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TimFaitSonCinema
Celle de Jordan Belfort, jeune homme qui a connu un grand succès à Wall Street avec la boîte qu’il avait monté à la fin des années 80, avant que les montages douteux, les arnaques en tout genre, et son train de vie excentrique ne finissent pas le rattraper…
Verdict:
Bien que dans l’ensemble trop long, outrancier, répétitif et pas forcément toujours abouti dans la mise scène, ce film n’en reste pas moins un sacré morceau de cinéma, porté par un DiCaprio au sommet et un Jonah Hill épatant.
Coup de coeur:

Leonardo DiCaprio

La date de sortie du film:

25.12.2013

Ce film est réalisé par

Martin SCORSESE

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Après une parenthèse assez étrange en 3D qui était autant un film pour enfants (encore que) qu’un hommage au cinéma (Hugo Cabret), voici Martin Scorsese qui revient sur des chemins plus balisés pour lui ainsi que pour ses spectateurs sans doute surpris par son dernier long métrage. En plus, il retrouve son nouvel acteur fétiche depuis le début des années 2000 : Leonardo DiCaprio. Ce dernier joue dans les quatre films qui ont précédé Hugo Cabret et il y est à chaque fois excellent (en même temps, il est rarement mauvais depuis qu’il tourne un ou deux films par an maximum). Alors que la carrière du réalisateur s’est longtemps construite autour des films de gangsters un peu à l’ancienne (Les affranchis ou Casino), il s’attaque ici à ce que l’on peut considérer d’une certaine manière comme les nouveaux « truands » de la société moderne : les traders aux pratiques douteuses qui ont, en partie, conduit à la crise financière du milieu des années 2000, particulièrement terrible aux Etats-Unis. En adaptant pour le grand écran le livre de Jordan Belfort, Scorsese ne fait en tout cas pas les choses à moitié. En effet, celui qui a été surnommé « Le loup de Wall Street » a été, au passage des années 80 à 90 le symbole d’une finance de moins en moins raisonnable, où tous les coups étaient permis, tant que l’enrichissement était au bout. Repenti, il a écrit un livre, sorti en 2007, et auquel Scorsese s’était très tôt intéressé. Il aura finalement dû attendre six ans pour l’adapter et quand on voit ce qu’il s’est passé notamment en septembre 2008, on se dit vraiment que l’attente n’était peut-être pas superflue et que, en tout cas, les comportements n’ont pas changé entre la fin des années 90 et celles qui ont suivi. Le loup de Wall Street Street nous entraine dans la vie excessive de cet homme et de ce qu’il représente, et c’est l’ensemble du film qui devient au final complètement fou.

Ce qu’il faut commencer par dire, c’est que ce n’est pas un long métrage sur la finance à proprement parler. En effet, on n’apprend pas grand-chose sur le fonctionnement des arnaques de Belfort et ses acolytes et la manière dont ils se font énormément d’argent. La seule chose à savoir c’est que, effectivement, ils gagnent beaucoup de sous et que ce n’est pas de façon complètement légale. Partant de là, Le loup de Wall Street ne va pas beaucoup plus loin et ceux qui voulaient comprendre les rouages en seront pour leurs frais. Ce qui intéresse bien plus Scorsese et son scénariste (à qui on doit les séries Les Soprano et Boardwalk Empire), c’est bien plus le rapport de Belfort à ce monde de la finance et ce qu’il peut lui apporter. Pour nous entraîner dans cet univers, c’est le principe de la voix-off qui est utilisée avec Belfort lui-même qui raconte sa vie. A certains moments, il prend même le spectateur à témoin en l’interpellant directement et lui montrant par exemple comment entuber un client. Pendant trois heures, on va suivre l’existence de cet homme qui apparaît comme une sorte de bouffon de plus en plus pathétique alors qu’il s’enfonce dans les mensonges et la dépravation. Pour l’interpréter, Leonardo DiCaprio est tout simplement effarant et prouve une nouvelle fois qu’il est quand même d’une sacrée trempe. Tous les aspects du personnage sont interprétés très subtilement : du séducteur-manipulateur à l’homme complètement défoncé par le mélange alcool-drogue. Est-ce que ça sera suffisant pour gagner (enfin) un Oscar ? Sans doute pas. Autour de lui, on trouve aussi des seconds rôles performants (sauf Jean Dujardin, malheureusement, qui surjoue le côté européen un peu bête), et notamment celui de Donnie Azoff, son premier vrai partenaire en affaire, très bien tenu par un Jonah Hill qui apporte beaucoup au film, dans la relation particulière qu’il a avec le personnage principal.

Après trois heures de film, qui passent quand même assez vite, la question principale que l’on peut se poser est la suivante : n’est-ce pas le long métrage dans son ensemble qui est dans l’état permanent du personnage qu’il suit ? En effet, tant dans sa construction que dans sa manière outrancière de montrer ce qu’il veut, Le loup de Wall Street a un aspect finalement assez étrange et que l’on peut qualifier d’un peu fou, comme il était « sous substance ». Déjà, c’est clairement trop long et, avec une bonne demi-heure de moins (voire même une petite heure), les mêmes choses auraient pu être montrées de la même façon. Car Scorsese fait plutôt dans le too much. En effet, le retour sans fin sur les scènes où les personnages se droguent, participent à des orgies sexuelles ou encore sont dans l’hystérie collective est à la longue assez fatiguant et même énervant. Mais je pense vraiment que c’est le but recherché par le réalisateur puisque, au bout d’un moment, on finit par être dégouté par cette débauche permanente, qui vient d’un rapport malsain à l’argent et d’une volonté de richesse à tout prix même si on ne sait plus quoi faire avec cet argent. C’est de cette manière que le film dénonce vraiment les excès de ce monde financier, plus qu’en expliquant ses rouages de façon précise. Et on peut dire que c’est réussi car, en tant que spectateur, on est vraiment marqué par cette répétition sans fin et on finit par en être lassé. Et le film est aussi particulier car il mêle à la fois le destin dramatique d’un homme, l’étude sur un univers particulier, la comédie (parce qu’il y a beaucoup de passages très drôles, même si c’est souvent assez grinçant) mais aussi, d’une certaine manière, le film policier, même si l’on peut regretter que ce côté soit un peu trop laissé de côté. Le personnage de cet agent existe mais il n’est jamais réellement utilisé. Mais c’est surtout dans sa construction même que ce Loup de Wall Street est le plus dingue.

En effet, sur les 180 minutes, c’est une alternance de séquences très calmes, et notamment des dialogues avec d’autres bien plus rythmées. Ces dernières correspondent à ce dont j’ai pu parler précédemment et se caractérisent par une caméra très mobile, un montage nerveux à souhait, une musique extrêmement présente et un côté globalement assez braillard. Je ne trouve pas que ce soit forcément très réussi du point de vue de la réalisation et certaines sont beaucoup trop longues ou reviennent plus de fois qu’il ne faudrait. Ces séquences constituent une bonne partie du film mais elles sont donc entrecoupées de quelques dialogues assez dingues qui permettent au long métrage de se poser. Selon moi, ce sont les séquences les plus importantes car elles permettent d’aller un peu plus loin que le vernis superficiel de débauche qui nous est montré. Elles sont mises en scène de façon très simple, pour justement faire contrepoids à la frénésie du reste. Deux en particulier sont marquantes. Celle de la discussion entre Jordan et l’agent fédéral sur le bateau où l’on comprend que le courtier n’est plus vraiment dans le même monde et qu’il est parti assez loin. La deuxième est une qui se passe au début du film et qui implique Jordan et celui qui sera son modèle (que l’on ne reverra malheureusement plus ensuite), le courtier qui le prend sous son aile dans son premier emploi, interprété avec brio par Matthew McConaughey. Ce dialogue (qui est presque un monologue) est formidable car il pose absolument tous les enjeux de ce qui va suivre. Entre ces dix minutes très posées et le côté complètement frénétique que peuvent avoir des séquences par la suite, il n’y a pas grand-chose en commun. Et pourtant, tout cela se retrouve dans un même film, que l’on peut donc qualifier pour cela d’assez dingue. Sans que ce ne soit complètement convaincant, du fait de trop gros défauts, Le loup de Wall Street peut tout de même être considéré comme un film vraiment marquant, à différents points de vue et qui pose un peu plus (si besoin était) DiCaprio comme l’un des très grands acteurs de notre temps.


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vuvu 10.01.2014, 22:37

Je croyais emmener X ;) voir un film sur la Finance "fine et compliquée" mais ce n'était pas trop le cas...
Le côté financier semblait en arrière plan ... des longueurs avec des détails pas super importants et un peu trop pollué par un peu trop de vulgarité.... mais façon originale d'aborder ce thème et super bien joué et j'ai bien aimé quand l'acteur "crève" l'écran pour s'adresser à nous .... voilà ! Difficile pour une femme de regarder ce film, Les femmes sont de la marchandise !
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Tim Fait Son Cinema 11.01.2014, 10:35

Clairement, le rôle des films n'est pas très bon dans ce film. Mais j'ai bien peur que ce soit encore le cas dans ces milieux là à l'heure actuelle (où tout ceux où il y a à la fois énormément d'argent et d'adrénaline). Pour Scorsese, l'objet principal du film n'est pas la finance et ses petites combines mais bien l'impact qu'a l'argent et l'adrénaline sur Jordan. Il aurait eu les mêmes sensations en vendant des frigidaires que ça aurait été le sujet du film !


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