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TimFaitSonCinema
Julien est handicapé et vit dans un fauteuil roulant. Pourtant, il a de vraies envies de sensations fortes. Son père, lui, s’en est peu occupé et sombre un peu dans une forme de dépression depuis qu’il est au chômage. Le fils lui propose un pari insensé : courir ensemble le triathlon Ironman de Nice. Un défi fou qui va les rapprocher…
Verdict:

L’histoire est belle, l’émotion forcément au rendez-vous et les acteurs plutôt bons. Mais c’est un film très convenu et qui manque d’un vrai traitement cinématographique. Ca ressemble plus à un téléfilm qu’autre chose et c’est un peu dommage car on aurait envie de plus apprécier…

Coup de coeur:

Le sujet de départ

La date de sortie du film:

26.03.2014

Ce film est réalisé par

Nils TAVERNIER

Ce film est tagué dans:

Drame familial

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 La Critique


Qui n’a jamais entendu parler de l’histoire assez fabuleuse de Dick et Rick Hoyt, un père et son fils gravement handicapé qui ont couru ensemble plus de mille courses dont de très nombreux marathons et triathlons ? Aux Etats-Unis, dont ils sont originaires, ce « couple » est devenu une vraie star, d’autant plus que l’histoire va bientôt s’achever puisque le père ne peut plus assurer physiquement ces efforts répétés. C’est vraiment le type de destin qui fascine car il y a tout : la volonté, le courage et un côté quand même un peu insensé. De nombreux documentaires leur ont déjà été consacrés et ils sont devenus de véritables personnages médiatiques. Mais, alors que leur destinée est très forte, le cinéma ne s’y était encore pas intéressé. Et il aura fallu que ce soit un film français qui s’inspire de leur histoire. Et l’idée est venue à Nils Tavernier (fils de Bertrand) alors qu’il réalisait un documentaire (sa première spécialité) dans un hôpital. Il s’est dit qu’il tenait là un projet vraiment intéressant et à même d’intéresser et d’émouvoir le public. Peut-être même que, secrètement, il avait en tête le succès complètement dingue de Intouchables, film qui évoquait aussi le handicap, même si c’était bien plus sur le ton de la comédie. Là, avec ce long métrage, on est bien plus dans le drame. Et c’est vraiment le film que l’on est obligé d’apprécier pour ne pas passer pour une personne terriblement insensible et que rien de peut émouvoir, au point que ça ressemble presque à une forme de « prise d’otage émotionnelle » du spectateur. Mais, De toutes nos forces démontre surtout que, même paré des plus belles intentions, on ne fait pas toujours un bon film, loin de là. Le long métrage de Tavernier n’est pas malhonnête, et même émouvant par moments, mais, malheureusement, il n’arrive jamais à s’élever à un niveau suffisant pour en faire un film de qualité.

En fait, le souci, c’est que si De toutes nos forces nous conte une jolie histoire, il n’arrive jamais à véritablement transcender celle-ci. Pire, la réalisation est telle que l’ensemble perd de sa force et collectionne tous les clichés possibles alors qu’un traitement plus sobre aurait été sans doute bien plus approprié. Nils Tavernier accumule les petites scènes qui sont là pour nous faire prendre conscience des enjeux principaux, en les alternant avec des plans de nature qui, eux, sont censés illustrer le besoin de liberté de Julien. C’est donc assez peu original dans la construction. Mais, surtout, tout est bien trop balisé pour avoir un vrai intérêt. On s’attend absolument à tout et le nombre de surprises est nul. Tous les dialogues sont faits sur mesure et de façon bien trop « mécanique ». Chacun exprime l’un des aspects de l’histoire et l’ensemble a un côté extrêmement scolaire. En plus, chaque personnage est très marqué et se trouve donc à la limite de la caricature, entre une mère trop protectrice, un père trop distant, des amis qui donnent de l’espoir et une sœur qui apparaît quelque fois quand on n’arrive plus à faire avancer l’histoire différemment… La façon dont chacun est utilisé est parfois assez étrange et plutôt mal mise en scène. C’est par exemple le cas pour la relation centrale qui se noue au cours du film entre le père et le fils : elle est seulement mise en image puisqu’on les voit ensemble s’entraîner et apprendre à véritablement se connaître mais, à aucun moment, De toutes nos forces ne va chercher plus loin pour montrer les vrais tenants et aboutissants de cette transformation radicale dans la relation. On doit en rester à ce stade de l’illustration pure et simple. Et c’est dommage car c’est là que le film pouvait vraiment avoir un intérêt supérieur.

Ce qui intéresse clairement Nils Tavernier, c’est plutôt le message qui est derrière son film (on peut croire en ses rêves, tout est possible pour tout le monde) et le côté émouvant qui est forcément véhiculé. On finit par être touché par cette histoire (mais qui ne le serait pas ?) même si le réalisateur n’hésite vraiment pas à tirer sur toutes les cordes sensibles imaginables avec une surutilisation d’une musique à la longue assez fatigante et une multiplication de scènes qui cherchent à tirer les larmes, notamment sur la fin, lors de toute cette séquence du triathlon qui devient interminable. Pourtant, et ce qui pourrait paraître à première vue contradictoire, c’est que la limite vers le pathos (pourtant facile avec ce genre de sujet) n’est jamais franchie puisque la question du handicap est plutôt bien gérée. Et là où c’est encore plus dommage, c’est que, par moments, De toutes nos forces semble tirer le bon fil en s’intéressant d’avantage aux questions que pose ce jeune homme dans la famille et notamment pour le couple : quelle place pour chacun ? quelle autonomie pour celui qui devient un jeune homme ? Mais tout cela n’est pas assez poussé et passe finalement derrière le côté bien plus illustratif de l’ensemble. C’est sans doute là que le film rate vraiment sa cible et aurait pu, avec un peu plus de travail sur un scénario qui manque de finesse, partir dans la bonne direction. Ce n’est pas le cas et ce long métrage finit par ressembler plus à un aimable téléfilm où il n’y a vraiment pas grand-chose à tirer cinématographiquement et où ce qui est raconté est bien plus illustré que vraiment incarné. L’interprétation des acteurs, plutôt honnête, même si j’ai trouvé Alexandra Lamy par moments un peu limite, permet à certains moments de dépasser cet état de fait mais jamais complètement, laissant le spectateur devant une œuvre pas fondamentalement déplaisante mais très loin d’être réussie.



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Fiz 30.03.2014, 23:14

Comme tu dis Tim, cela ressemble à un téléfilm par le coté très formaté: histoire bien balisée, réactions des personnages très prévisibles, dialogues convenus,...
A mon avis, le film est cependant sauvé par 3 points positifs:
- la force du thème principal: un film sur le dépassement de soi, la force de croire en ses rêves, un film sur une famille désunie qui se retrouve autour d'un grand défi: l'Ironman, le plus long format de triathlon.
- l'émotion procurée par certaines images saisissantes comme celles du départ du triathlon de Nice, ou certaines scènes qui font passer quelques frissons comme les derniers kilomètres du triathlon du père et de son fils jusqu'à l'arrivée, la nuit. C'est assez beau et émouvant.
- Jacques Gamblin dont l'interprétation est excellente, comme souvent.
Au final, c'est plutôt réussi dans l'ensemble (malgré les défauts soulignés).
Ma note: 13


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