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TimFaitSonCinema
Trois jeunes élèves d’une école de commerce se disent qu’ils peuvent appliquer les lois du marché aux relations entre garçons et filles au sein de leur établissement. Ils montent ainsi un réseau de prostitution pour les riches élèves de cette école où se forme « la crème de la crème »…
Verdict:

Le sujet, pourtant intéressant à la base, n’est pas forcément traité au mieux, notamment du fait d’un scénario qui, tout en étant trop caricatural, oublie pas mal d’éléments. Ça reste quand même pas si mauvais, notamment grâce à une réalisation dans l’ensemble soignée.

Coup de coeur:

Les scènes de fête

La date de sortie du film:

02.04.2014

Ce film est réalisé par

Kim CHAPIRON

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Ayant connu dans une vie antérieure (mais pas si lointaine) ceux que l’on appelait les Prépa HEC et ayant de la famille proche qui a pratiqué ces grandes écoles de commerce (qu’il faut appeler Business School pour être tout à fait in), le nouveau film de Kim Chapiron ne pouvait que m’intéresser pour son sujet de départ. Cela était renforcé par le fait que j’avais vraiment apprécié le précédent film de ce jeune metteur en scène. Dog Pound était une véritable plongée, presque sous forme de documentaire, au cœur d’une prison pour adolescents aux Etats-Unis. C’était intense, filmé de manière extrêmement précise et ça dévoilait un acteur assez formidable que je pensais revoir plus rapidement dans de bons films mais qui s’est un peu fait oublier depuis (du nom d’Adam Butcher)… Une nouvelle fois, La crème de la crème parle de cette fin d’adolescence et de ce passage à l’âge adulte mais dans un milieu totalement différent puisqu’il s’agit de ces fameuses grandes écoles, objets en France de fantasmes autant que de controverses. Ici, la référence à HEC, la plus connue d’entre elles, est à peine voilée puisque les décors ressemblent fortement au campus de Jouy-en-Josas. Pourtant, ce n’est pas là-bas que ça a été tourné puisque l’école a refusé et a décidé de ne faire aucun commentaire sur la sortie du film, ce qui, d’une certaine manière, montre bien qu’elle est un peu gênée aux entournures. Car, avec ce film, Kim Chapiron, plonge vraiment le spectateur au cœur de l’établissement où la vie à côté des cours est clairement plus importante que celle qui se déroule dans les amphithéâtres et que l’on ne voit presque jamais. Mais, ce qui est un peu embêtant, c’est que ce La crème de la crème est en fait un peu mou et manque à la fois de rythme mais aussi d’un discours un peu plus clair. Et c’est étrange car, justement, le film précédent de Chapiron était justement vraiment percutant tant dans la forme que dans le fond.

Ce qui est donc intéressant avant tout dans ce film, c’est le fait de plonger avec les personnages au cœur d’une grande école avec toutes ses contradictions dont la principale est la suivante : les meilleurs élèves sont recrutés après une sélection intense mais ceux-ci sont surtout là pour faire la fête et s’amuser autant qu’ils le peuvent. Finalement, ce n’est pas tant les cours qui les intéressent mais plutôt le fait de pouvoir être entre eux et la possibilité de se créer un réseau. Le principe nous est très vite expliqué par un des élèves lui-même qui, pour le coup, est un peu en dehors de ces groupes (symbolisés par des polos). C’est à partir de là que les trois élèves vont construire leur « business ». Et ce qui est totalement dingue, c’est cette manière qu’ils ont de le faire en dehors de toute considération morale ou éthique mais plutôt comme une simple application de modèles économiques qu’ils reproduisent fidèlement sur les relations filles/garçons (offre, marché,…). Ainsi, on a droit à quelques passages de dialogues à la fois savoureux et qui font quand même peur car tout cela est expliqué dans des termes totalement déshumanisés. C’est donc du cynisme à l’état pur et le personnage de Louis, fils de la bourgeoisie versaillaise et élève typique de ce genre d’écoles, est terrible et même répugnant par moments. Car La crème de la crème montre aussi de manière très claire la façon dont ces écoles sont en fait peuplées d’une seule et unique population (globalement celle de l’ouest parisien) et qu’il est presque impossible de se faire une place au milieu de celle-ci quand on n’est pas issu de ce milieu. Les inégalités, le refus de la différence et un cynisme généralisé sont vraiment décrits comme des fondements de cette petite société. Est-ce que c’est vrai ou y’a-t-il de l’exagération de ce côté-là ? Je ne sais pas… Peut-on parler d’un film générationnel ? C’est peut-être le cas mais, personnellement, j’espère et je crois que tous les jeunes ne sont pas comme ça, sinon, il y a du souci à se faire pour l’avenir (mon côté vieux con ressort parfois)…

Ainsi, tout ce long métrage en dit finalement plus sur l’ambiance de l’école en elle-même que sur ce que font vraiment les trois personnages, à savoir l’organisation d’un réseau de prostitution. Toute cette partie est bien sûr traitée mais je ne trouve pas que ce soit forcément bien fait car le scénario passe très vite sur de nombreux aspects, sans donner beaucoup d’explications. Ce qui est en fait assez gênant, c’est le côté très caricatural de chacun des personnages qui composent cette équipe. Le scénario ne s’embarrasse pas de longues scènes pour nous faire comprendre qui ils sont et un tel déterminisme (la scène chez Kelly est terrible) est parfois gênant et m’a empêché de m’attacher vraiment à chacun d’entre eux, d’autant que je n’ai pas trouvé leurs interprètes exceptionnels. Alice Isaaz, est ainsi assez agaçante car même si elle joue pas mal le côté mystérieux de son personnage (à la fois très dure mais révélant quelques failles), elle a surtout tendance à toujours faire la même tête. Dans sa mise en scène, Kim Chapiron s’en sort plutôt pas mal, avec quelques passages assez impressionnants (notamment au cours des fêtes) et un usage de la musique assez dingo (mélanger Sardou, Taha et Justice de cette façon, c’est osé). J’ai quand même été beaucoup moins impressionné par cette réalisation que celle de son film précédent. Il y a surtout pas mal de séquences qui ne servent pas à grand-chose, comme toute cette scène où les trois personnages centraux se droguent avec de la MDMA. C’est très long, ça n’apporte absolument rien au propos et on a plus l’impression que ça sert à remplir un trou narratif qu’autre chose. Ainsi, on trouve quelques longueurs au cœur du film, qui démontrent que le sujet n’est pas forcément pris à bras le corps pendant l’heure et demie du long métrage. La fin, elle, est finalement assez bizarre et pas très satisfaisante, comme si le film ne savait plus vraiment où aller. L’ensemble me laisse donc un goût amer car j’ai vraiment l’impression qu’il y avait la possibilité de faire bien mieux…



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François 03.04.2014, 18:23

Ouais alors moi je l'ai vu justement en avant première avec acteurs/co-scénariste/réalisateur (c'était gratuit c'est pour ca). Et du coup je crois que la plupart des gens étaient assez déçu par la fin, mais d'après le scénariste c'est voulu car ce n'est pas ce qui compte. Aussi, ils insistaient sur le fait que ce film n'est pas un film sur la prostitution... finalement on s'en rend vite compte vu la manière dont c'est traité.
Je suis d'accord qu'il y a une certaine longueur un moment donné, mais contrairement à toi la séquence MDMA ne m'a pas paru interminable ;)
Bon finalement, pour ma part je dirais qu'on a droit à un teen movie structuré à l’américaine, cependant très Français (les musique par exemple sont pratiquement que du Français). Donc dans ce cadre là, je trouve qu'il est réussi !
Ma note: 14


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