Toggle navigation
TimFaitSonCinema
Dans une ville de province, Julien et Esther, deux amants, se retrouvent dans une chambre d’hôtel. Alors qu’ils sont tous deux mariés, ils semblent vivre une vraie passion. Mais, un beau jour, Julien se retrouve en garde à vue. De quel crime est-il vraiment accusé ?
Verdict:

Vraiment un film assez étrange, qui pose question(s) et sur lequel j’ai du mal à me faire un vrai avis. Il y a évidemment beaucoup de qualités dans la mise en scène et le montage mais l’histoire m’a laissé plus que froid.

Coup de coeur:

Le travail de montage

La date de sortie du film:

16.05.2014

Ce film est réalisé par

Mathieu AMALRIC

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

Chargement...


 La Critique


Alors qu’il y a quatre ans, il avait remporté le prix du Meilleur réalisateur à Cannes pour Tournée, et qu’il est lancé depuis pas mal de temps dans une adaptation du Rouge et le Noir de Stendhal (gros boulot a priori…), Mathieu Amalric, qui continue aussi de jouer (toujours avec talent) dans de nombreux films, s’est offert une sorte de respiration très rapide en 2013. Il s’est en effet attelé à l’adaptation d’un roman de Georges Simenon, qui, depuis un certain temps, le taraudait sérieusement : La chambre bleue. Pourquoi rapide ? Car il s’est passé moins d’un an entre le moment où le projet a été lancé et celui où il est présenté à Cannes, dans la sélection Un certain regard. L’écriture (avec une adaptation contemporaine bien que, visiblement, très fidèle d’un auteur pas inconnu sur grand et petit écran), le tournage (moins d’un mois) et la postproduction (à peine quelques semaines) se sont donc déroulés de manière très rapprochée, ce qui donne au projet presque un caractère d’urgence vitale. Le réalisateur avait sans doute besoin de ne pas « perdre la main » et avec un petit budget comme celui-ci, une histoire à première vue banale et un temps si réduit, c’était aussi d’une certaine façon un défi pour lui. Il livre donc un film particulièrement court (à peine plus d’une et quart) que j’ai vraiment eu du mal à appréhender. Car si je reconnais à La chambre bleue une vraie qualité dans la manière dont le film est réalisé, il n’en reste pas moins que ce n’est pas un long métrage qui m’a particulièrement touché. C’est aussi sans doute voulu de faire quelque chose d’assez froid, de presque déshumanisé par moments mais c’est un projet que j’ai du mal à véritablement saisir et, surtout, à apprécier.

 

Dans La chambre bleue, il y a d’abord deux éléments qui singularisent de façon très claire le film : c’est d’abord le format utilisé (nous y reviendrons) mais aussi la construction générale puisque l’ensemble du film se déroule en fait sur deux niveaux différents qui sont imbriqués l’un dans l’autre. Le premier est celui de l’enquête policière où l’on voit le personnage de Julien se faire questionner par différents protagonistes sur l’affaire en cours (car affaire il y a mais, au début, on n’en sait pas plus). Et puis, cela nous entraîne dans une sorte de reconstitution filmée de tout ce qui est racontée et on se retrouve donc avec Julien dans tout ce qu’il raconte. Là où le film est intéressant, c’est dans la manière qu’il a de découvrir peu à peu ce qui se passe réellement (je n’en dirai pas plus pour vous laisser la surprise, même si ce n’est pas non plus le suspense de l’année) et, ainsi, de toujours laisser une once de mystère, celui-ci se renforçant même de plus en plus au fur et à mesure que l’histoire avance et que certains élément se dévoilent. Le spectateur lui-même a du mal à se faire une idée, et se retrouve presque dans la position de juré, à qui on a montré tous les faits et qui doit décider de la culpabilité ou non d’un accusé. Ainsi, le personnage de Julien, sur lequel tout est centré, est assez caractéristique car, justement, on ne sait pas bien jusqu’à quel niveau il sait ou sent des choses et jusqu’où il a été d’une certaine manière dupé ou manipulé. Pour jouer ce rôle, sur-mesure pour lui, Mathieu Amalric s’en donne à cœur joie. Face à lui, on trouve Lé Drucker, plutôt juste dans le rôle de la femme trompée, et Stéphanie Cléau (compagne d’Amalric à la ville) qui arrive bien, notamment grâce à son attitude, à renforcer le côté mystérieux de son personnage.

 

Pour mettre tout ce mystère en images, Mathieu Amalric opte pour une réalisation qui fait la part belle aux retours en arrière très fréquents (on suit néanmoins très bien l’intrigue) mais aussi sur une grande importance donnée à des images presque subliminales. Il y a ainsi des rappels (une goute de sang pour une tache de confiture, le bleu de la chambre pour le bleu de la salle d’audience du tribunal) mais aussi des insertions de plans au milieu du récit. Ils n’ont pas forcément de rapport direct avec ce qui est raconté mais ils donnent à leur façon des indices. Le montage est donc ici très important et le travail réalisé sur celui-ci est vraiment de qualité. Et le tout est filmé dans un format ancien (le 1:33), presque carré, qui permet de renforcer le côté mystérieux et oppressant de toute cette histoire. Les personnages sont souvent dans des coins ou sur le côté, comme s’ils cherchaient toujours à s’échapper du cadre. Ce qui est assez marquant avec La chambre bleue, c’est que si on passe beaucoup de temps en prison, en garde à vue ou dans le bureau du juge (excellent Laurent Poitrenaux), afin de reconstituer l’affaire, il n’en reste pas moins que ce film n’est pas à proprement parler un film policier puisque, ici, bien que ce soit une vraie enquête, ce n’est pas vraiment ce qui intéresse le scénario. Non, ce qui est le plus important, c’est bien la relation entre les deux amants et notamment la réaction de Julien sur celle-ci. En effet, il ne semble pas vraiment au même stade que sa compagne et tout part en fait d’un dialogue qui a lieu au début entre eux et qui, finalement, sera le fil directeur de tout le film. Ainsi, on peut se demander si le meilleur titre du film n’aurait pas été celui du dernier des frères Larrieu (dans lequel jouait aussi Mathieu Amalric) : L’amour est un crime parfait ?




 Rédiger Un Commentaire