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TimFaitSonCinema
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W.E.

Années 30, Edouard, futur Roi d’Angleterre, tombe éperdument amoureuse d’une américaine déjà mariée. Le scandale est tel qu’il devra abdiquer. 1998, New York, Wally, une jeune femme vit mal son mariage et se plonge dans cette histoire à travers l’exposition consacrée au couple avant une mise aux enchères. Leur destin est forcément lié…
Verdict:
Film trop ambitieux, W.E. se perd parfois du fait d’un scénario trop « compliqué » et d’une réalisation qui manque de sobriété. Andrea Riseborough y est en tout cas une vraie découverte.
Coup de coeur:

Andrea Riseborough

La date de sortie du film:

09.05.2012

Ce film est réalisé par

MADONNA

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

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 La Critique


Le plus compliqué en allant voir ce film, c’est de réussir à se détacher au maximum du nom de sa réalisatrice. Il s’agit quand même de Madonna, aujourd’hui l’une des plus grandes stars planétaires dans le domaine de la musique. Forcément, avant le long-métrage, on a un a priori et il faut lutter pour rester objectif, ce que la presse n’a visiblement pas forcément fait. Pourtant, d’autres artistes ont réussi à franchir avec grand talent la frontière qui séparait leur ancienne « discipline » du cinéma, le meilleur exemple récent étant sans nul doute le plasticien Steve McQueen (Hunger, et Shame) ou encore, dans une moindre mesure, le créateur de mode Tom Ford (A single man). Mais là, c’est tout de même un peu différent, notamment du fait de la notoriété mondiale de l’artiste... Après une première expérience paraît-il assez compliquée (Obscenité et vertu ne valait visiblement pas grand-chose), elle revient en tout cas là avec un projet ambitieux puisqu’elle choisit de conter l’une des histoires d’amour les plus fameuses de l’histoire du vingtième siècle, tout en y mêlant une partie contemporaine, qui est censée lui faire écho. Sur le papier, ce n’est quand même pas rien… Et si le film n’est pas très bon, c’est sans doute parce que Madonna cherche trop à se « faire bien voir » de la profession, de peur qu’on ne la prenne pas au sérieux. Expliquons-nous.

Comme on l’a déjà dit, le projet est ambitieux, et on ne peut pas reprocher cela à Madonna. Mais le problème, c’est qu’il l’est sans doute un peu trop. Seule, l’histoire d’Edouard et de Wallis Simpson semble déjà assez fascinante pour en faire un film, notamment pour cette simple question : comment cet homme a pu abdiquer du trône d’Angleterre juste par amour ? Justement, là où le film est assez intéressant, c’est dans la façon dont il remet Wallis Simpson elle-même au cœur de cette histoire. Edouard n’est pas le seul à avoir « sacrifié » sa vie puisqu’elle aussi a du choisir de perpétuellement être l’une des femmes les plus détestées dans le monde. Cette dimension est plutôt bien traitée dans le film. Mais, en fait, le problème de W.E., c’est qu’avec cette division entre deux époques, on perd beaucoup de l’histoire d’amour la plus intéressante, celle entre Edouard et Wallis. La mise en place de leur relation est par exemple particulièrement elliptique et ensuite, on a l’impression de voir une succession d’épisodes bien plus qu’une histoire d’amour suivie. Et c’est vraiment dommage car il y a sans doute beaucoup à dire.

Surtout que tout cela est interrompu par la partie moderne qui ne sert pas à grand-chose et qui semble complètement artificielle. C’est là d’ailleurs qu’il y a le plus de longueurs. Madonna a sans doute voulu montrer (car elle est aussi coscénariste) le lien qui existe entre ces deux femmes mais, bon, ce n’est pas en faisant de multiples parallèles complètement tirés par les cheveux (les deux dans le bain,…) que l’on montre cela. En plus, l’histoire d’amour « actuelle » est particulièrement fade en rapport à celle que Wallis Simpson a pu vivre. L’amoureux est plutôt drôle (Oscar Isaac en intellectuel russe obligé de travailler comme vigile) mais on ne s’attache guère à cette Wally trop froide. Il y a même des passages où les deux femmes sont réunies et se parlent et alors là, dans le genre grand n’importe quoi, on ne fait pas mieux et ces scènes sont souvent beaucoup trop ridicules pour être vraiment crédibles. Ces aller-retour incessants deviennent en tout cas particulièrement fatigants à la longue et viennent souvent gâcher de bonnes séquences pour d’autres beaucoup moins intéressantes. Il y a donc un vrai souci dans la construction globale du film, qui provient fatalement de l’idée de départ du scénario : faire cohabiter deux femmes à deux époques.

On sent par contre vraiment que Madonna s’applique à donner une véritable vision d’artiste à son film. Il y a notamment une vraie volonté d’esthétiser (les décors et les costumes sont très soignés), parfois à outrance, mais aussi l’utilisation de plusieurs types de caméras et de différents grains d’image. C’est comme si elle se sentait obligée de (se) prouver ce dont elle est capable. Mais l’ensemble du film, s’il contient quelques jolis moments de cinéma, est trop souvent indigeste du fait de mouvements de caméra trop marqués ou de changements de plans trop rapides. Il y a ainsi certaines séquences qui partent un peu trop dans tous les sens. L’utilisation de la musique m’a aussi quelque peu dérangé (c’est un comble) : la partition d’Abel Korzeniowski (A single man) est plutôt de qualité mais elle est trop utilisée (globalement, il y a toujours un fond musical) et les chansons supplémentaires sont souvent trop décalées et « cassent » un peu certaines séquences.

Mais malgré tous ces défauts, ces moments agaçants et les quelques longueurs, l’ensemble se tient quand même à peu près, et on ne s’ennuie pas trop. Si c’est le cas, c’est surtout grâce à l’interprétation assez incroyable d’Andrea Riseborough. Dans le rôle de Wallis Simpson, elle est une vraie découverte en parvenant parfaitement à rendre les facettes de ce personnage complexe qu’était visiblement Wallis Simpson : une grande apparente confiance en elle qui cache en fait bien des fêlures. Actrice initialement de théâtre très peu connue et plutôt cantonnée à des seconds rôles anecdotiques au cinéma, elle se voit offrir là une véritable chance qu’elle saisit parfaitement. C’est juste dommage que le film ne lui fasse pas une part encore plus belle en se basant uniquement sur l’amour entre Edouard et Wallis…



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