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TimFaitSonCinema
1981 est connue comme étant l’année la plus violente que la ville de New York ait connu. Abel Morales essaie de faire sa place dans le business du convoyage de pétrole, en tentant de garder une certaine ligne de conduite. Dans ce monde où la corruption et le meurtre sont monnaie courante, lui va tout faire pour rester droit.
Verdict:

Si, sur la forme et l’interprétation des acteurs principaux, il n’y a pas grand-chose à redire, il n’en reste pas moins que A most violent year ne m’a pas totalement convaincu, notamment du fait de quelques longueurs et d’un scénario qui peine à véritablement poser des enjeux forts.

Coup de coeur:

Oscar Isaac et Jessica Chastain

La date de sortie du film:

31.12.2014

Ce film est réalisé par

J.C. CHANDOR

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Si, depuis 2010, on ne devait retenir qu’un seul nom d’un jeune réalisateur américain qui, avec ses deux premiers films, a réussi à marquer la critique et le public, celui qui reviendrait sans doute le plus serait celui de J.C. Chandor. En effet, lors de sa sortie, en 2012 chez nous, Margin Call avait pas mal fait parler de lui, notamment parce que c’était le premier long-métrage qui traitait de manière si frontale la question de la crise financière et de l’implication des banques d’affaires, tout cela en réussissant à ne jamais être moralisateur, une gageure sur un tel sujet. Personnellement, j’avais trouvé ça plutôt pas mal, malgré quelques défauts. Et j’ai été vraiment surpris quand, en 2013, le nouveau long métrage e ce réalisateur est sorti puisque c’était dans un style tout à fait différent. En effet, bien loin de la frénésie des tours de Manhattan, All is lost était un véritable survival, nous plongeant avec un homme seul sur un voilier, perdu au milieu de l’océan, et soumis à tous les caprices de la nature. C’était particulièrement immersif, très bien interprété par Robert Redford et une telle réalisation démontrait déjà la capacité de Chandor à faire des choses très différentes tout en étant plutôt bon dans chacun des styles. Forcément, après deux premiers films si dissemblables, on s’attendait encore à une nouveauté de la part du réalisateur et quand j’ai entendu parler du projet qu’il menait, je me suis dit que, décidemment, il n’avait peur de rien puisque, une nouvelle fois, il n’hésitait pas à virer de bord. Le challenge étant encore plus relevé car en écrivant et réalisant un film sur le New York du début des années 80, le rapport aux maîtres du genre que peuvent être Martin Scorsese ou Sidney Lumet devenait évident. Mais, clairement, Chandor n’a pas peur des comparaisons et décide de jouer la carte à fond d’un certain classicisme. Avec réussite ?

 

Ce que l’on peut dire, c’est que, formellement, A most violent year est de très belle facture. Le réalisateur prend un soin tout particulier pour rendre une image de grande qualité, avec une vraie importance donnée à la couleur, comme si elle était toujours filtrée dans des tons neutres. Le fait que ça se passe pendant l’hiver renforce cette impression et le rendu général est vraiment de qualité. De ce côté-là, en fait, je ne me faisais pas trop de soucis car je sais que J.C. Chandor est un réalisateur précis et méticuleux dans sa mise en scène et en images. De même, au niveau de la reconstitution, le travail est vraiment bien fait, que ce soit pour les décors ou les costumes (les robes de Jessica Chastain sont vraiment dans l’esprit). Là où je l’attendais plus, c’était plutôt du côté du scénario car, honnêtement, des films dans le New York du début des années 80, il y en a eu un sacré paquet et il semble maintenant difficile de trouver sa singularité. En plus, le titre du long métrage parait annoncer clairement la couleur puisqu’il parle de 1981, année la plus sanglante de l’histoire de New York. Mais, ce qui est surprenant, c’est que A most violent year va jouer à contre-pied avec ce qui semblait être son programme car, de fait, on ne voit quasiment pas de violence pendant presque deux heures. Il y a bien une course poursuite et quelques  coups de feu, mais aucun meurtre comme on aurait pu s’y attendre, par exemple. De fait, la violence n’est pas montrée directement à l’écran mais elle est plutôt contenue, toujours présente, dans les confrontations entre les différents personnages. Cela vient aussi du fait que le scénario s’intéresse finalement à un homme qui, lui-même, est un peu en décalage avec ce qui se passe dans la ville où il réside et travaille.

 

En effet, Abel Morales semble un ilot de vertu dans un océan de corruption et de brutalité. En tout cas, c’est ainsi qu’il est montré. Ses concurrents, ses associés et, d’une certaine façon, même sa femme, font des actions pas toujours très nettes mais lui décide qu’il restera droit, puisque c’est sa manière d’être. C’est un point de vue intéressant, qui a le mérite de montrer toute la difficulté à tenir une telle position et les renoncements que cela implique. Mais là où je trouve que Chandor ne réussit pas tout à fait son coup, c’est qu’il étire le tout dans un scénario finalement très plat et qui peine à décoller. On voit bien que ça représente l’illusion du rêve américain, mais c’est un peu poussif. Il ne se passe pas grand-chose et alors que, à certains moments, on voit venir des éléments qui pourraient amener à plus d’approfondissements, ceux-ci ne sont jamais véritablement poussés jusqu’au bout. On a souvent l’impression que le réalisateur, à force de ne pas vouloir tomber dans un certain manichéisme (pas mal de personnages sont gris, comme le ton général de l’image), ne parvient pas vraiment à trouver le rythme et le ton juste, ce qui donne un résultat en demi-teinte et finalement assez frustrant. Pourtant, il a sous la main deux excellents acteurs qu’il dirige bien car tant Oscar Isaac que Jessica Chastain sont très bons ici, jouant à la perfection leurs rôles respectifs, lui en businessman convaincu de sa méthode, elle en femme qui tire plus de ficelles qu’elle veut bien en dire. On a vraiment le sentiment que Chandor est capable de faire mieux avec la même base mais qu’il ne s’y prend pas forcément bien. Reste une capacité à créer une ambiance grâce au pur talent de réalisation. Mais, là, malheureusement, ça ne suffit pas pour faire un vrai bon film et ça tombe finalement un peu à plat.




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