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TimFaitSonCinema
Jean Valjean est un ancien bagnard qui a brisé sa liberté conditionnelle et s’est construit une vie d’honnête homme. Alors que son ancien geôlier, Javert, le retrouve, il fait la promesse à Fantine de prendre soin de Cosette, sa jeune fille…
Verdict:
Cette adaptation d’une comédie musicale souffre de défauts majeurs et du trop peu d’émotions qu’elle suscite. Elle est en partie sauvée par quelques jolis passages et par certains de ses interprètes. Mais cela reste quand même très moyen.
Coup de coeur:

Anne Hathaway

La date de sortie du film:

13.02.2013

Ce film est réalisé par

Tom HOOPER

Ce film est tagué dans:

Film musical

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 La Critique


Les Misérables de Victor Hugo est un tel monument de la littérature qu’il a connu un nombre d’adaptation complètement fou. Rien qu’au cinéma, on peut en compter une bonne trentaine, sans parler de la dizaine de téléfilms ou autres séries pour le petit écran. Il faut dire qu’il y a à peu près tout dans ce livre foisonnant et notamment un grand nombre de personnages devenus mythiques et rentrés dans l’imagerie collective (Cosette, Gavroche ou Jean Valjean). Au tout début des années 1980, deux Français (Schönberg à la musique et Boublil aux paroles) s’étaient attaqués à une réécriture en comédie musicale de l’œuvre originelle. Succès immense en France, traduction en anglais, accueil formidable à Londres et New York… Il paraît même que c’est la comédie musicale qui, dans l’histoire, a attiré le plus de personnes à travers le monde… N’en jetez plus, il y avait plus que de quoi faire un film. On parle donc, si on y réfléchit bien, de l’adaptation d’une adaptation. Pour ce qui s’apparenterait presque à un concept, c’est Tom Hooper qui a décidé de s’y coller. Tout auréolé d’un succès public et critique avec le plutôt bon Le Discours d’un Roi, le réalisateur anglais n’a pas eu peur d’aller se frotter à un travail qui semble aussi fastidieux et, en un sens, presque absurde. Et bien, au final, j’aurais peut-être préféré qu’il reste dans quelque chose de plus classique et conventionnel parce que ces Misérables ne m’ont guère transporté, c’est le moins que l’on puisse dire.

L’un des soucis majeurs de ces Misérables version Tom Hooper, tient dans le principe même du film : adapter une comédie musicale. En effet, cette dernière est nécessairement écrite et scénarisée en fonction des limites propres de l’interprétation dans une salle. Il y a par exemple, comme dans les opéras, beaucoup de solos où les personnages expriment leurs états d’âme (ce qui me semble toujours aussi peu naturel, mais passons, c’est un artifice et acceptons-le comme tel). Sur scène, ça peut encore passer mais, au cinéma, c’est beaucoup plus compliqué et Tom Hooper a un peu de mal à se sortir de ce piège dans lequel il s’est enfermé avec son projet. Il opte pour deux solutions distinctes qui, malheureusement, ont chacune leurs défauts. La première est peut-être la moins mauvaise : celle du plan fixe sur le visage et on ne bouge plus la caméra. La seconde, c’est de donner l’illusion du mouvement alors qu‘en fait ce ne sont que des allers et retours du personnage. Dans les deux cas, cela m’a posé quelques soucis mais, quand même, la deuxième solution prend un peu le spectateur pour un demeuré, ce qui n’est jamais agréable parce qu’on comprend assez vite que, sans autres idées de mise en scène, le réalisateur balade le personnage d’avant en arrière sans autre but que celui de faire passer le temps… En plus, comme dans toute comédie musicale, il faut que chaque personnage ait son « numéro ». Alors, ça fait forcément des longueurs en cœur de film parce que certains passages ne servent pas à grand-chose dans le déroulé globale de l’histoire mais sont là pour permettre à chacun des personnages de participer. Enfin, étant donné qu’il faut nécessairement réduire le nombre de personnages, on se retrouve avec des invraisemblances puisque tout le monde se retrouve tout le temps, même de la manière la plus improbable possible. Bref, adapter une comédie musicale, ce n’est pas forcément la meilleure chose à faire dans l’absolu.

Il n’y a que trop peu de moments d’émotions alors que, justement, cette œuvre totale, qui se déroule sur une longue période, mêlant tout plein de personnages, à la croisée entre drame intimiste et Histoire, devrait être le terreau parfait pour de grandes envolées. Rien de tout cela et ce ne sont que quelque passages, un peu éparpillés en cours de film, et souvent assez fugaces qui nous procurent la petite dose d’émotion qu’on est en droit d’attendre. Il y a tout de même un passage, plutôt au début, celui où Fantine chante le – redevenu – fameux I dreamed a dream, qui est assez intense. D’ailleurs, c’est typiquement le genre de séquence où peuvent se gagner des récompenses, ce qu’Anne Hathaway ne se prive d’ailleurs pas de faire puisqu’elle a tout raflé cette année en attendant l’Oscar qui lui tend les bras. Même si on la voit assez peu, elle est la seule (avec Hugh Jackman, un peu) à donner véritablement vie à son personnage. En fait, je pense que tout cela vient de l’aspect assez incroyablement « boursouflé » de l’ensemble. Tom Hooper ne lésine pas sur les moyens : costumes, décors,… Il s’en donne à cœur joie pour recréer le Paris (et la France en général) du début des années 1800. Mais bon, n’en fait-il pas un peu trop ? Sans doute, si, puisqu’il noie un peu les personnages : soit on ne voit que leur tête, soit ils sont perdus dans ce trop plein de décors et de costumes… Les Misérables confirme en tout cas ce célèbre adage « trop de tout tue le tout » (ou quelque chose qui y ressemble) avec force.

Pour les parties chantées (autant le dire, à peu près tout le temps), le réalisateur a fait un choix à la fois technique et artistique, sans que l’on sache trop lequel a primé sur l’autre, mais là n’est pas vraiment le problème, en soi. Il s’agit en fait de la volonté de capter les voix en direct lors du tournage. Intention louable (pour faire plus vrai, sans doute) mais qui a des conséquences moins heureuses d’un point de vue strictement cinématographique. En effet, le réalisateur se sent obligé d’aller toujours au plus près des visages. On a donc droit à une farandole de plans serrés. Au bout d’un moment, ça en devient lassant et c’est presque un peu gênant de voir aussi peu d’originalité dans la façon de faire. Je pense que même les fans les plus énamourées de Hugh Jackman en auront marre de pouvoir étudier le moindre grain de peau de leur idole… C’est même à croire que pour prendre le son en direct, il n’y avait pas d’autres moyens et des micros plus performants. Ce qui pourrait parfois avoir un aspect plus intéressant en utilisant justement des plans plus larges se transforme en simple une galerie de portraits. A mon sens, c’est un peu bêta…

Etant donné que Les Misérables est avant tout un film musical et se revendique comme tel, il est tout de même nécessaire de juger cet aspect des choses. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je suis plus que mitigé à ce propos. Et cela pour plusieurs raisons. La première tient dans l’écriture même de cette comédie musicale. Honnêtement, musicalement, c’est quand même loin d’être exceptionnel et même assez pauvre, sans parler du mélange franco-anglais parfois assez indigeste. A part un ou deux morceaux, le reste ne ressemble pas à grand-chose et beaucoup trop de moments sont presque identiques. Même si on trouve tout de même un travail sur les thèmes (chaque personnage important a une mélodie particulière) qui peuvent parfois s’entremêler, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Parfois, c’est même un peu du gloubi-boulga musical. Et quand c’est interprété par des acteurs qui ne sont pas forcément faits pour la chanson, ça en devient carrément un peu compliqué pour les oreilles. La palme revient à Russel Crowe qui a clairement du mal à changer un tant soit peu de ton. Hugh Jackman s’en sort moins péniblement même si c’est loin d’être extraordinaire. Sacha Baron Cohen et Helena Bonham Carter en font tellement des tonnes qu’ils sont injugeables à mes yeux. C’est finalement la jeune garde qui s’en sort le mieux. Eddie Redmayne est pas mal, Anne Hathaway est assez bouleversante et Amanda Seyfried, pour le peu qu’on l’entend, a l’air d’avoir plutôt une jolie voix. Dans l’ensemble, ça reste plus que moyen et c’est quand même pour le moins gênant dans l’optique d’un film musical, bien sûr. Victor Hugo s’en retourne-t-il pour autant dans sa tombe ? Je crois que depuis maintenant plus de cent cinquante ans, on a fait subir à son œuvre incroyable un nombre incroyable de supplices en tous genres. Alors, un de plus ou un de moins, ce n’est plus ça qui compte… Mais quand même, cette version des Misérables restera plutôt dans le bas du panier.



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