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TimFaitSonCinema
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BABYSITTING

Franck travaille à l’accueil d’un éditeur de bande dessinée, espérant secrètement pouvoir montrer ses propres réalisations à son patron. Ce dernier lui impose alors de garder son fils pour une soirée. Mais quand il revient le lendemain, sa maison est saccagée et, surtout, Franck et son fils ont disparu…
Verdict:

Etrangement très peu transgressif, le film revient même dans des sentiers battus relativement vite. Mais Babysitting finit presque par emporter le morceau par ses quelques très bonnes blagues et l’énergie communicative de ses interprètes.

Coup de coeur:

L’énergie dégagée par ce film

La date de sortie du film:

16.04.2014

Ce film est réalisé par

Philippe LACHEAU Nicolas BENAMOU

Ce film est tagué dans:

Comédie

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 La Critique


Voici que la comédie française s’attaque aux longs métrages qui correspondent au genre « soirée qui tourne mal ». Il y a bien sur eu Very Bad Trip, basé sur la reconstitution a posteriori d’un enterrement de vie de jeune garçon où tout a dérapé. Le premier volet est vraiment drôle (car l’idée est géniale), les suites bien plus discutables (surtout la troisième). Puis, ça a été au tour de Projet X, folle virée dans une fête qui dégénère complètement au point de mettre à feu et à sang (enfin presque) tout un quartier paisible d’une bourgade américaine. Babysitting s’inscrit un peu dans la même veine en utilisant en plus le principe du found footage, soit une vidéo retrouvée qui permet d’expliquer comment la situation a pu arriver à un tel point de non retour. C’est l’immense succès Le projet Blair Witch qui a lancé ce genre et en a fait un style à part entière. Philippe Lacheau, connu pour ses apparitions récurrentes sur Canal+ (La bande à Fifi, c’est lui) a finalement mixé des éléments tirés de toutes ces inspirations pour créer son propre film, qui, en faisant penser à tout cela, reste tout de même un peu différent, notamment parce que quelques éléments de la comédie plus familiale n’ont pas non plus été oubliés (ce qui n’est pas forcément la meilleure idée, nous y reviendrons). Depuis longtemps, Philippe Lacheau voulait réaliser un film et cette manière de faire était la plus pratique, et, surtout, la moins onéreuse, puisque les financements manquaient. Depuis sa présentation en février dernier au Festival de film de comédie de l’Alpe d’Huez, les distributeurs se bousculent et le buzz monte autour d’un long métrage qui annoncerait le renouveau de la comédie française traditionnelle (combien de fois a-t-on entendu ce discours ?). Mais ce Babysitting est-il de qualité et peut-on vraiment en parler comme d’un électrochoc pour le cinéma hexagonal ?

 

Clairement, c’est un film qui s’est fait à l’énergie, un peu à l’arrache, ou, c’est en tout cas l’image qui veut être donnée. La technique du found footage permet assez habilement de faire à peu près n’importe quoi en termes de mise en scène et c’est donc plutôt pratique puisque l’aspect technique passe au second plan. Ici, ce qui est important, c’est plutôt la manière dont la soirée se déroule et quelles aventures vont arriver à tous les personnages pour en arriver à une maison saccagée et un fils absent. Alors, c’est sûr que l’on ne s’ennuie jamais, parce que ça va à cent à l’heure, qu’il se passe toujours quelque chose et qu’il y a un nombre non négligeable de situations drôles et de dialogues savoureux mais, en même temps, ça ne peut pas être complètement satisfaisant comme façon de faire car, à force d’être trop foutraque, on frise un peu le n’importe quoi, voire parfois une certaine désinvolture. Ainsi, Babysitting devient à certains moments bien plus discutable et donc, moins, réjouissant. Après une introduction qui permet de mettre rapidement les personnages en perspective, le film fonctionne sur le principe de l’alternance entre les vidéos retrouvées et les séquences où l’on voit les deux parents et la police découvrir ces images. Cela permet de conserver un certain rythme, de reprendre un peu notre souffle (les images de la caméra bougent souvent dans tous les sens) mais, surtout, d’exploiter tout le talent de Philippe Duquesne. Celui-ci joue un commissaire pessimiste qui dit toujours ce qu’il ne faut pas et il est absolument génial dans ce film et confirme (après Situation amoureuse : c’est compliqué) qu’il est à l’heure actuelle l’un des seuls acteurs capables de dynamiter un film en une ou deux répliques. Mais ce qui est surtout très étonnant avec ce Babysitting, c’est sa façon de toujours rester dans les rails de la comédie familiale traditionnelle.

 

En effet, là où Projet X poussait le bouchon assez loin, en quittant d’ailleurs la comédie, au risque de devenir trash, le long métrage de Lacheau et Benamou reste étonnamment peu transgressif. Il y a bien quelques grosse bêtises qui sont faites (dont une assez mythique en rapport direct avec un film Pixar dont je tairai le nom) mais le parti-pris est de montrer très peu d’alcool, pas du tout de sexe et une fête finalement (très) joyeuse mais aucunement dégénérée. La maison finit quand même sans dessus dessous, ce qui me gène toujours autant considérablement dans un film. Personnellement, je ne trouve pas forcément plus mal cette façon d’être soft mais c’est assez surprenant. Et, surtout, au fur et à mesure que le film avance, ce côté non transgressif se transforme même en une comédie très cucul, où une morale très bateau se fait jour pour conclure ainsi de manière presque enfantine. Les personnages des parents, interprétés par Gérard Jugnot et Clotilde Courrau, sont un peu la marque de ce que l’on peut presque considérer comme du sérieux. C’est à se demander s’il n’y a pas de second degré mais, honnêtement, je ne crois pas du tout et les cinq dernières minutes laissent ainsi un goût particulièrement amer. C’est tout de même quelque chose que l’on pouvait sentir venir puisque, dans la construction, il y a assez peu de surprises et de vraies prises de risques scénaristiques. On voit beaucoup de choses venir de loin (peut-être aussi parce que la bande-annonce en montre trop) et l’originalité n’est pas toujours au rendez-vous. Il y a quand même quelques vrais passages de folie pure où les acteurs s’en donnent à cœur joie et peuvent laisser parler leur talent comique. Je suis persuadé que Babysitting va faire un véritable carton chez les ados qui, pour le coup, seront sans doute désappointés par les dernières minutes. Mais, à tout âge, ça peut passer car, il faut l’avouer, on sourit et on rit assez souvent.




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