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TimFaitSonCinema
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NEBRASKA

Persuadé qu’il a gagné un million de dollars à une loterie, Woody, un vieil homme réussit à convaincre son fils de venir avec lui pour traverser le Midwest américain et récupérer cette récompense. Ils passeront alors par le lieu où a grandi Woody. S’y déroulera une grande réunion de famille…
Verdict:

Nebraska est un joli film, bien interprété, propre dans sa réalisation et à la musique adaptée et réussie. Mais ça ne parvient jamais à vraiment décoller, notamment parce qu’on ne voit pas bien où le réalisateur veut vraiment en venir…

Coup de coeur:

La musique

La date de sortie du film:

02.04.2014

Ce film est réalisé par

Alexander PAYNE

Ce film est tagué dans:

Drame familial

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 La Critique


Après une escapade en Californie (Sideways) et surtout à Hawaï (The Descendants), voici qu’Alexander Payne revient dans son état d’origine pour tourner son nouveau film, sur un scénario qu’il avait dans les cartons depuis une dizaine d’années. Et pour faire les choses vraiment correctement, il donne même le nom de cet état du Midwest américain à son long métrage. Il faut dire que le paysage autant que l’ambiance générale qui habite ces contrées auront une importance sur ce qui va se dérouler. Personnellement, j’avais été assez déçu par son film précédent (The Descendants, donc) que j’avais trouvé sans grand intérêt et presque un peu poussif par moments. Il avait néanmoins au moins deux grands mérites : celui de révéler au grand public Shailene Woodley qui, depuis, a prouvé qu’elle était bien l’un des plus solides espoirs pour les années à venir et celui de donner un vrai grand rôle dramatique à George Clooney, qui prouvait ainsi qu’il pouvait faire autre chose que des pubs pour une célèbre marque de café, ce dont on pouvait commencer à douter. Nebraska a été primé à Cannes l’an dernier, puisque Bruce Dern, l’acteur principal, est reparti avec un Prix d’interprétation masculine, alors que les Oscars ont aussi fait la part belle à ce long métrage avec pas moins de six nominations, parmi les plus prestigieuses (film, réalisateur, acteur, second rôle féminin, scénario et photographie). Une place dans le Top 10 de l’année de l’American Film Institute (dont j’ai donc vu avec ce dernier la totalité de la liste) est même venue couronner le tout. Je m’attendais donc à un film de qualité, et j’ai quelque peu été déçu car, si on ne peut pas dire que ce soit raté, l’ensemble est finalement assez pauvre et sans grand intérêt. Pas de quoi en tout cas soulever les foules…

 

Du point de vue de la forme, Alexander Payne utilise le noir et blanc. S’il n’y a pas grand-chose à en redire tant il est bien géré techniquement, il m’a plus interrogé sur sa réelle utilité. En effet, si ce n’est à donner un côté un peu carte postale à l’ensemble (notamment lors des séquences où les deux personnages sont en voiture et traversent ce Midwest fait de routes droites et de plaines à perte de vue), cette forme ne sert aucunement le récit. Bien sûr, c’est un choix de mise en scène qu’il faut respecter et utiliser le noir et blanc ne répond pas toujours à une logique « rationnelle » mais, quand même, je préfère comprendre et être en mesure de m’expliquer un tel parti-pris. Là, j’ai un peu du mal… Peut-être est-ce pour renforcer davantage le côté extrêmement mélancolique qui traverse tout le film ? Car Alexander Payne est tout de même doué pour donner un vrai ton à son long métrage. Celui-ci est notamment apporté par ce personnage central du père qui est en décalage : il ne comprend plus tout ce qui passe autour de lui et semble perdre ses repères (un peu comme le personnage interprété par Clooney dans The Descendants, d’ailleurs). Bruce Dern est quand même très bon pour l’interpréter, bien que sa prestation ne m’ait pas non plus bouleversée. Mais si ce père est évidemment perdu, ce n’est en fait pas beaucoup mieux pour ce fils qui l’accompagne dans son voyage : lui vient de perdre sa copine, fait un job qui ne l’intéresse pas et est donc aussi à un tournant de sa vie. C’est ainsi un personnage que j’ai trouvé intéressant, car un peu plus en nuances que le père. Et il est solidement interprété par Will Forte. Si le voyage qu’ils vont entreprendre est avant tout vu comme une opportunité pour le père, ce ne l’est donc pas moins pour son fils.

 

Ainsi, ce road-movie se transforme bien plus en un drame familial, renforcé par le fait que tout le monde finit par se retrouver dans un grand déjeuner avec cousins, oncles et tantes, qui est précédé par une scène mémorable où tous les hommes regardent ensemble une partie de baseball (visiblement). A ce moment-là, Nebraska change un peu de ton et c’est notamment le personnage de la femme/mère qui est un vrai déclencheur. En effet, bien plus que son mari qui est un peu éteint, elle est une vraie boule de nerfs qui dézingue à tout va et qui n’hésite pas à remettre Woody à la place que lui-même n’arrive plus à se trouver. Sinon, tout le reste de la famille est montrée comme assez désastreuse puisque la seule chose qui intéresse tout le monde, c’est ce fameux million qui devrait arriver sur le compte en banque de Woody et que chacun voit comme une opportunité de réclamer une ancienne dette qui n’existait sans doute pas. D’ailleurs, l’ensemble du long métrage n’est pas tendre avec ce Midwest américain, montré comme un peu en dehors du monde et peuplé de rapaces qui viennent rôder autour de Woody dès qu’ils apprennent qu’il y a un million en jeu… L’ancien ami est ainsi particulièrement gratiné et finit par se faire remettre les idées en place… Mais ce qui est un peu gênant, c’est que l’on ne sait jamais où va véritablement le film puisque ce n’est pas facile d’analyser réellement les motivations d’Alexander Payne avec celui-ci. C’est sans doute l’amour d’un fils pour son père qui est le plus prégnant mais cette problématique met un peu trop de temps avant de réellement émerger. Reste une musique assez formidable et parfaitement dans le ton, à laquelle on se raccroche parfois, quand ce qui est à l’écran est de peu d’intérêt. C’est déjà ça mais ça ne suffit pas à faire vraiment décoller un film dont on a l’impression qu’il se cherche plus qu’autre chose.




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