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TimFaitSonCinema
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STOKER

India Stoker vient de perdre son père et ne vit plus qu’avec sa mère dans une grande bâtisse quand un oncle dont elle ignorait l’existence vient s’installer chez eux. Tout en se méfiant de lui, elle sent aussi un rapprochement de plus en plus fort…
Verdict:
Park Chan-Wook livre avec Stoker un parfait exercice de style, parfois assez impressionnant esthétiquement, mais qui tourne complètement à vide tant il est désincarné et froid… Dans cette ambiance, Matthew Goode excelle.
Coup de coeur:

Matthew Goode

La date de sortie du film:

01.05.2013

Ce film est réalisé par

Park CHAN-WOOK

Ce film est tagué dans:

Thriller psychologique

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 La Critique


Il n’y a donc pas que des réalisateurs européens qui franchissent l’Atlantique pour aller tourner un film à Hollywood. Park Chan-Wook, metteur en scène coréen reconnu, fait le même chemin cette année (même s’il traverse plutôt le Pacifique, pour le coup) pour réaliser son nouveau film. Après une trilogie visiblement assez violente autour de l’idée de vengeance, dont était tiré son plus grand succès, Old Boy (que je n’ai jamais vu), puis deux films passés un peu plus inaperçu chez nous, le réalisateur revient en force en mettant en scène un scénario de Wentworth Miller. Oui, vous avez bien lu : il s’agit bien de l’acteur mythique et so hot de Prison Break (série que je me suis toujours refusé à regarder). Pour être honnête, on aurait eu au premier abord un peu de mal à l’imaginer en scénariste. Mais il a écrit celui-ci sous pseudonyme, afin de ne pas éveiller les soupçons et les droits ont été achetés assez vite par la Fox. Il ne faut donc pas y voir un quelconque favoritisme (du moins, en théorie). Et ce long-métrage est interprété à la fois par une star internationale (Nicole Kidman), une autre en devenir et qui s’affirme de plus en plus dans le paysage hollywoodien (Mia Wasikowska) et enfin par un comédien un peu plus discret mais qui n’en n’est pas moins étonnant ici (Matthew Goode). Et alors, qu’est-ce qui ressort finalement de cet attelage qui, au départ, semble tout de même assez surprenant, voire même un peu bizarroïde ? Stoker est un film qui ressemble bien plus à un exercice de style qu’autre chose, et qui, de fait, manque du minimum de vie qu’il faudrait pour que le spectateur puisse un peu s’y attacher.

Ce que l’on peut reconnaître à Stoker, c’est qu’il soit très bien mis en scène. C’est même le moins que l’on puisse dire. Park Chan-Wook livre une réalisation extrêmement soignée, avec beaucoup de belles images et quelques séquences assez impressionnantes. Mais, paradoxalement, on atteint très vite le revers de la médaille d’une telle mise en scène : l’ensemble devient presque déréalisé et empêche toute émotion de la part du spectateur. En fait, au bout de quelques minutes, je me suis senti très éloigné de toute cette histoire et même, au bout d’un moment, complètement extérieur. Observer d’un œil lointain ces péripéties familiales se dérouler pourrait ne pas être désagréable mais avoir la sensation d’être complètement mis à l’écart de cette manière est pour le moins agaçant. Cela vient aussi d’une image extrêmement froide, voire glacée. Aucune couleur ne ressort, tout est dans des tons qui se ressemblent (autour de variations de gris notamment). Cela renforce le côté extrêmement désincarné des personnages mais aussi de tout cet univers (et notamment ce grand manoir) où se déroule l’essentiel de cette histoire. Le travail technique de cinéaste n’est pas à blâmer, loin de là, mais à force se styliser à l’extrême son film, le réalisateur lui donne un côté presque « morbide » qui, s’il correspond plutôt au fond de cette histoire, ne permet pas de lui donner véritablement un sens.

De plus, alors qu’on nous le vendait depuis un certain temps comme un vrai thriller, à la limite du film d’horreur, il s’avère que Stoker est bien plus décevant qu’autre chose de ce côté-là. En effet, il y a très peu de suspense car on comprend rapidement les principaux tenants et aboutissants. Et la réalisation en fait, là encore, tellement pour styliser les possibles montées de tension que celles-ci en perdent toute leur saveur possible. Si des sujets assez durs et sensibles sont abordés par ce film, ils le sont un peu à la va-vite vers la fin et ne sont pas vraiment développés, ce qui est toujours dommageable. Le casting, lui, était assez intriguant au premier abord et, s’il s’inscrit plutôt bien dans cet univers plus que feutré, il est surtout marqué par la performance de Matthew Goode. Nicole Kidman et son allure générale très froide correspondent très bien à cette ambiance générale. Elle a en plus un rôle un peu effacé qui lui permet de ne pas trop être mise en avant. Mia Wasikowska, elle, semble un peu perdue. On a l’impression qu’elle voudrait donner un peu plus de vie à son personnage mais qu’elle est en grande partie brimée par une réalisation qui, pour le coup, fait tout pour lui ôter un semblant d’émotivité. Elle reste donc presque à l’état d’image animée et il faut reconnaître qu’elle est performante dans un tel rôle. Matthew Goode, lui, est parfait dans ce rôle particulièrement glaçant de celui dont on sent qu’il n’est pas armé que de bonnes intentions. Je ne l’avais jamais trop repéré dans les films précédents où il jouait (Match Point, A single Man) mais il est pour moi une vraie découverte ici. Lui aussi manque de vie, forcément, mais cela correspond peut-être un peu plus au personnage dans sa globalité. Il symbolise bien ce film qui est un très bel objet que l’on regarde avec intérêt mais que l’on a du mal à véritablement apprécier.



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