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TimFaitSonCinema
Juin 1940, alors que la France se rend, un petit village de la campagne voit arriver une garnison allemande. Lucile, qui vit recluse avec sa belle-mère en attendant des nouvelles de son mari, va rapidement être attirée par le lieutenant qui loge chez eux, malgré tout ce que cela implique…
Verdict:

Saul Dibb signe avec Suite française un film la plupart du temps désespérant. S’il se raccroche à la forme pour sauver les apparences, sa vision caricaturale et poussiéreuse de cette période et de ceux qui ont pu la vivre finit par réduire tout intérêt pour une histoire d’amour qui, en elle-même, n’a rien d’extraordinaire. Une débâcle, une vraie…

Coup de coeur:

La reconstitution de cette époque

La date de sortie du film:

01.04.2015

Ce film est réalisé par

Saul DIBB

Ce film est tagué dans:

Drame historique Drame amoureux

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 La Critique


Il était plus que logique que le Suite française d’Irène Némirovsky soit adapté pour le grand écran. Pourquoi ? D’abord parce que c’est un best-seller à travers le monde et, surtout, ce roman a une histoire assez dingue puisque s’il a été écrit dans les années 40, il n’a été publié qu’en 2004, recevant d’ailleurs à l’occasion le Prix Renaudot. Et c’est d’ailleurs le seul attribué à une personne décédée. Car, effectivement, Irène Némirovsky est morte en 1942, en déportation, sans avoir jamais pu finir d’écrire son livre. Ce n’est que bien plus tard que l’une de ses filles est retombée sur ce qu’elle croyait être un journal intime, avant de découvrir une vraie œuvre littéraire à part entière, qui sera donc publiée sous la forme d’un seul roman alors que, dans les faits, il s’agissait d’une suite de différents récits dont elle n’aura pu écrire que les deux premiers. Le tout se passant évidemment pendant la Seconde Guerre Mondiale, qui reste un sujet particulièrement prisé au cinéma, tant les angles par lesquels on peut le traiter sont presque infinis. Autant dire qu’il y avait là tout ce qu’il faut pour faire un film. Très tôt, les droits ont été achetés et c’est le britannique  Saul Dibb qui s’est vu propulsé aux commandes (adaptation et réalisation) d’une production assez internationale (franco-belgo-britannique, en fait), tournée en anglais, avec une actrice principale américaine (Michelle Williams), un acteur belge qui s’est très tôt exporté (Matthias Schoenaerts), la plus franco-britannique des comédiennes (Kristin Scott Thomas), une tripotée de jeunes comédiens en devenir et même Lambert Wilson. Personnellement, je suis toujours sceptique devant les longs métrages qui se déroulent en France et qui sont tournés en langue anglaise, d’autant plus quand on le voit en voix française et que ça devient assez ridicule. Mais si c’était le seul reproche à faire à ce film, alors on s’en sortirait bien…

 

En effet, autant le dire tout de suite, pour éviter tout malentendu, ce Suite française est une vraie catastrophe, du début à la fin. Et, franchement, il n’y a pas grand-chose à en sauver. Je n’ai pas lu le livre dont c’est tiré donc j’ai du mal à me faire une réelle idée sur le travail d’adaptation mais le scénario est en tout cas vraiment désastreux. Il y a d’abord cette voix-off beaucoup trop présente (tous les quarts d’heure, on a droit à un petit couplet du personnage principal). C’est une façon de faire qui m’agace mais elle prouve surtout l’impuissance qu’a ce film pour montrer ce qu’il souhaite vraiment et, les images et les dialogues ne suffisant pas, on se rabat sur la solution de facilité. D’ailleurs, on finit par se demander ce que cherche vraiment à montrer Suite française et, franchement, la réponse n’est pas facile à donner tant on a l’impression que Saul Dibb est perdu entre une histoire d’amour d’un côté et la volonté de la contextualiser à tout prix, les deux pris individuellement n’ayant finalement que peu d’intérêt. En effet, la rencontre entre Lucile et ce lieutenant allemand est tout ce qu’il y a de plus classique et toutes les étapes « habituelles » de ces histoires de cœur impossibles se déroulent sous nos yeux. Ce qui les fait se rejoindre véritablement, c’est la musique (lui est compositeur à ses heures perdues), ce qui donne l’occasion de grandes envolées au son du piano (et d’un morceau d’Alexandre Desplat qu’on a connu bien plus inspiré). Et, je ne sais pas si ça tient au jeu des deux acteurs –pas foncièrement mauvais mais loin d’être extraordinaires –, à tout ce qui se passe autour, ou au côté franchement « mécanique » de cette histoire d’amour, mais, honnêtement, elle m’a laissé complètement indifférent et ne m’a jamais procuré la moindre émotion. Ce qui est quand même sacrément ballot quand c’est une grande partie de l’objet du long métrage… Et pourtant, je suis loin d’être un mauvais client pour ce genre de films !

 

Mais là où Suite française devient franchement bien plus problématique, c’est dans la façon dont il dépeint cette période trouble où se déroule l’histoire. On a la sensation que le scénario veut tellement s’appuyer dessus qu’il nous montre tout ce que peut impliquer cette guerre, comme une sorte de cours accéléré à destination d’un public pas très connaisseur. Et pour cela, rien de tel que de nous servir une galerie de personnages secondaires qui n’ont, dans l’absolu, aucun intérêt (ou presque) par rapport à l’histoire principale mais qui, chacun, permettent de montrer une facette de ce conflit : le résistant héroïque, la femme très très rigide mais qui va devenir gentille (Kristin Scott Thomas, pas loin d’être ridicule), le maire qui essaie de collaborer (Lambert Wilson qui semble complètement perdu), celle qui couche avec l’ennemi, celle qui refuse de coucher avec l’ennemi, celle qui est juive et qui se cache, le lieutenant allemand sympathique mais soumis aux ordres, le lieutenant méchant (et petit, et fourbe, en plus),… Je vais arrêter là car, franchement, c’est un enchainement assez incroyable de tous les clichés que l’on peut imaginer sur cette période. C’en est même désolant que, soixante-dix ans plus tard, un scénario ne puisse pas faire un peu la part des choses et se sente obligé d’enchaîner tant de poncifs. Heureusement, c’est formellement plutôt pas mal avec une réalisation certes très classique mais qui a le mérite de ne pas être si désagréable sauf quand le metteur en scène veut trop en faire et qu’il se laisse emporter et un vrai soin est apporté à tout le côté reconstitution. Mais on a surtout le sentiment que Saul Dibb se raccroche à cet aspect car le reste ne suit vraiment pas. Malheureusement, ça n’a jamais suffi à faire un long métrage. Là, l’ensemble est bien trop fade et sans intérêt, au point que ça en devient physiquement agaçant vers la fin du film. On est même heureux quand ça se finit, c’est pour dire… 




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