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TimFaitSonCinema
Alex a déserté la Légion étrangère pour revenir à Marseille, qu’il avait fui quatre ans plus tôt. Son but est de retrouver Katia, son amour de jeunesse. Mais, les choses ont bien changé dans la ville et Alex va devoir retrouver sa place et tâcher à ne pas mettre sa famille en danger.
Verdict:

Croisement entre polar noir et tragédie familiale, De guerre lasse n’est pas toujours aussi efficace que l’on pourrait le souhaiter et se perd parfois un peu mais il n’en reste pas moins un film prenant par moments. Et les interprètes sont plutôt bons, ce qui ne gâche rien…

Coup de coeur:

La grande majorité du casting

La date de sortie du film:

07.05.2014

Ce film est réalisé par

Olivier PANCHOT

Ce film est tagué dans:

Drame familial Thriller

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 La Critique


Dans le contexte d’aujourd’hui et avec l’actualité tragique qui se répète, faire un film qui se déroule dans les milieux du crime organisé marseillais est nécessairement un signe fort et donc quelque chose à laquelle il faut porter une attention toute particulière. On pourrait même penser que c’est un vrai opportunisme qui a présidé à tout le projet. Néanmoins, je ne crois pas qu’il faille voir dans le travail d’Olivier Panchot une quelconque « récupération » ou une volonté de faire du buzz autour d’un sujet devenu très médiatique : les règlements de compte à Marseille (dont on parle bien plus que ceux qui ont lieu dans d’autres endroits mais qui font moins « vendre »). Le traitement global de tout le film et les partis-pris scénaristiques ne sont en tout cas pas dans cette veine. Si le réalisateur (qui est aussi scénariste) a choisi cette ville, c’est surtout pour ce qu’elle représente dans le cadre de son histoire de famille directement liée à l’Histoire de la fin de la domination coloniale sur l’Algérie et à l’arrivée difficile en France des familles de pieds-noirs. Car bien plus qu’un « simple » polar, Olivier Panchot offre avec De guerre lasse un vrai drame familial qui s’inscrit très largement dans la dimension historique décrite ci-dessus. On pourrait donc penser au James Gray de ses trois premiers films (Little Odessa, The yards et La nuit nous appartient) qui était passé maître dans cette manière d’inscrire le polar dans la cellule familiale. Mais Olivier Panchot n’atteint jamais ce niveau et il signe ici un long métrage qui n’est pas forcément facile à appréhender puisqu’il aborde de nombreux sujets, et cela dans un temps relativement courte pour ce genre de films (à peine une heure et demie). Néanmoins, De guerre lasse reste un film plutôt efficace et qui, à certains moments, parvient même à nous toucher. Dommage que ce ne soit pas toujours le cas sur la durée…

 

Car c’est un film qui est surtout plus frustrant qu’autre chose. A pas mal de moments, on a l’impression que ça va vraiment démarrer et que le long métrage ne va plus nous lâcher pour nous emmener peu à peu dans un suspense et une tension maximale. Et puis, deux minutes plus tard, le soufflé retombe aussi vite qu’il est monté. C’est comme si Olivier Panchot ne parvenait pas complètement à assumer sa façon de faire. Cela tient peut-être au fait qu’il ne souhaite pas « copier » ou, en tout cas, s’inspirer de façon trop nette de certains des maîtres du genre (James Gray notamment) et que, au moment où la séquence est prête à prendre de l’ampleur, il choisit une voie plus personnelle et, malheureusement, moins convaincante. Mais il faut quand même lui reconnaître la capacité d’orchestrer avec talent certaines scènes, notamment lorsqu’il s’agit de faire monter la tension de manière insidieuse. De ce côté-là, on est clairement dans le film de genre avec quelques poussées de violence assez brutales qui rythment le récit (il faut parfois s’accrocher car ça n’y va globalement pas avec le dos de la cuillère). Sur ce versant du film, on peut tout de même reprocher un côté assez caricatural de quelques personnages (notamment tout le clan des Corses) et un certain manque d’originalité global avec les passages obligés du genre qui trouvent chacun leur place bien définie. De guerre lasse est donc un film noir pas plus que simplement honnête. Et on peut expliquer cela par le fait que ce n’est sans doute pas la partie qui intéresse le plus Olivier Panchot qui, pour le coup, semble bien plus captivé par tout le volet familial de cette histoire qui, si elle conserve tout de même des liens avec l’intrigue principale, pourrait presque se voir de manière complètement indépendante.

 

C’est bien sûr le retour d’Alex qui fait un peu tout dégénérer dans le milieu, mais il a surtout une importance capitale dans les relations fortes qui unissent tous les protagonistes. Car, sans trop en dire (même si, honnêtement, il n’y a rien de folichon et d’extrêmement surprenant), c’est là que se situe le véritable enjeu de De guerre lasse. C’est en fait le personnage d’Alex qui, presque sans rien dire, va nous guider dans les méandres complexes de cette famille où domine la figure du patriarche, Armand, ancien truand retiré des affaires. Et, visiblement, tout n’est pas clair pour tout le monde et les vérités n’ont pas forcément été révélées. En creux, De guerre lasse parle aussi à sa manière de la place des pieds-noirs, de leurs difficultés depuis leur retour en France et en dresse un portrait qui n’est pas forcément des plus flatteurs. Ainsi, les enjeux vont se trouver à plusieurs échelles et concerneront les relations de plusieurs personnages entre eux. Et, là-dessus, Olivier Panchot souhaite clairement insister davantage, au risque de faire perdre de son rythme à toute l’intrigue. Ainsi, il cadre souvent les visages des différents protagonistes au plus près, prenant bien le temps de les sonder. Et ça marche plutôt pas mal, notamment parce que ses interprètes principaux sont tous très bons dans le registre mutique, en commençant par Jalil Lespert, plein de force brute et de fureur rentrée. Tchéky Karyo trouve lui aussi un rôle où il s’exprime parfaitement et, dans ce genre-là, Hiam Abbass est, elle, toujours parfaite. On peut juste regretter qu’Olivier Panchot manque parfois un peu de mesure dans l’utilisation des effets de mise en scène puisque certaines séquences auraient gagné à être plus sobres, notamment dans l’utilisation du son. L’idée de départ de reproduire ce qu’Alex a pu entendre durant ses différentes missions lorsqu’il était militaire n’est pas mauvaise mais, à la longue, elle finit par être un peu répétitive et pas toujours utilisée à bon escient.En somme, il y a pas mal de petits reproches à faire à ce film, ce qui l’empêche d’être vraiment réussi mais beaucoup d’éléments font aussi de De guerre lasse un film qu’il n’est pas inintéressant d’aller visionner…




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