Toggle navigation
TimFaitSonCinema
Depuis qu’il est tout jeune, Jiro rêve sa vie avec les avions. Puisqu’il ne pourra pas les piloter, il deviendra ingénieur aéronautique et sera celui qui fabriquera l’avion vedette des Japonais pendant la deuxième Guerre Mondiale. Mais il a aussi une histoire d’amour avec Nahoko, qui est atteinte de tuberculose…
Verdict:
Très beau par moments, émouvant sur la fin mais aussi trop long par séquences, Le vent se lève ne réussit pas à réellement séduire sur la durée. Mais ça reste tout de même un beau film pour ce qui est sans doute le dernier de Miyazaki aux commandes.
Coup de coeur:

Ce charme si particulier des Studios Ghibli

La date de sortie du film:

22.01.2014

Ce film est réalisé par

Hayao MIYAZAKI

Ce film est tagué dans:

Film d'animation

Chargement...


 La Critique


Il y a, à travers le monde et quand même particulièrement en France, un vrai mythe autour de Hayao Miyazaki. Il suffisait donc que celui qui est surnommé le « maître de l’animation japonaise » annonce que Le vent se lève serait sa dernière production en tant que réalisateur (ce n’est pas la première fois qu’il tient un tel discours) pour que l’émotion grandisse rapidement chez ses fans et pour que ce film apparaisse forcément comme un chef-d’œuvre absolu qu’il ne faudrait rater sous aucun prétexte. Il faut dire que Miyazaki est un peu le dernier des Mohicans en termes de réalisation de « vrais » dessins animés. Alors que le monde de l’animation est maintenant marqué par des superproductions qui rivalisent de prouesses technologiques (la 3D notamment) pour des résultats pas toujours concluants, Miyazaki et les Studios Ghibli en général sont restés fidèles aux dessins « à l’ancienne » et leur côté à la fois magique et nostalgique. C’est aussi cela qui a forgé une bonne partie de sa légende. Personnellement, je n’ai jamais été un immense fan de son œuvre. En effet, si j’ai toujours trouvé jolis et émouvants la plupart de ses longs métrages, je n’ai jamais réussi à véritablement entrer dans son univers, assez particulier, où fantastique et réalisme se mélangent parfois de façon très fine. Ce qui est assez étrange, c’est que c’est tout à fait dans l’esprit d’un auteur japonais que j’adore : Haruki Murakami. Mais, chez Miyazaki, ça ne fonctionnait jamais vraiment à mon goût car c’était sans doute un peu trop poussé pour moi qui reste quand même un peu trop les pieds sur terre. Pour son dernier film, et de façon assez paradoxale, le réalisateur japonais prend justement de la hauteur avec cette histoire d’aviation mais n’a jamais été aussi terre à terre puisqu’il se base sur une histoire vraie et que le film est, à sa façon, une petite histoire illustrée du Japon de l’entre-deux guerres. Au-delà de toute l’affection et de tout le respect que l’on peut avoir pour Hayao Miyazaki, son ultime film est-il le chef d’œuvre annoncé partout ? Et bien, malheureusement, non, bien que ça reste un long métrage d’animation de qualité.

Cette fois-ci, pas de bestioles imaginaires, pas de villes accrochées en l’air comme des nuages et pas de poissons qui deviennent humains. Non, Miyazaki a choisi de puiser dans l’Histoire de son pays pour écrire son scénario. D’ailleurs, pour renforcer cet aspect réaliste, il n’hésite pas à multiplier les références littéraires qui parcourent toute l’œuvre (notamment Paul Valéry ou Thomas Mann). C’est l’occasion, d’une certaine façon, de se réinventer une dernière fois, mais, en même temps, tout en étant différent, Le vent se lève ressemble aussi aux autres productions Ghibli. La place du rêve est par exemple essentielle ici et c’est dans les pensées du personnage principal que l’on commence mais aussi que l’on clôt ce film. Alors que ce dernier s’inscrit dans une certaine réalité (forcément retravaillée et romancée), ce sont ces périodes où Jiro rêve qui ouvrent vers les univers qu’affectionne le réalisateur et qui permettent à l’histoire de sortir un peu d’un certain « ronronnement ». Car, honnêtement, ce n’est pas toujours palpitant et il y a, notamment au cœur du film, de vraies longueurs. Cela vient à la fois du style de Miyazaki, qui privilégie une certaine forme de contemplation mais aussi d’un scénario qui, parfois, ne sait plus bien où il en est véritablement. Car Le vent se lève est en fait un mélange finalement assez étrange d’un biopic qui s’inscrit dans une réalité historique et d’une grande histoire d’amour. Pourquoi étrange, parce que ces deux niveaux ne s’imbriquent pas réellement mais ils sont plutôt mis l’un à côté de l’autre, sans forcément énormément de liens. Une seule séquence (magnifique, d’ailleurs) montre ce rapport : on voit Jiro travailler avec sa femme qui dort juste à côté de lui, les deux se tenant la main. Le reste est constitué de séquences dont les différences sont un peu trop marquées. La deuxième partie, plus centrée sur la relation amoureuse, est ainsi bien plus poétique (et meilleure, d’ailleurs, à mes yeux) qu’une première qui, elle, est bien plus descriptive. Sans doute qu’en soignant un peu plus le scénario, il aurait été possible de faire plus de liens entre ces deux aspects et donc de créer un ensemble plus homogène.

C’est ce personnage de Jiro dont on suit l’histoire et, à travers lui, aussi l’Histoire du Japon de cette époque, même si c’est plus en filigrane. Néanmoins, entre le tremblement de terre de 1923 (séquence assez incroyable), la grande dépression ou l’épidémie de tuberculose, ce sont autant d’événements fondateurs dans cette période qui sont évoqués de manière plus ou moins claire. C’est selon moi dans le rapport entre le destin de Jiro et ce qui se passe (et va se passer) dans son pays que se situe l’un des soucis de ce film : en effet, c’est un personnage finalement assez ambivalent. Car si on nous le montre toujours comme un passionné d’aviation et une sorte de doux rêveur, jamais il ne s’interroge sur l’impact qu’aura ce qu’il a créé (pour dire les choses rapidement, ça sera l’avion des kamikazes). Par quelques images à la fin, Miyazaki nous montre bien l’horreur de la guerre mais ce n’est pas vraiment évoqué avant et c’est un point qui m’a un peu dérangé et qui aurait pu être traité, sans forcément en faire le véritable cœur du récit. Par tous ses sujets assez graves (deuil, maladie, guerre) qui le traverse, Le vent se lèvee est en tout cas bien plus un film pour adultes que réservé aux enfants. Peut-on voir ce long métrage comme un « testament » de la part de Miyazaki ? On reconnaît bien évidemment son style avec un extrême soin apporté aux dessins, une grande beauté de certaines séquences, une poésie qui surgit au coin d’une image, des personnages secondaires parfois hilarants et une musique magnifique (Joe Hisaishi risque de se trouver orphelin sans celui qui lui a permis de composer ses plus belles partitions). De plus, on a l’impression de retrouver des héros de ses précédentes œuvres dans beaucoup de personnages secondaires. Si c’est effectivement son dernier film, il finit sur une jolie note même si ce n’est pas forcément le chef d’œuvre absolu que l’on nous annonce depuis pas mal de temps. Miyazaki manquera quand même beaucoup au cinéma car son style était devenu une marque de fabrique et je ne suis pas certain que ceux qui vont prendre sa suite soient vraiment aptes à le faire avec le même talent…



 Rédiger Un Commentaire