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TimFaitSonCinema
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DANS LA COUR

Antoine, quarantenaire complètement dépressif, se fait embaucher comme gardien d’immeuble. Dans celui-ci se trouve Mathilde, toute jeune retraitée qui a de plus en plus de mal à gérer cet état de fait. Quand elle remarque des fissures dans son appartement, elle panique même complètement…
Verdict:

Les deux acteurs principaux s’en donnent à cœur joie dans une vraie comédie dramatique qui traite avec une certaine douceur de la question de la dépression. Salvadori fabrique dans cette cour un vrai petit monde en miniature. Et ça fonctionne dans l’ensemble plutôt pas mal. 

Coup de coeur:

Le ton général du film

La date de sortie du film:

23.04.2014

Ce film est réalisé par

Pierre SALVADORI

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

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 La Critique


Passons d’abord rapidement sur les conditions dans lesquelles j’ai vu ce film même si cela a quand même son importance. En effet, pendant plus de la moitié du film, un couple n’a fait que parler, rigoler, et donc parasiter la séance. Quand je leur ai dit de se taire, le gars a commencé à vouloir s’embrouiller avec moi… Tout cela pour qu’ils partent finalement alors qu’il restait une bonne demi-heure… Parfois, on se demande vraiment pourquoi les gens vont au cinéma… Bref, cela n’est pas si grave mais, pendant au moins la première moitié, ça m’a quand même bien parasité. Cela rajouté au fait que, avant la séance, je n’étais pas vraiment rassuré puisque le seul souvenir que j’avais de Pierre Salvadori, c’était Hors de Prix, avec Audrey Tautou et Gad Elmaleh, film que j’avais trouvé en son temps ennuyeux et pour lequel je n’avais pas vraiment compris un certain engouement de la presse. Depuis, il avait tourné un autre long métrage (De vrais mensonges, toujours avec Audrey Tautou) que j’avais soigneusement évité. Mais il faut toujours donner une seconde chance à un réalisateur et c’est donc avec Dans la cour, son dernier long métrage dont il est aussi scénariste (comme à chaque fois) que je souhaitais me refaire une idée, même si j’ai bien cru que je ne pourrais jamais aller le voir, les semaines défilant à vitesse V. Mais le fait qu’il reste si longtemps à l’affiche dans une période aussi chargée était le gage d’une certaine réussite puisque, au moins, le public suivait. Il faut dire qu’en tête d’affiche, on retrouve une actrice qui, aujourd’hui, est dans l’une des périodes les plus intéressantes de sa carrière puisqu’elle choisit complètement ses projets et joue de plus en plus dans le registre de la comédie (Potiche en est le meilleur exemple dernièrement). Et finalement, que-est-ce que donne ce Dans la cour ?

 

Globalement, c’est plutôt une jolie surprise car c’est un film qui a réussi à me charmer assez rapidement et à tenir ses promesses jusqu’au bout, la fin étant plutôt jolie, et finalement dans l’esprit de tout ce film. Il faut dire que Pierre Salvadori ne tarde pas trop à installer ce qui l’intéresse vraiment. Après deux séquences réussies car nous montrant rapidement qui est vraiment Antoine (le concert et l’agence d’emploi), on se retrouve avec lui dans cette cour d’immeuble, sorte de monde un peu à part, où les sentiments de chacun semblent exacerbés. D’ailleurs, on ne sortira presque jamais de ce petit univers, si ce n’est un peu dans les rues alentours mais surtout, vers la fin, lors d’un « voyage » que mènent les deux personnages centraux. Et ce qui est assez fou, c’est que Pierre Salvadori livre quand même un film qui a pour sujet principal la dépression puisque c’est le sentiment qui habite les deux protagonistes principaux. Mais, et c’est peut-être une peu paradoxal, il arrive à faire cela avec beaucoup de charme et avec un humour bien présent mais toujours teinté d’une vraie tendresse. C’est par exemple le cas avec cet Antoine qui est un antihéros par excellence mais auquel on s’attache très rapidement et qui ca finalement devenir une sorte d’ange gardien pour tous les habitants de l’immeuble. Le scénario parvient à ne jamais le rendre pathétique alors qu’il y aurait pourtant un sacré potentiel. C’est un peu la même chose pour le personnage de Mathilde qui semble de plus en plus déstabilisée, jusqu’à une scène absolument terrible de réunion des copropriétaires où elle-même semble se rendre compte de son état. On pourra peut-être dire que tous les personnages sont un peu caricaturaux et ce n’est pas forcément faux, mais cela donne à l’ensemble un aspect de fable. Et cela évite aussi d’une certaine façon que Dans la cour tombe dans le pathos ou l’émotion facile. Là, il y a toujours des éléments pour rester dans un registre plus léger

 

Alors oui, parfois, ça tourne un peu en rond avec des scènes qui reviennent (montrant notamment Antoine complètement perdu s’enfilant des bières la nuit dans la cour) et des passages qui n’apportent pas forcément grand-chose mais c’est aussi une manière de faire passer d’une autre manière l’état de délabrement et de tristesse des vies des deux personnages principaux. En fait, ce qui apporte vraiment de la vie, ce sont les seconds rôles, qui sont autant d’habitants (plus ou moins officiels) de l’immeuble. Chacun à leur manière, et dans des styles différents (le revendeur de vélo toujours défoncé, le vigile russe membre d’une secte et le voisin un peu strict sur les bords), ils donnent au film à la fois du rythme, en permettant l’introduction de petites scènes presque indépendantes, mais aussi une vraie drôlerie. Les séquences avec eux sont souvent les plus amusantes même si, chacun à leur manière, ils sont aussi des symboles d’une certaine dépression et d’un monde qui ne tourne pas toujours rond. Avec eux aussi, le rire est toujours teinté d’une certaine mélancolie. Les deux protagonistes principaux sont, eux, interprétés avec grand talent. Il y a d’abord Catherine Deneuve, une nouvelle fois assez géniale dans ce rôle de jeune retraitée dont la vie tourne de moins en moins rond et qui va voir dans la fissure sur son mur de salon un symbole de cet effondrement progressif. Toujours à la limite de la folie, elle est vraiment très juste. Et que dire de Gustav Kervern, pilier du Groland (et coréalisateur de Mammuth ou Le grand soir) et qui connaît ici son premier rôle principal au cinéma. On a l’impression que ce personnage a été écrit pour lui tant il parvient à faire ressortir très facilement le côté « ours au grand cœur ». Les deux sont aussi pour beaucoup dans la certaine réussite que constitue Dans la cour. Tout n’y est pas parfait mais ce long métrage distille une petite musique assez particulière et finalement plutôt sympathique. 




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