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TimFaitSonCinema
Le temps d’une journée, Alix va rencontrer Douglas alors que les deux sont de passage à Paris. Entre eux va naître une passion aussi brève qu’inattendue. C’est le temps de l’aventure…
Verdict:
Film assez intrigant dans la manière qu’il a de traiter de façon plutôt détaillé un événement finalement très bref et même soudain. Quelques défauts mais un film quand même assez marquant.
Coup de coeur:

Gabriel Byrne

La date de sortie du film:

10.04.2013

Ce film est réalisé par

Jérôme BONNELL

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

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 La Critique


A priori, je n’étais pas forcément le plus motivé du monde pour aller voir ce film. Comme vous le savez peut-être, Emmanuelle Devos, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé et, honnêtement, le sujet me paraissait à la fois un peu juste mais surtout possiblement source d’un film bien casse-gueule et presque un peu voyeur. Et puis, après avoir vu quelques bons papiers et constaté que j’avais du temps et pas grand-chose d’autre à voir, je me suis décidé à aller me faire une idée par moi-même sur ce nouveau film de Jérôme Bonnell. Ce dernier est plutôt un jeune réalisateur (moins de quarante ans), qui a commencé assez tôt à mettre en scène ses propres films et qui n’a jamais connu une vraie notoriété même si ses films ont été interprétés par des acteurs connus notamment Jean-Pierre Darroussin. J’ai l’impression que Le temps de l’aventure, son nouveau film, fait un peu plus de bruit, ce qui est sans doute dû à la présence d’Emmanuelle Devis, devenue au fil des années une actrice importante dans le paysage cinématographique français mais aussi à celle plus surprenante de Gabriel Byrne, acteur irlandais principalement connu pour son rôle dans Usual suspects. Mais c’est aussi peut-être parce que ce film n’est pas dénué de qualités que l’on en a entendu parler davantage. C’est en tout cas une théorie que je privilégierais car si je vois quand même certains défauts à ce long-métrage, je ne peux pas m’empêcher de lui reconnaître un réel intérêt et même quelque chose d’assez « envoutant ».

Ce film dégage vraiment quelque chose et on en ressort un peu groggy. Il y a une forme d’intensité qui tient à la fois à la grande brièveté de cette relation (quelques heures, tout au plus) mais aussi dans un mystère qui est savamment entretenu au cours du film puisqu’on ne sait pas grand-chose sur Alix et Doug. Cette manière de ne jamais montrer le légitime d’Alix, que l’on entend seulement au téléphone, est une bonne manière d’extraire ce film d’une dimension morale qu’il aurait très vite pu prendre et où il aurait pu se perdre. On parle quand même d’une femme qui trompe son homme mais le long métrage évite toute forme de jugement sur cette question. Ce qui est en question, ce n’est pas vraiment la problématique de la tromperie mais bien celle du désir intérieur d’Alix de vivre cette aventure sans lendemain. Pour ce qui est de Doug, c’est plutôt une forme de flou qui règne quant à sa situation actuelle. D’ailleurs, cette sorte de mystère qui règne autour de pas mal d’éléments permet au film de se concentrer au maximum sur les éléments qui font de cette histoire quelque chose d’extraordinaire pour les deux protagonistes. Néanmoins, Le temps de l’aventure se permet quelques digressions qui ne sont pas forcément les meilleurs passages du film, notamment celui où Alix retrouve sa sœur pour lui demander un peu d’argent. On comprend très vite que la relation entre les deux est extrêmement complexe mais cela arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et n’apporte finalement pas grand-chose à l’histoire au cœur du film. Et que dire du conjoint de la sœur qui, pour le coup, est complètement lunaire. Dans le même genre, il y a aussi le runing-gag du gars qui ne fait que suivre Alix. Mais lui aura une influence sur le déroulement de la rencontre des deux personnages.

Tout se passe donc en une seule journée, voire même une après-midi, entre deux personnes qui se trouvent à Paris, un peu perdues par leur situation. Elle y habite mais est en représentation à Calais et revient pour audition, lui est anglais et vient pour un enterrement. Ils se sont rencontrés furtivement dans le train venant de Calais (même si l’on sent que quelque chose se passe déjà) et vont se retrouver (pas par hasard, je vous rassure) dans les rues de Paris alors que la Fête de la musique commence à battre son plein. La manière dont ils se retrouvent, justement, est importante, car elle dit beaucoup de cette relation passionnée et instantanée à la fois. Un vrai rythme est donné par l’heure qui est très souvent indiquée (par le son ou plus souvent par l’image) car Alix a des impératifs qui vont faire de cette rencontre un moment extrêmement bref. Ce qui est amusant dans ce film, c’est la manière dont il redonne de l’importance à un objet devenu presque désuet : la cabine téléphonique. En effet, elle y passe pas mal de temps pour essayer d’appeler différentes personnes. C’est presque un mythe que l’on pouvait penser perdu qui est réinventé par ce film et c’en est amusant.

Au rayon des déceptions liées à ce film, il y a selon moi quelques vraies longueurs, parfois pas du tout justifiées (importance donnée à cet essai d’Alix par exemple) et une utilisation trop importante d’effets, notamment musicaux. Autant la musique composée pour le film que les morceaux additionnels (du classique) sont trop présents et font quelque fois perdre de la force au film en rajoutant artificiellement de l’émotion là où, justement, un peu de silence aurait sans doute fait plus d’effet. Ce film ne fait pas non plus de moi un grand fan d’Emmanuelle Devos (ça va être compliqué, même si j’ai du mal à vraiment expliquer pourquoi elle me stresse tant) mais je dois reconnaître qu’elle tient ici plutôt bien une partition qui n’est vraiment pas évidente puisque ce rôle est celui d’une femme qui va, très vite, se laisser emporter par une forme de pulsion, sans qu’elle-même ne sache véritablement pourquoi. Face à elle, elle trouve aussi du répondant avec un Gabriel Byrne assez impressionnant ici : tout en émotions rentrées et en regards appuyés, il donne à son personnage une vraie force. Il est même par moments bouleversant dans cette manière de faire passer toutes ses émotions sans aucun mot. C’est l’une des forces de ce Temps de l’aventure qui méritait finalement vraiment que j’y jette un œil même s’il ne m’a pas non plus complètement convaincu.



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