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TimFaitSonCinema
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PASSION

Dans une grande multinationale, Isabelle est très admirative de sa chef, Christine. Entre elles va peu à peu s’installer un jeu pervers de séduction et de manipulation qui va mener à l’irréparable…
Verdict:
Un remake meilleur que l’original même s’il n’y a pas non plus de quoi sauter au plafond loin de là. Brian de Palma fait parfois de drôles de choix, assez difficilement déchiffrables même s’il dirige plutôt très bien ses deux actrices principales.
Coup de coeur:

Les deux actrices principales

La date de sortie du film:

13.02.2013

Ce film est réalisé par

Brian DE PALMA

Ce film est tagué dans:

Thriller psychologique

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 La Critique


Cela faisait un sacré temps que l’on n’avait pas vu celui qui est pourtant l’un des auteurs les plus importants de ces trente dernières années, l’Américain Brian de Palma. En effet, depuis 2006 et son Dahlia Noir (film dont j’ai un plutôt bon souvenir), et mis à part son faux documentaire Redacted un an plus tard, De Palma avait déserté les plateaux de cinéma. On le disait fâché avec son pays d’origine qui n’a pas été tendre avec lui, notamment pour la sortie de son dernier film que beaucoup ont considéré comme une attaque en règle de l’armée américaine. Il n’est donc guère étonnant de le retrouver seulement cinq années plus tard dans un projet bien plus européen qu’américain puisque c’est une coproduction franco-allemande, qui plus est tournée à Berlin. C’est aussi et surtout le remake d’un film français (Crime d’amour), le dernier d’Alain Corneau, sorti il y a deux ans et demi et qui m’avait à l’époque particulièrement déplu. Passion est enfin une forme de retour aux sources pour un réalisateur qui s’est avant tout fait connaître pour ses thrillers psychologiques que certains qualifient d’« hitchcockiens ». Tous ces ingrédients mis bout à bout, de façon un peu éparse, je l’avoue, pouvaient-ils donner un vrai bon film ? Et bien, si Passion n’a rien de déshonorant, on est tout de même loin d’avoir un grand long métrage.

Clairement, Brian de Palma choisit de revisiter le film d’Alain Corneau et de ne pas le transformer en profondeur. La structure est la même avec deux parties assez distinctes : une première où le jeu pervers se met en place entre les deux personnages principaux, auxquels il faut ajouter deux rôles plus secondaires mais qui ont aussi une vraie importance dans tout ce qui se passe. Ensuite, après le meurtre, on rentre dans quelque chose d’assez différent, plus sur le mode du pur thriller ou du film policier. Et comme pour Crime d’amour, j’ai préféré la première partie à la seconde. Le scénario est donc toujours aussi bancal et c’est tout de même dommageable que De Palma n’ait pas plus que cela remédié à ce problème. Mais, bizarrement, ça passe un peu mieux ici. Sans doute parce que l’Américain a plus d’idées de réalisation que Corneau. Il est en effet plutôt bon pour mêler le rêve à la réalité, et pour un peu perdre le spectateur dans les recoins d’un scénario qui me semble tout de même toujours aussi nébuleux et tiré par les cheveux. Là où De Palma est assez intéressant, c’est dans la manière dont il donne une vraie importance à la séquence centrale du film. Elle est vraiment le pivot du film même s’il en fait quelque chose d’assez étrange avec ce split screen qui divise l’écran en deux entre ce qui se passe aux différents endroits et qui concernent les personnages principaux d’un côté et un ballet de l’autre. Alors, je dois bien avouer que je n’ai toujours pas véritablement compris ce qui se passait et que ça m’a plus interloqué qu’autre chose (surtout que, en soi, le ballet a le don de me fasciner tant je trouve cela complètement « hors du monde ») mais c’est tout de même une séquence qui se laisse largement regarder, et c’est même assez impressionnant sur le principe et dans la façon de faire.

La réalisation laisse tout de même beaucoup trop de place à mon goût à la musique. En plus, celle-ci est assez étrange puisqu’elle est dans un style qui ne correspond pas forcément à ce qui se déroule sous nos yeux. De Palma a aussi une petite tendance à être un peu trop démonstratif et à renforcer par pas mal d’effets de réalisation tout ce qu’il veut montrer. On frise même parfois l’overdose comme par exemple cette lumière passée par des stores qu’il nous ressort un trop grand nombre de fois. Les deux actrices principales s’en donnent en tout cas à cœur joie dans ce jeu de manipulation où chacun semble jouer un rôle. Rachel McAdams, dans un rôle un peu à contre-emploi par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir d’elle, se régale vraiment et joue parfaitement cette chef qui s’amuse avec délectation à la fois de ses subordonné(e)s mais aussi de tout le monde en général. Noomie Rapace, elle, a suffisamment de talent pour donner une vraie consistance à son personnage bien plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. Il faut quand même dire que le film repose principalement sur leurs épaules. Et elles s’en tirent très bien. Tant mieux car, dans l’ensemble, c’est un film qui ne m’a pas vraiment enchanté et qui m’a même laissé un peu sur ma faim. Car je persiste à penser qu’en gardant la première partie, en la développant un peu et en faisant une deuxième partie moins « grand-guignolesque », il y a vraiment quelque chose à tirer de cette idée de départ plus qu’intéressante. Allez, il n’y a pas un réalisateur prêt à en faire une nouvelle version. Et pourquoi pas une comédie musicale, après tout ?



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