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TimFaitSonCinema
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UNE PROMESSE

Dans l’Allemagne de l’avant première guerre mondiale, un jeune homme devient le protégé d’un riche patron d’une usine de sidérurgie. Lorsque ce dernier voit sa santé faiblir et est obligé de rester à domicile, il le fait venir travailler à domicile. Et, nécessairement, lui et la femme du patron se rencontrent…
Verdict:

Bien que ce soit plutôt soigné, il y a bien trop de défauts pour faire d’Une promesse un film au moins correct : un scénario bancal, une mise en scène bien trop illustrative, une musique omniprésente. Et, surtout, le fait de ne jamais croire à cette histoire d’amour, ce qui est encore plus embêtant…

Coup de coeur:

La reconstitution historique

La date de sortie du film:

16.04.2014

Ce film est réalisé par

Patrice LECONTE

Ce film est tagué dans:

Drame historique Romance

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 La Critique


Ces derniers temps, Patrice Leconte explore des contrées cinématographiques auxquelles il ne nous avait pas habitués. En effet, dans l’imaginaire collectif, Leconte reste l’homme des Bronzés, puisqu’il a réalisé les trois volets. D’autres films à succès (Viens chez moi, j’habite chez une copine ou  Les spécialistes) ont jalonné une carrière qui a eu plus de difficultés dans les années 2000. Depuis trois films, il a décidé de mener des projets assez lointains de ce dont il avait l’habitude entre un drame intimiste (Voir la mer), un film d’animation paraît-il particulièrement sombre (Le magasin des suicides) puis, enfin, cette romance se déroulant dans un contexte historique très marqué (la période avant la première guerre mondiale en Allemagne), tourné en anglais avec des acteurs britanniques et avec des financements en partie belges. On ne l’attendait pas beaucoup sur ce terrain-là et c’est un peu pour cette surprise que je suis allé voir ce film. J’étais aussi assez content de retrouver Rebecca Hall, qui se fait suffisamment rare au cinéma alors qu’elle a pourtant vraiment quelque chose d’intéressant dans son jeu. Et puis voir Alan Rickman dans un autre rôle que celui de Rogue est aussi un plaisir qui ne peut pas se refuser. Mais, honnêtement, je n’étais pas très confiant sur la réussite de ce film et, dès les premières minutes, je n’ai guère été rassuré. Et un élément m’a tout de suite perturbé : le fait que ça se passe en Allemagne et que les acteurs parlent un anglais des plus académiques. C’est peut-être un peu idiot de ma part mais je n’arrive pas à me faire à cette façon de faire qui me semble totalement absurde. C’est évidemment des questions de financements et de ventes du film à l’étranger mais pourquoi ne pas faire ce film dans la langue du pays où se déroule l’histoire ? Si c’était la seule remarque à faire sur Une promesse, ça passerait encore. Mais ce n’est pas le cas…

 

Le souci majeur, c’est qu’on ne croit jamais vraiment à cette histoire d’amour impossible et que rien ne nous donne vraiment envie de nous y intéresser. Et c’est quand même sacrément embêtant pour un film qui se base uniquement là-dessus. Cela tient à plusieurs éléments dont le premier est la manière assez curieuse qu’a le scénario pour développer cette romance. Ça met d’abord du temps à démarrer et dès la première rencontre, on sent qu’il se passe quelque chose mais le film n’exploite pas vraiment cela. Il y a bien sûr une volonté de pudeur qui sied à la relation de ces deux personnes et à l’époque mais, en même temps, Leconte en fait des tonnes pour montrer le tourment qu’ils ont chacun de leur côté avec des scènes parfois très cucul (ah, quand le jeune Ludwig renifle le piano à la recherche d‘une odeur…) et une musique bien trop présente. Le metteur en scène insiste de plus en plus sur les mains qui se frôlent les regards qui ne trompent pas,… au point que ça en devienne à la longue fatigant… Mais absolument rien ne se passe, faisant d’Une promesse un film d’une chasteté exemplaire ! Ce qui est vraiment dommage, c’est que là où l’histoire d’amour devient vraiment intéressant et pourrait être poignante, le film s’efface de manière assez incompréhensible. En effet, le gros de leur relation se fait à distance et ceci à double titre : un océan les sépare (lui est parti au Mexique) mais aussi le temps qui s’étire de plus en plus (la guerre le contraint à ne pas rentrer). C’est là pour moi que se situe le nœud de l’histoire. Mais ça passe tellement vite que ça perd de son sens et ça empêche finalement le spectateur de s’attacher à ce couple. C’est une forme d’aveu de faiblesse d’un scénario qui ne sait finalement pas bien par quel bout prendre cette histoire et ne réussit pas en tirer sa vraie saveur.

 

Et les acteurs ne permettent pas non plus vraiment de rendre à ce couple un réel intérêt. D’abord l’alchimie ne fonctionne pas, ce qui est difficilement explicable puisque c’est une sensation purement subjective. On peut quand même dire que Rebecca Hall, en Dame allemande, ce n’est pas une bonne idée de casting du tout (elle est bien trop moderne et trop « british »). Ce n’est pas qu’elle est mauvaise ou quoi que ce soit, c’est juste que son rôle ne lui convient pas… De plus, Richard Madden (connu surtout pour un rôle dans Game of Thrones) n’est pas très convaincant, pour dire les choses gentiment. Reste au milieu la figure tutélaire d’Alan Rickman qui permet de donner un peu de justesse et de profondeur à l’ensemble… Face à une histoire aussi simple, sans surprise et qu’on a l’impression d’avoir vu et revu, il faut une vraie qualité cinématographique pour sublimer l’ensemble et lui donner à la foi de l’ampleur et une valeur ajoutée indéniable. Là, ce n’est pas vraiment le cas et Une promesse apparaît comme un film un peu terne, sans trop de vie. La réalisation manque clairement de souffle et si Patrice Leconte gère plutôt bien tout le côté reconstitution historique, il ne s’aventure pas non plus trop en refusant par exemple totalement de s’intéresser au contexte de la guerre en lui-même qui n’est finalement vu que comme une cause de distance supplémentaire entre les deux amoureux. Finalement, on peut dire que Patrice Leconte signe avec Une promesse un film qui est globalement plutôt soigné, voire délicat par moments mais qui est surtout marqué par une grande sensation de vide car le sujet ne semble jamais vraiment pris à bras le corps mais toujours un peu mis de côté, comme si l’affronter revêtait un grand danger. De sorte que plus le film avance, moins cette histoire d’amour devient un enjeu pour le spectateur qui finit même par ne plus en avoir grand-chose à faire. Surtout qu’il se doute bien de la façon dont cela va finir…




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