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TimFaitSonCinema
Ariane est seule pour son anniversaire. Alors que les livreurs de fleurs se succèdent, elle décide de sortir pour redécouvrir sa ville de Marseille. Elle est alors prise dans une succession d’aventures et elle va rencontrer une joyeuse bande dont elle va, à sa manière, modifier l’existence.
Verdict:

Annoncer que l’on fait une « fantaisie » autorise-t-il à faire à peu près n’importe quoi ? Guédiguian a en tout cas répondu par l’affirmative tant son Au fil d’Ariane ne ressemble pas à grand-chose. Quelques séquences un peu plus réussies et une Ariane Ascaride parfois touchante ne parviennent pas à sauver un film dans l’ensemble raté.

Coup de coeur:

Ariane Ascaride (mais pas toujours)

La date de sortie du film:

18.06.2014

Ce film est réalisé par

Robert GUEDIGUIAN

Ce film est tagué dans:

Comédie

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 La Critique


Robert Guédiguian s’est vraiment imposé au fil des années comme un réalisateur qui compte dans le paysage cinématographique français. Et cela vient surtout d’une sorte de marque qu’il a peu à peu imposée. En effet, mises à part quelques escapades géographiques (Le voyage en Arménie sur le pays de ses ancêtres) ou historiques (Le promeneur du Champ de Mars qui raconte les derniers temps de François Mitterrand ou L’armée du crime sur le groupe de résistants mené par Manouchian lors de la Seconde Guerre Mondiale), le cinéma de Guédiguian se déroule à Marseille, notamment dans le quartier de l’Estaque et nous raconte des histoires finalement assez simples avec des gens qui le sont tout autant, interprétés toujours par les mêmes acteurs (Ascaride, qui est aussi sa femme, Darroussin ou Meylan). Il avait connu un immense succès avec Marius et Jeannette et, personnellement, j’avais été très touché par son dernier film, Les neiges du Kilimandjaro, qui, malgré un côté gentiment romancé, m’avait vraiment ému par moments. Clairement, pour son nouveau long-métrage, Robert Guédiguian a décidé de faire quelque chose d’un peu différent et qui répond sans doute à deux objectifs. Le premier est évidemment un cadeau et un hommage à la femme de sa vie, Ariane Ascaride. Elle est du titre et de presque tous les plans du film. Ensuite, il décide de se dépouiller de tout l’aspect politique et social qui est souvent très important dans ses précédents longs métrages afin d’aller vers un genre a priori plus simple à travailler et à mettre en image : celui de la comédie. D’ailleurs, les choses sont claires d’entrée puisque le carton introductif nous annonce une « fantaisie de Robert Guédiguian ». Le réalisateur a donc le mérite de l’honnêteté mais le souci, c’est que Au fil d’Ariane devient assez vite un film ennuyant et, parfois même bien plus ennuyeux.

 

Déjà, le début est très étrange et assez difficilement explicable : on survole un quartier puis on rentre dans un immeuble, en images de synthèses, comme dans ses présentations vidéo des projets immobiliers. Ça ne sert pas à grand-chose, mais, après tout, vu qu’on nous a annoncé une fantaisie, on s’attend à tout, non ? On tombe alors sur Ariane, le personnage principal, en train de préparer son propre anniversaire et voir, peu à peu, tout le monde se décommander (son mari et ses enfants notamment). Elle décide finalement de partir seule à l’aventure, ce qui est un thème que l’on retrouve beaucoup actuellement dans le cinéma français. On peut penser par exemple à Elle s’en va ou encore Lulu femme nue, films qui racontaient aussi le destin de femmes qui se prennent en main et décident d’avoir un vrai rôle sur leurs propres vies. Mais, clairement Guédiguian part très vite du côté du conte en faisant de cette Ariane le dénominateur commun d’une succession de scénettes avec apparition de différents personnages. On a ainsi droit à une danse improvisée sur la chaussée, à un voyage en taxi (sans doute le meilleur passage du film), à une expédition de nuit dans un musée, à des dialogues avec une tortue, à un spectacle de chansons… j’en passe et des meilleures. Il faut dire qu’Ariane a débarqué dans un petit univers assez particulier autour d’un café où on trouve un patron adorateur de Jean Ferrat, un faux gardien encore traumatisé par la perte de son emploi précédent, une sorte de savant fou qui se prend pour un américain, un jeune qui rabat les cars de touristes et qui est épris d’amour pour une jeune fille qui se prostitue,… Chacun a des problèmes et, tel un ange, Ariane va essayer de tous les régler en mettant tout le monde devant ses responsabilités.

 

Et c’est là que le film devient un peu plus limite car, sous des couverts de fable gentillette, il essaie quand même de faire passer des messages mais ceux-ci sont d’une naïveté confondante – « il faut s’entraider », oui, c’est un fait, mais qu’est-ce qu’on fait de cela une fois qu’on l’a dit ? – ou bien encore bien plus discutables qu’autre chose. Ainsi la discussion sur la prostitution m’a paru assez problématique par rapport à ce qu’elle pouvait insinuer… Il y a beaucoup d’autres sujets évoqués, de façon souvent innocente mais surtout, pas du tout fouillée. L’ensemble finit par ressembler beaucoup trop à une sorte de n’importe quoi foutraque, où les situations loufoques ou carrément lunaires (on parle d’un dialogue avec une tortue, quand même) s’enchaînent et dont on ne sait pas vraiment bien ce que Guédiguian souhaite réellement faire. S’agit-il d’un hommage à Marseille (que l’on voit finalement vraiment en arrière-plan), à la musique qu’il aime (les chansons et les morceaux ont une vraie importance ici) ou encore à la bande de comédiens qui l’a accompagné presque depuis ses débuts ? En tout cas, ça apparaît assez vite comme un film pour les vrais fans de Guédiguian, qui seront heureux de retrouver l’univers fétiche de ce dernier. Pour ce qui est d’Ariane Ascaride, forcément au cœur du projet, elle est parfois très touchante mais aussi, à certains moments, bien moins convaincante, comme si, elle aussi, elle avait vraiment du mal à se positionner par rapport à ce film. Je ne dirai rien sur la fin, même si elle n’apparaît pas si surprenante que cela. En tout cas, elle ne relève pas fondamentalement le niveau de l’ensemble, qui, de toute façon, aurait eu besoin de bien plus que cela pour apparaître au moins comme correct. Il va falloir que Guédiguian nous offre un film un peu plus sérieux la prochaine fois car, là, honnêtement, il s’est quand même un peu laissé aller… 




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