lui. Il croise alors le chemin d’Hannah, une femme très croyante, qui cache elle aussi bien des fêlures…
Verdict:
Un film intelligent et poignant, porté par l’interprétation des deux acteurs et surtout de Peter Mullan, vraiment incroyable.
Coup de coeur:

Peter Mullan

La date de sortie du film:

25.04.2012

Ce film est réalisé par

Paddy CONSIDINE

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Ces derniers temps, le cinéma britannique un peu « indépendant » nous offre des films très intéressants mais pas forcément reconnus à leur juste valeur. Plus que le maintenant célèbre et multi-récompensé Le Discours d’un Roi de Tom Hooper ou encore toute la filmographie du plus célèbre Ken Loach, il semble y avoir une sorte de renouvellement d’un cinéma pas toujours très florissant. Steve McQueen (Hunger, Shame) en est l’une des figures actuelles, peut-être plus radicale. Mais d’autres long-métrages comme Boy A ou encore dernièrement Perfect Sense montraient une capacité à s’emparer de sujets simples ou originaux et d’en faire de bons films, sans qu’ils ne fassent trop de bruit lors de leur sortie en France. Tyrannosaur m’a tout de suite semblé s’inscrire dans cette lignée. C’est en effet le premier film d’un acteur (plutôt de seconds rôles) d’une quarantaine d’années. Il s’empare d’un sujet qui semble assez simple au départ (globalement, c’est le thème de la rédemption qui est traité ici) et parvient à signer un film puissant et plutôt réussi.

Un homme s’énerve seul, visiblement bien éméché, et finit par tabasser à mort son propre chien. Il rentre chez lui, dans les faubourgs de Glasgow et enterre le pauvre animal. L’entrée en matière du film a le mérite d’être claire et nette. Cet homme, c’est Joseph, dont on apprend peu à peu au cours du film l’histoire intime, qui nous permet de « comprendre », ou au moins d’accepter, la colère et la violence qui l’animent. Quand il rencontre Hannah, qui semble au premier abord l’exact opposé de lui-même (elle s’occupe d’un magasin de charité, est très croyante et vit dans les beaux quartiers), c’est un choc. Mais chacun des personnages a ses fêlures et ces deux personnages cabossés par la vie vont apprendre à se découvrir alors que les choses deviennent de plus en plus compliquées pour eux. Il y a là quelque chose de très intéressant car, peu à peu, on va découvrir que celui qui a besoin de l’autre n’est pas forcément celui que l’on croit d’emblée. Cette évolution – sorte de renversement des rôles – est montrée avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité. C’est là que se situe en grande partie la force de ce film. La fin, elle, est plus décevante et apparaît un peu trop « formatée avec une ellipse d’un an un peu brutale et la lecture en voix-off d’une lettre de Joseph à Hannah. Cela permet de refermer le film de façon efficace bien qu’un peu trop sèche à mon goût.

Au niveau de la réalisation, on peut forcément voir une filiation avec le cinéma social anglais, celui de Ken Loach notamment, dans cette façon de montrer la misère, plus sociale et affective que véritablement matérielle. Tout le film se déroule par exemple dans une couleur sombre et même sale, les scènes dans les pubs sont nombreuses et la vie n’est globalement pas très joyeuse. Il y a aussi cette façon parfois un peu artificielle de rajouter des problèmes aux problèmes : Joseph voit son meilleur ami mourir du cancer, se dispute avec le copain de sa voisine au sujet d’un chien (encore)… Parfois, ça ne fait pas forcément naturel mais, dans le film, cela permet aussi de montrer les évolutions du personnage. Le réalisateur arrive parfaitement à montrer cette sorte de frontière qui existe entre l’espoir d’une vie nouvelle et le rappel toujours présent de l’ancienne existence, et cela avec une grande pudeur. Il y a aussi des rappels assez intelligents qui nous permettent de voir comment chaque personnage change. C’est le cas notamment de cette séquence où il marche pour rentrer chez lui dans la nuit et on ne voit qu’une ombre. Plus tard dans le film, quand il sera avec Hannah, ce seront deux ombres… Patty Considine a donc pour lui une vraie sensibilité. Il ne révolutionne pas les codes mais les utilise de façon intelligente et, pour un premier film, on peut considérer cela comme une réussite.

Le réalisateur a enfin la chance de travailler avec deux acteurs assez formidables. Olivia Colman, que je ne connaissais pas, est vraiment formidable, dans cette façon qu’elle a de montrer comment cette femme garde en elle tous les sentiments pour na pas révéler ses douleurs intimes. Mais ce film est surtout l’occasion de confirmer le talent incroyable de Peter Mullan. Cet acteur, peu connu en France, alterne entre films à petit budget anglais et seconds rôles dans des grosses productions hollywoodiennes. Dans Tyrannosaur, il est tout simplement incroyable, donnant une véritable humanité à son personnage. Il tient le film sur ses épaules puisqu’on le voit presque tout le temps mais il ne faiblit jamais et certaines séquences, silencieuses, sont vraiment fascinantes dans la façon dont il fait tout passer par son regard et ses expressions du visage. Cet acteur gagne vraiment à être connu chez nous car il est vraiment extraordinaire et donne une vraie force à ce film. Rien que pour son interprétation, vous pouvez aller voir Tyrannosaur.



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