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TimFaitSonCinema
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INVINCIBLE

Louis Zamperini a un destin totalement hors-normes. En effet, il a participé aux Jeux Olympiques de 1936 avant de faire un crash en avion pendant la Seconde Guerre Mondiale et de devoir survivre sur un canot pendant quarante-sept jours. Jusqu’à être « recueilli » par la marine japonaise et d’être envoyé en camp de prisonniers. C’est cette histoire que le film nous raconte.
Verdict:

Passé un premier quart d’heure convaincant, Invincible pèche bien plus par la suite avec une mise en scène extrêmement académique, au service d’un scénario pas très bien construit et parfois bien trop manichéen pour que l’émotion soit vraiment au rendez-vous. Angelina Jolie réussit sans mention son examen de passage à Hollywood…

Coup de coeur:

La première séquence

La date de sortie du film:

07.01.2015

Ce film est réalisé par

Angelina JOLIE

Ce film est tagué dans:

Drame historique Film de guerre Biopic

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 La Critique


Angelina Jolie essaie de faire les choses vraiment bien pour asseoir sa crédibilité de réalisatrice. En effet, celle que l’on connaît surtout comme actrice a visiblement décidé de changer peu à peu de casquette afin d’être en capacité de raconter à sa façon les histoires qui lui tiennent à cœur. Et elle avait débuté de façon presque anonyme il y a huit ans maintenant avec un documentaire (A place in time), avant de poursuivre avec un long métrage sur la guerre en Yougoslavie (Au pays du sang et du miel), avec une équipe technique assez peu expérimentée et un budget loin d’être énorme (10 millions de dollars, quand même). Ce fut énorme échec commercial aux Etats-Unis (moins de 300 000 dollars de recette) mais ça lui avait permis de montrer ce qu’elle savait faire mais aussi qu’elle n’avait pas peur de se frotter à des sujets compliqués. Pour son deuxième film de fiction, elle s’attaque à une histoire a priori bien plus porteuse sur le territoire américain puisqu’elle nous raconte l’histoire de Louis Zamperini (mort il y a moins d’un an), qui, en plus d’avoir été son voisin pendant pas mal d’années, est un personnage dont l’histoire est tout simplement extraordinaire et qui incarne bien certaines valeurs de l’Amérique comme le courage, le patriotisme,… Et pour mettre à bien un projet qui trainait depuis presque cinquante ans dans les cartons de différents studios hollywoodiens,  Angelina Jolie s’est cette fois-ci entourée de pointures hollywoodiennes, que ce soit au scénario – les frères Coen en collaboration avec Richard LaGravenese (Sur la route de Madison, entre autres)) et William Nicholson (Gladiator) –, à la photographie – Roger Deakins (les films des frères Coen, Les noces rebelles ou Skyfall, dernièrement) – ou encore pour la musique avec Alexandre Desplat que l’on n’a plus besoin de présenter. Alors, à destin exceptionnel et équipe technique de luxe, film exceptionnel ? Malheureusement, l’équation n’est pas aussi simple et Invincible est plutôt un film décevant.

 

Pourtant, ça commence plutôt bien avec une longue séquence de combat aérien. On est vraiment au cœur d’un bombardier, avec tout son équipage d’une dizaine de personnes. Les différents plans s’enchaînent très bien et le rendu global est vraiment de qualité. Ça dure environ un quart d’heure (jusqu’à un atterrissage d’urgence tendu) mais on est réellement surpris par l’efficacité de la réalisation et la beauté globale de l’image. Le problème, c’est que, à partir de là, les choses vont peu à peu se dégrader, tant dans le scénario que dans une mise en scène de plus en plus académique. Le problème principal de ce film, c’est qu’il est beaucoup trop manichéen et c’est assez étrange, quand on connaît les frères Coen, de savoir qu’ils ont pu participer à un tel scénario. En effet, il y a très peu de nuances avec des Américains très gentils et courageux et des Japonais très méchants et fourbes. Ainsi, la confrontation entre Louis et le gardien en chef de son camp est particulièrement éloquente, le tout étant cristallisé dans une scène qui se veut le point d’orgue de toute cette histoire. Alors, oui, Zamperini est un héros, qui mérite énormément de louanges par rapport à tout ce qui a pu lui arriver à cette période, et, surtout, la façon dont il y a fait face mais, en même temps, Invincible ne s’interroge jamais sur le personnage qu’il est et cette façon de le mettre autant sur un piédestal le fait presque sortir de sa condition d’humain pour un faire un être à part, presque un Dieu. Et, en plus, le long métrage s’interrompt juste après la guerre, là où il y avait justement la possibilité de pousser un peu plus loin en montrant le chemin que Zamperini a dû prendre pour passer outre ses souvenirs et pardonner à ses bourreaux, avant de finir par porter la flamme olympique au Japon (pour les JO de Nagano en 1998), symbole ultime d’une vie fascinante.

 

En fait, ce qui est dingue, et qui fait sans doute que Invincible a du mal à réellement se « tenir », c’est qu’il y a dans ce destin de quoi faire trois ou quatre films différents alors que, ici, le pari est de tout faire tenir en un, ce qui oblige à des raccourcis parfois un peu malheureux. Le premier aspect, peut-être le moins intéressant (et c’est d’ailleurs traité rapidement dans le film, avec seulement quelques flash-backs pas toujours bien placés), serait celui sur le destin d’un jeune immigré italien qui se construira seul une carrière de coureur à pied qui l’emmène jusqu’aux Jeux Olympiques. Le deuxième film serait celui de la période de la guerre où, membre d’équipage d’un bombardier, il a accompli de nombreuses missions avant de devoir survivre avec deux collègues sur un radeau suite à un accident. Cet aspect est plutôt pas mal traité même si le côté survival manque un peu d’ampleur. Enfin, et c’est ce qui tient le plus de place dans Invincible, le passage dans un camp de prisonniers de Louis, où il a tenté de survivre malgré les humiliations et les violences en tout genre qu’on lui fait vivre. Le souci, c’est que cela prend bien une très grosse moitié du long métrage alors que c’est assez répétitif et que, à la longue, ça perd de sa force et de son intérêt dramatique. D’ailleurs, l’ensemble manque clairement d’émotion alors que, justement, une telle histoire aurait pu (voire dû) pousser le spectateur dans ses derniers retranchements. Cela vient peut-être d’une réalisation que l’on peut qualifier de propre mais d’extrêmement académique, avec aucune surprise mais plutôt un enchaînement de séquences convenues. Clairement, Angelina Jolie ne prend pas beaucoup de risques et préfère s’inscrire dans les pas des réalisateurs classiques, de sorte que son film manque de beaucoup de personnalité et de chair. La musique, elle, ne fait rien pour atténuer cette impression que l’on veut faire d’Invincible un « tire-larmes à Oscars ». Ce n’est pas déshonorant mais, franchement, Zamperini et son destin hors normes méritaient sans doute mieux…




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