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TimFaitSonCinema
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MALAVITA

Giovanni Manzano est un ancien de la mafia new-yorkaise, désormais sous la protection des autorités. Avec toute sa famille, le voilà installé à Cholong-sur-Avre, en plein cœur de la Normandie française. S’ils essaient de faire des efforts pour s’intégrer, leur nature reprend souvent le dessus…
Verdict:
Luc Besson me déçoit une nouvelle fois en tant que réalisateur. Ce Malavita, qui se veut une sorte d’hommage décalé aux films de mafia tourne à vide et est même gênant par moments. Presque rien ne fonctionne dans ce long-métrage…
Coup de coeur:

Pas grand-chose, justement…

La date de sortie du film:

23.10.2013

Ce film est réalisé par

Luc BESSON

Ce film est tagué dans:

Thriller

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 La Critique


Luc Besson, c’est un peu le phénix du cinéma hexagonal. Il y a maintenant sept ans, il avait annoncé clairement que le Septième Art, c’en était fini pour lui et qu’il préférait se consacrer à des actions citoyennes (?!). Depuis, il a réalisé pas moins de cinq films (et en tourne en ce moment un autre) et il en a produit un nombre incalculable, notamment via la société qu’il a créé (Europacorp). Bref, il n’est pas prêt de s’arrêter. Et il a aussi fait parler de lui par la création d’une Cité du cinéma ainsi que, tout dernièrement, par l’ouverture d’un complexe révolutionnaire. Bref, il s’est imposé comme un vrai personnage dans le cinéma français, d’abord par ses réalisations (Léon, Le grand bleu pour les plus connus), puis, surtout depuis une quinzaine d’années, par son travail autour du Septième Art. Car, depuis les années 2000, si ses films sont de relatifs succès commerciaux, il faut bien dire qu’ils se font plutôt égratigner par la majorité de la critique. Moi-même, j’avais été plutôt déçu par Adèle Blanc-Sec, sous Indiana Jones porté par une Louise Bourgoin pas loin d’être horripilante. J’avais évité The Lady, ayant bien trop peur d’un raté monumental (ce que c’était, visiblement). Pour Malavita, il dit avoir coécrit le scénario avant d’avoir l’accord de Robert De Niro, puis des autres acteurs principaux, sans penser à réaliser le film lui-même. Puis, ses recherches étant infructueuses et le projet se dessinant de plus en plus, il s’est dit que ce serait une très belle occasion de pouvoir diriger de tels acteurs hollywoodiens (De Niro, donc, mais aussi Pfeiffer ou Lee Jones). Au final, il s’est donc gardé le rôle de réalisateur. Quand on voit le résultat final, on se dit qu’il aurait peut-être mieux fait de déléguer davantage car ce Malavita est assez terrible : très peu drôle et parfois consternant…

Pourtant, il s’agit de l’adaptation d’un roman de Tonino Benacquista, livre plutôt apprécié mais que je n’ai jamais lu (je ne peux pas tout faire non plus…). Mais, le romancier n’a pas participé au développement du film et, visiblement, Luc Besson s’est plus servi de la trame principale qu’autre chose et n’a pas vraiment cherché à aller plus loin. Car ce qui est marquant dans Malavita, c’est son côté extrêmement superficiel : de fait, tout se déroule extrêmement vite et les personnages ne sont pas du tout creusés. Il faut dire qu’entre les nombreux flashbacks qui montrent le passé de Giovanni et sa famille et l’histoire qui se déroule différemment pour chacun des personnages de la famille qui connaissent leurs propres péripéties, il y a vraiment de quoi faire et peut-être trop. Et, de cette matière, Luc Besson ne sait visiblement que faire et part un peu dans le grand n’importe quoi en enchaînant les séquences montrant une fois la fille tabassant des mecs un peu trop pressants, une autre la mère faisant exploser l’épicerie où le commerçant n’a pas été sympathique, ou encore le fils faisant régner la terreur dans le lycée et, enfin, le père, personnage central, en train d’écrire ses Mémoires mais aussi de faire régner l’ordre à sa façon dans son village d’accueil. Alors, c’est sûr que ça peut être drôle par moments (pas souvent, je vous l’assure), mais cette succession paraît assez vite vaine. Alors qu’on voudrait en apprendre plus sur chacun des personnages, ce n’est que par petites vignettes que l’on trouve des informations mais sans explications. Il faut aussi dire que les acteurs principaux (le casting est pourtant dément) ne sont pas vraiment à la hauteur et semblent presque un peu perdus, notamment une Michelle Pfeiffer qui fait, il faut le dire, un peu de peine et un Tommy Lee Jones qui traine sa tête de Droopy quand il est montré à l’écran (ce qui est bien rare). Robert DeNiro, lui, surjoue son rôle habituel de mafieux, sans trop de nuances…

Mais là où ce film m’a stupéfié, c’est son côté extrêmement cliché. Luc Besson voulait faire un film qui puisse être à la fois distribué en France et aux Etats-Unis et, donc, forcément, pour le public américain, il a sans doute du y aller un peu plus fort sur les clichés mais, là, franchement, ça dépasse les bornes, au point que ça en soit vraiment gênant. Dans ce village, on a d’abord l’impression de se retrouver au milieu du siècle et, surtout, d’être en présence d’habitants demeurés. Il peut y avoir des façons assez fines de se moquer gentiment des travers de ses compatriotes mais, là, ce n’est pas la méthode employé. Tout est sujet à des moqueries tellement grosses qu’elles en deviennent ridicules et contre-productives. D’ailleurs, dans leur genre, les Américains en prennent aussi un peu pour leur grade, pas de manière plus raffinée, d’ailleurs. Ce qui fait au moins égalité à ce niveau-là… Malavita est finalement une sorte de greffe un peu étrange qui ne prend jamais. Car on ne sait jamais vraiment où se place le long métrage : film noir, comédie policière ou encore film d’action vitaminé… A la fin, on se demande encore ce qu’on a vu et c’est plutôt difficile à définir car, si on prend chacun de ces genres, c’est raté et l’assemblage ne fonctionne pas mieux. Ce n’est jamais vraiment drôle, les blagues sont souvent très lourdes. On ne peut pas non plus considérer cela comme un vrai film noir tant le scénario est couru d’avance et les péripéties trop attendues. Les incohérences sont aussi trop nombreuses pour être passées sous silence. Enfin, en termes de film d’action, on a vu beaucoup mieux, et ce n’est pas la tuerie finale qui va nous faire changer d’avis.

Bref, Malavita, ce n’est finalement pas grand-chose et même la réalisation n’est pas à la hauteur avec aucune scène marquante et un défilé de séquences déjà vues et revues (forcément, il y a aussi une forme d’hommage dans la mise en scène de Besson, mais quand même). Certains ralentis sont même tellement « grossiers » que ça en devient gênant. C’est le type de séquences que l’on ne pense plus revoir aujourd’hui tant elles sont à la fois clichés et ridicules. Il y a aussi beaucoup trop de musique. Celle-ci est toujours présente et fatigue assez vite. Ce n’est donc pas la mise en scène qui sauve le film, ce qui donne finalement un ensemble pas loin d’être catastrophique et le fait est que j’ai vraiment du mal à ressortir un point positif pour ce film, ce qui n’est forcément jamais bon signe. Peut-être que la plus grosse surprise du film se situe dans le générique quand on apprend que Martin Scorsese en est le producteur exécutif… Mais qu’est-il venu faire dans cette galère ? C’est à se demander s’il a vraiment eu un œil sur ce qui se faisait… Au lieu de faire plein de choses en même temps, Luc Besson aurait peut-être mieux fait de réellement se concentrer sur son dernier film car c’est un nouveau ratage pour lui. C’est dommage car la base était visiblement pas mal mais à force d’accumuler les clichés et les scènes beaucoup trop faciles, il fait perdre beaucoup de son intérêt à un sujet plutôt excitant. Je pense me rabattre sur le livre pour faire oublier ce mauvais souvenir. J’espère que d’autres films d’ici la fin de l’année le feront aussi passer…



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