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Katrine vit en Norvège depuis qu’elle s’est échappée de l’orphelinat où elle avait été placée lors de la seconde guerre mondiale. Sa mère, norvégienne, l’avait en effet eu avec un soldat allemand. Mais, alors que le mur de Berlin vient de tomber, le passé ressurgit et Katrine va devoir se protéger, elle et sa famille…
Verdict:

D’une vie à l’autre est un film basé sur un sujet fort, qui soulève de vraies questions et qui, par moments, pourrait presque vraiment nous toucher. Mais à force de ne pas vraiment choisir entre thriller et drame, il finit un peu par se perdre et ne plus nous satisfaire complètement. Peut-être est-ce que j’en attendais trop…

Coup de coeur:

Julianne Köhler

La date de sortie du film:

07.05.2014

Ce film est réalisé par

Georg MAAS

Ce film est tagué dans:

Drame historique

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 La Critique


Parfois, il suffit de pas grand-chose pour réveiller de vieux fantasmes cinématographiques. Et je pense que les distributeurs français de ce film ont beaucoup joué là-dessus. En effet, alors que le titre original (Zwei Leben) et même celui en anglais (Two Lives) pourrait se traduire par Deux vies, il a plutôt été choisi de mettre dans le titre français le mot « autre » qui, associé avec «vie » ne peut en aucun cas être innocent. En effet, on est obligé de penser à La vie des autres, le dernier grand chef d’œuvre venu d’Allemagne, film bouleversant, d’une très grande justesse et qui m’a à l’époque vraiment marqué (cette dernière réplique me hante encore). Le rapport est même renforcé par le fait que D’une vie à l’autre est aussi un film allemand, et qu’il évoque le passé de ce pays et notamment les quarante-cinq ans où le pays a été divisé en deux (même si, là, l’intrigue remonte même jusqu’à la deuxième Guerre Mondiale). Cela semble donc être l’un des sujets principaux du cinéma allemand puisque, dernièrement, les longs métrages venus d’Outre-Rhin qui ont eu le plus de succès ont été Good Bye Lenin ! (qui traitait de façon humoristique la chute du mur) ou encore Barbara (drame se déroulant au début des années 80). Plus qu’une véritable focalisation du Septième Art allemand sur cette période, c’est sans doute aussi que ce sont ces films-là qui sont distribués chez nous car ils parlent davantage au public français. Toujours est-il qu’avec un tel background, renforcé par le fait que le film représentait l’Allemagne pour les derniers Oscars, on s’attendait à être émerveillé par D’une vie à l’autre. Mais ce n’est malheureusement pas le cas même si, Georg Maas, pour son deuxième film (dix ans après le premier) ne livre pas du tout un travail complètement raté. C’est juste que ce long-métrage est loin d’être vraiment stimulant. Surtout par rapport à ce à quoi je m’attendais…

 

En fait, on a surtout le sentiment que Georg Maas n’a pas vraiment réussi à prendre correctement en main son sujet qui est pourtant fort. En effet, l’existence du Lebensborn (association ayant pour but une augmentation du taux de naissance des enfants aryens) durant l’Allemagne Nazie est un fait et, finalement, peu de films traitent de cette question. Le livre à partir duquel le long métrage a été adapté a le grand mérite d’affronter cette question et même d’y introduire une dimension « internationale » puisque l’histoire se passe entre la Norvège et l’Allemagne. Mais, finalement, si cette problématique est au fondement de toute l’histoire, elle n’est pas non plus celle qui est la plus importante car c’est plutôt la suite qui y est donnée qui va ici avoir son importance : comment la STASI s’est servie de cette histoire de jeunes femmes ayant vécu dans des orphelinats pour les remplacer par de véritables espionnes chargées d’obtenir divers renseignements une fois adultes. On joue donc sur plusieurs niveaux d’intrigue ainsi que sur des époques différentes. Le parcours de Katrine est complexe et on sait dès le début que tout ne tourne pas rond dans l’histoire qu’elle a toujours raconté. Peu à peu, certains éléments apparaissent, et cela est fait de manière un peu trop brouillonne à mon goût. Ce sont notamment des retours dans le passé qui permettent d’éclairer différents éléments. Et c’est là que se pose l’un des principaux soucis du film puisque toutes les séquences de flashbacks sont assez terribles (avec des images en super 8 qui alourdissent clairement le propos déjà pas très subtil) et qu’elles s’insèrent pas toujours de la meilleure façon dans le récit. Honnêtement, ce type de séquences est rarement une bonne idée et là, ça se confirme. Et, en plus, on comprend un peu trop vite où se situe le nœud du problème, qui est vraiment Katrine et ce que cela implique véritablement pour sa famille.

 

Et c’est sur elle que tout repose et, finalement, à la fin du film, on a l’impression de ne pas vraiment la connaître ni d’être en mesure de la comprendre ou, au moins d’expliquer son comportement. Pourtant, c’est un personnage vraiment intéressant car, avec ses multiples zones d’ombres, il n’est ni tout noir ni tout blanc mais doit vivre dans une situation extrêmement complexe où le mensonge est permanent. Mais D’une vie à l’autre ne va sans doute pas assez explorer ce qui fait véritablement cette femme au passé tourmenté. Et cela empêche que le spectateur s’y attache un minimum. Georg Maas essaie parfois un peu d’aller de ce côté en étant donc plus dans un drame psychologique mais, trop souvent, plus que de faire confiance au présent, il choisit une séquence du passé pour montrer ce dont il a besoin pour faire avancer l’intrigue. Ainsi, on se retrouve toujours un peu entre les genres du thriller et du drame et, au lieu d’être efficace à souhait (La vie des autres était un exemple magistral), c’est plutôt ici la confusion qui l’emporte et qui ne permet jamais au film de vraiment décoller. Et c’est d’autant plus dommage que, premièrement, le réalisateur fait plutôt les choses correctement en termes de mise en scène (mis à part les flashbacks) avec une image de qualité et une capacité à ne pas trop en faire dans la réalisation et qu’il possède aussi un casting de qualité avec, notamment, une actrice principale excellente. Julianne Köhler rend très bien tous les aspects de son personnage et on peut imaginer sans peine qu’elle aurait pu aller encore plus loin dans le côté introspectif. Liv Ullmann, immense actrice qui ne tournait presque plus, est assez incroyable : elle doit dire tout au plus dix mots dans le film mais habite toutes les séquences où elle se trouve par son expression mutique. Le genre de performances assez étonnantes. Mais cela ne permet jamais à D’une vie à l’autre d’être plus qu’un honnête film historique qui, à partir d’un sujet très fort, déroule son histoire sans prendre trop de risques…




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