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TimFaitSonCinema
A travers le destin de quatre jeunes enfants à travers le monde (au Kenya, au Maroc, en Patagonie et en Inde), ce film montre pourquoi il n’est pas toujours pas facile d’aller à l’école et le combat qu’il faut même parfois mener.
Verdict:
Un documentaire plutôt réussi sur la forme mais qui manque d’un vrai regard sur ce qu’il filme. Si ce n’est un discours sur la chance que nous, occidentaux, avons de pouvoir aller facilement à l’école, ce film n’apporte pas grand-chose.
Coup de coeur:

Les paysages

La date de sortie du film:

25.09.2013

Ce film est réalisé par

Pascal PLISSON

Ce film est tagué dans:

Documentaire

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 La Critique


Quelle surprise de voir une salle (presque) remplie pour ce film un dimanche en plein après-midi. Je me doutais un peu que ce long métrage aurait du succès puisque son sujet est forcément rassembleur (tant pour une diversité d’âge que sociologique) mais, dans l’absolu, je ne m’attendais pas à voir autant de monde, vraiment pas. La question que je me suis posé est donc la suivante : est-ce vraiment si surprenant ? Ce film tombe en effet à une période où chez nous, on se dispute pour savoir si le rythme scolaire est adapté, et c’est logique de vouloir nous rappeler que l’école n’est pas un acquis mais bien une chance et qu’il faut savoir en profiter. D’ailleurs, c’est le sens des mots prononcés en introduction et qui sont, il faut bien le dire, un peu moralistes sur les bords (ça fait un peu penser à ce qu’on peut dire aux enfants quand ils ne mangent pas leurs courgettes à la cantine…). C’est sans doute pour cela que Sur le chemin de l’école va connaître un succès relativement important. Il faut dire en plus que le film bénéficie d’une bonne presse depuis sa sortie et tout le monde en parle avec beaucoup de sympathie et même de tendresse. Et, autant le dire tout de suite, c’est un vrai biais pour juger le film en lui-même. En effet, le problème majeur d’un tel long métrage, c’est qu’on ne peut pas ne pas l’apprécier ou même dire qu’on l’a trouvé un peu cucul. Non, ça ne serait pas politiquement correct et même franchement mal venu. On nous montre quand même des enfants qui se battent réellement pour aller à l’école, effectuant des trajets complètement fous (parfois deux heures par jour rien que pour se rendre en classe). Alors, forcément, on doit trouver ça extraordinaire, par principe. Personnellement, une telle façon de faire a plus que tendance à m’agacer et sans me déplaire (loin de là), ce documentaire m’a plutôt laissé sur ma faim.

Les quatre histoires racontées ici sont plutôt « jolies » (on est même obligé d’utiliser ce genre de termes pour en parler…) et mettent en scène de vraies aventures. Entre le voyage au cœur de la savane, celui à travers les montagnes de l’Atlas, la longue chevauchée dans les plateaux argentins ou ce convoi en fauteuil roulant dans le sable ou les routes défoncées, ce sont réellement des parcours exceptionnels. Justement, c’est pour moi l’un des soucis de ce long-métrage (enfin, pas si long que ça : moins d’une heure vingt, quand même…). A force de vouloir montrer la difficulté de ces parcours, la caméra s’éloigne encore et encore pour finalement ne plus faire de ces personnages enfantins que des petits points dans le paysage. Ceux-ci sont grandioses et la réalisation insiste beaucoup dessus. Ainsi, à certains moments, on a presque l’impression de se retrouver devant un documentaire animalier (éléphants et girafes sont au programme) ou tout simplement un travail pour National Geographic. Pour moi, ça dénature un peu le projet initial du film en faisant passer les enfants au second plan derrière ces paysages magnifiques. C’est pourquoi l’histoire la plus intéressante sur les quatre est sans aucun doute celle qui se déroule en Inde. Il y a d’abord un côté extrêmement émouvant à voir ces deux garçons transporter leur frère en faisant rouler un fauteuil pour l’emmener au collège mais ce sont aussi les séquences qui s’intéressent le moins aux paysages (car ils sont moins intéressants) mais restent plus sur les enfants, véritablement. Et, personnellement, je trouve que c’est mieux car cela comble le « décalage » évoqué ci-avant et donne un vrai souffle épique. Ce défaut vient aussi sans doute du manque d’un vrai scénario. En effet, ce n’est pas en enchaînant des séquences que l’on créé un documentaire. Il faut aussi un but, un certain regard sur ce que l’on filme et je trouve qu’il manque un peu de tout ça ici.

C’est évident que Sur le chemin de l’école n’est pas un documentaire qui veut prouver ou réellement démontrer quelque chose puisque, sur le constat (il n’est pas toujours facile de se rendre à l’école), tout le monde ne peut qu’être d’accord. Ça ne porte aucunement à polémique ou même à discussion. C’est donc un documentaire plutôt fait pour exposer cette réalité et la rendre intelligible pour le plus grand monde, notamment les enfants occidentaux. Cela ne doit néanmoins pas empêcher de travailler un peu sur une scénarisation qui est ici manquante. De plus, ce documentaire a vraiment un côté gentillet et presque naïf. Ce n’est pas tant le discours des enfants (extrêmement volontaires, ils voient vraiment l’école comme une chance, sans doute leur seule) qui est en cause mais plutôt celui de leurs parents, qui ressemble presque à une leçon qu’on a pu leur apprendre et qu’ils récitent pour « motiver » leurs enfants (je pense que les voix françaises souvent ridicules n’y sont pas pour rien non plus). Bien sûr, on ne peut qu’espérer que ces quatre élèves réussissent et parviennent à s’élever socialement par rapport à leurs familles (même si tous ne le souhaitent pas forcément), mais je trouve personnellement que les discours ne sonnent pas vraiment juste. Sans doute aussi que, dans notre société actuelle, nous n’avons plus le même rapport à l’éducation et que nous sommes en grande partie blasés devant tant d’optimisme un peu béat. Sur le chemin de l’école ne m’a pas déplu, puisqu’on ne s’ennuie pas et qu’il y a même, parfois, un peu d’émotions mais ça reste un documentaire au cinéma, et moi, personnellement, ça a vraiment du mal à m’émerveiller. Puisque, visiblement, il faut avoir aimé ce film, je vais dire que je l’ai au moins apprécié, pour ne pas passer pour un vieux schnock rabat-joie…



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