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TimFaitSonCinema
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GONE GIRL

Alors qu’il fête le cinquième anniversaire de mariage avec sa femme, Nick Dunne se rend compte qu’elle a disparu dans des circonstances apparemment violentes. Il le signale à la police et, très vite, l’affaire va s’emballer, notamment parce que Nick n’a pas forcément le comportement approprié et que l’image du couple modèle s’effrite peu à peu. Mais a-t-il pour autant vraiment tué sa femme ?
Verdict:

Autant qu’un thriller par moments assez implacable, Gone Girl est surtout un long métrage sur le mariage et devient alors une sorte de drame conjugal assez terrible dans ce qu’il montre de la possible évolution d’un couple. Peut-être pas aussi puissant que les films précédents de Fincher même si ça reste quand même du cinéma solide.

Coup de coeur:

Rosamund Pike

La date de sortie du film:

08.10.2014

Ce film est réalisé par

David FINCHER

Ce film est tagué dans:

Thriller

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 La Critique


A un peu plus de cinquante ans, David Fincher est bien l’un des réalisateurs américains les plus importants aujourd’hui. Depuis plus de vingt ans, celui qui s’était fait auparavant connaître pour son travail sur des clips a sorti neuf longs métrages qui sont autant de films qui ont fait parler d’eux (souvent en bien).Personnellement, je me suis vraiment intéressé à ce metteur en scène à partir de Zodiac, formidable réussite autour d’une enquête mythique. Ensuite, L’étrange histoire de Benjamin Button ou The social network avaient démontré la capacité de Fincher à réussir dans des genres très différents et avec des projets a priori pas évidents à mener à bout. Après sa propre adaptation de Millénium, qui marquait un retour au thriller, ce qui semble tout de même être son genre préféré, il a même franchi le pas du petit écran en réalisant les deux premiers épisodes de la saison initiale de House of Cards, preuve qu’il est toujours à la recherche de nouveautés. Le voilà donc de retour au cinéma, pour le plus grand plaisir de tout le monde et, cette fois-ci, c’est pour un long métrage qui ressemble étrangement à un film de commande de la part d’un studio ayant obtenu rapidement les droits d’adaptation du roman. Lui souhaite depuis pas mal de temps réaliser un Vingt mille lieux sous les mers en 3D mais, devant la complexité du projet, a déjà repoussé plusieurs fois cette idée. L’adaptation pour le grand écran d’un livre – Les apparences en français – qui est un vrai best-seller aux Etats Unis, semblait donc à même de le faire patienter. Et c’est d’ailleurs l’écrivain elle-même (Gillian Flynn) qui s’est occupée du scénario, laissant à David Fincher tout le soin de le mettre en scène. Et, honnêtement, quand on a écrit une histoire et qu’on sait que c’est lui qui la mettra en image, on doit être plutôt rassuré. De fait, Gone Girl est, malgré sa durée (presque deux heures et demie), un film assez prenant. Néanmoins, j’ai du mal à en être complètement convaincu.

 

La première scène du film nous plonge d’entrée de jeu dans une ambiance assez étrange, qui, d’ailleurs, ne nous quittera plus jusqu’au bout. En effet, on voit la tête d’Amy, filmée presque comme si c’était dans un rêve très heureux, en ayant, en même temps, une voix-off, celle de son mari, Nick, racontant comment il aimerait « fendre ce crâne » pour comprendre ce qui se passe à l’intérieur. Décalage très net entre l’image et le son, premier d’une longue série qui fait de Gone Girl un long métrage devant lequel il n’est jamais simple de se positionner et qui laisse au final le spectateur assez mal à l’aise. Car, assez vite, on comprend que le véritable objet du film est bien le mariage, qui est au cœur de l’intrigue. Et, de fait, Gone Girl est autant un thriller (une femme a disparu, quand même) qu’un drame conjugal qui nous permet d’explorer toutes les facettes d’un couple a priori parfait. D’ailleurs, toute la première demi-heure du film nous montre tous les aspects qui font de Nick et Amy des amoureux exceptionnels mais, peu à peu, au fil des contrariétés, l’harmonie n’est plus exactement là et le couple se fissure. On découvre cela au fil du film, à travers le point de vue des deux personnages, dans une construction qui devient au fur et à mesure un peu trop automatique et mécanique (flashbacks et voix-off sont toujours présents), même si la deuxième partie du long métrage qui multiplie les points de vue permet en partie d’éviter l’écueil de la répétition. Les personnages découvrent alors leurs failles, leurs perversités et leur côté vraiment malsain (voire retors), à tel point que les deux deviennent assez antipathiques aux yeux du spectateur. Entre cet homme qui n’arrive pas à montrer de l’empathie pour le sort de sa femme et qui cache finalement pas mal de secrets, même à sa sœur jumelle, et cette femme qui « joue » avec lui et les enquêteurs, on ne sait plus vraiment de quel côté se placer.

 

Ainsi, Gone Girl apparaît presque comme une anti comédie romantique qui commence bien avant de (très) mal se finir et la toute fin (et l’une des dernières répliques) est assez terrible sur le mariage, institution qui, tout au long du film, en prend quand même sacrément pour son grade. D’ailleurs, Fincher prend visiblement un malin plaisir à dézinguer à tout va car là où le long métrage est peut-être le plus intéressant, c’est dans la manière dont il critique à la fois les médias (toujours à la recherche d’un scoop et de sensationnalisme) et le système judiciaire (où peu importe si l’on est coupable, l’important est de ne pas avoir l’air coupable aux yeux d’un public qui devient presque spectateur de ce qui s’apparente à un grand show télévisé). C’est peut-être parfois un peu caricatural (il faut voir cette présentatrice blonde) mais ça a le mérite de montrer des choses et de poser de vraies questions sur la société américaine d’aujourd’hui. Et, finalement, l’enquête sur la disparition en elle-même est un peu reléguée au second plan derrière tous ces thèmes et, par exemple, le personnage de l’enquêtrice est un peu effacé alors qu’il pourrait être développé davantage. Ce qui intéresse clairement le scénario, c’est plutôt ce que l’enquête permet de révéler sur chacun des personnages et sur cette société en général. Pour mettre cela en images, David Fincher fait preuve de sa légendaire efficacité, aidé aussi par une nouvelle bande originale assez géniale de Trent Reznor et Atticus Ross. J’ai tout de même trouvé la mise en scène moins impressionnante que parfois avec lui et quelques séquences manquent de rythme et d’un peu plus de maîtrise. Du côté du casting, je reste toujours aussi dubitatif avec le Ben Affleck acteur qui, pour moi, manque singulièrement de charisme même s’il joue ici rien d’autre qu’un vrai américain moyen. Sinon, on est heureux de voir que Rosamund Pike, éternel second-rôle, obtient (enfin) une partition qui lui permet de montrer qu’elle tient largement la route. En femme fatale (à tous les points de vue), elle est peut-être même la vraie révélation d’un long métrage pas exceptionnel mais quand même intéressant à plus d’un titre.



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Hervé 02.11.2014, 19:54

D'accord avec toi, un film assez prenant malgré ses multiples invraisemblances et son trait caricatural. L'atmosphère devient de plus en plus tendue, David Fincher réussit à faire grandir un malaise au fil du film.
Et quel portrait extrêmement noir du mariage, des médias et surtout des femmes: manipulatrices et vicieuses! C'est hard.


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