Toggle navigation
TimFaitSonCinema
11 / 20  (0)

96 HEURES

Kancel est un truand qui est tombé trois ans plus tôt, grâce au travail de Carré, maintenant patron de la Brigade de répression du banditisme. Mais les rôles vont s’inverser lorsque Kancel va réussir à être extrait de sa cellule avec comme otage Carré. Il a 96 heures pour soutirer au flic l’information qu’il veut : qui l’a balancé ?
Verdict:

Encore un film qui démontre que même avec une bonne idée de départ et un comédien de grande qualité, on peut réussir un film plus que moyen. Scénario bâclé, direction d’acteurs absente et réalisation souvent indigeste font de ce 96 heures ce qui peut s’apparenter à une vraie déception.

Coup de coeur:

Le principe même du film

La date de sortie du film:

23.04.2014

Ce film est réalisé par

Frédéric SCHOENDOERFFER

Ce film est tagué dans:

Film policier Thriller psychologique

Chargement...


 La Critique


Forcément, l’héritage n’est pas vraiment facile pour Frédéric Schoendoerffer, fils de Pierre, grand romancier et cinéaste français, qui avait autant fait de la fiction que du documentaire et dont une grand majorité de l’œuvre était en rapport avec son passé dans l’armée française. Son premier fils a longtemps trainé dans le milieu de l’audiovisuel avant de se lancer vraiment dans le cinéma au début des années 2000. Pour faire sa place, il s’est spécialisé dans le film d’action bien musclé avec, notamment, le long métrage Truands, plongée dans l’univers du grand banditisme français et qui, en 2007, avait pas mal fait parler de lui pour son côté extrêmement cru (interdit aux moins de seize ans, ce qui n’est pas si courant chez nous). Il a aussi participé à Braquo  (en réalisant quatre épisodes), série se situant aussi dans le même genre d’univers. Aujourd’hui, avec Fred Cavayé (Mea Culpa) et Olivier Marchal (Les Lyonnais), il passe pour être l’un des spécialistes français du genre. Il n’est donc pas étonnant de le retrouver à la tête d’un nouveau film qui met en scène un truand et un flic, comme il n’est pas vraiment surprenant de retrouver au générique Gérard Lanvin, qui trouve dans le genre policier un terrain de jeu assez évident pour son côté viril. Mais, ces derniers temps, il était plutôt du côté des « méchants » (Mesrine - L’ennemi public N°1, Les Lyonnais). Face à lui, on retrouve Niels Arestrup, l’un des acteurs les plus étonnants aujourd’hui et qui, avec son rôle de parrain dans Un prophète, avait déjà mis en pied dans ce genre assez particulier. Et pour la première fois pour l’un de ses films, Frédéric Schoendoerffer n’a pas écrit lui-même (ou coécrit) le scénario. Et, il faut bien le dire, c’est pourtant bien là que pêche une très grande partie du film car, à partir d’une idée de départ très loin d’être idiote, 96 heures n’arrive jamais à décoller et finit même par être assez ennuyeux…

 

Le point de départ et ce qui tient lieu de fil rouge pendant tout le film (qui, d’ailleurs, et c’est assez drôle, dure 96 minutes), c’est de renverser les rôles et de faire ce que l’on peut considérer comme une « garde à vue inversée ». Là, c’est donc le truand qui interroge le flic pendant 96 heures, soit le temps maximum d’une garde à vue (dans certaines conditions). On retrouve d’ailleurs quelques éléments comme les interrogatoires, les temps d’attente,… C’est vraiment un principe intéressant et on pourrait penser que le film tourne à un certain huis-clos entre les deux personnages, afin de faire monter la tension. En fait, ce n’est pas vraiment le cas puisque, déjà, on voit très rarement (si ce n’est jamais, quand j’y pense) Carré et Kancel vraiment seuls. Sont toujours présents les sbires du truand, qui l’ont aidé à s’échapper et qui ont aussi un autre rôle que l’on apprend plus tard. Leur présence, même sans qu’ils parlent, ne permet pas de créer les conditions d’un vrai face-à-face. De plus, le scénario s’autorise beaucoup de digressions qui font partie de l’histoire, bien sûr, mais qui ne sont pas essentielles (notamment avec cette commissaire qui part à la recherche de son patron) et qui, surtout, ne permettent pas de créer une vraie ambiance autour de laquelle le long métrage aurait vraiment du se construire. Et c’est globalement très décevant car c’est dans ce domaine que j’attendais de 96 heures un film prenant et efficace. Mais, à force de trop oublier ce qui fait sa particularité, ce long métrage finit par devenir très banal. Et cela est renforcé par le fait que, au fur et à mesure que le film avance, le scénario devient de plus en plus prévisible et on devine bien trop vite le nœud d’une affaire qui perd alors encore davantage d’intérêt. Les dix dernières minutes sont mêmes complètement ridicules et montrent une vraie incapacité à réellement prendre en main un pitch de départ pourtant plus qu’engageant.

 

En plus, cette bonne idée initiale n’est pas la seule trouvaille intéressante qui n’est pas bien exploitée puisque le lieu où se déroule ce face-à-face est lui aussi assez formidable. Il s’agit d’une maison d’architecte assez dingue, particulièrement froide et aux lignes très épurées. La mise en scène du réalisateur n’utilise jamais vraiment ce matériau pourtant très cinématographique. D’ailleurs, dans l’ensemble, Frédéric Schoendoerffer ne fait pas fort en termes de réalisation puisqu’il n’apporte absolument rien de nouveau et donne même à 96 heures un aspect assez étrange en effectuant des ruptures de rythmes parfois assez incompréhensibles. Il donne surtout l’impression de se mettre au service de dialogues pas toujours très bien écrits (discussions trop longues ou répliques pas très à propos). En tout cas, le metteur en scène ne fait rien pour que l’on soit pris dans une forme d’engrenage et dans ce jeu de domination (avec des renversements sur qui a l’ascendant sur l’autre) qui aurait pourtant pu être installé bien plus efficacement. Et puis la déception vient aussi des acteurs qui, pour le coup, en font tous beaucoup trop avec des truands qui ont de vraies têtes de malfrats et un avocat véreux caricatural. Gérard Lanvin, lui, a le rôle sans doute le moins difficile à tenir (il fait à peu près toujours la même tête et ne réagit jamais trop) mais, face à lui, on trouve un Niel Arestrup qui, pour le coup, n’effectue pas sa prestation la plus convaincante. Il surjoue complètement son personnage (démarche générale, mimiques, colères) à tel point que ce Kancel n’apparaît plus vraiment comme quelqu’un de crédible. Les rôles féminins sont tellement secondaires qu’il n’y a même pas besoin d’en parler. Tout cela donne à ce 96 heures un aspect finalement très frustrant et si j’avais quelques espoirs avant le film, ils ont vite été douché… On pourrait presque parler de gâchis…




 Rédiger Un Commentaire