La Critique
C’est décidé depuis bien longtemps : par principe, j’irai toujours voir les films réalisés par les studios Aardman, même si, comme c’est le cas ici, ils ne font pas forcément très envie. Ce sont ces animateurs qui ont fait Wallace et Gromit ainsi que Chicken Run, deux films d’animation restés assez cultes dans leur genre, tant par leur graphisme que par leur humour absurde et déjanté. La marque de fabrique de ce studio, c’est l’animation en stop motion avec des personnages et des décors en pâte à modeler mais aussi des répliques et des situations complètement hors de contexte. J’estime qu’il faut défendre cette production encore quelque peu artisanale contre vents et marées (c’est le cas de la dire). Même si pour ce Pirates (appelons-le comme cela, c’est plus simple), le studio a été aidé par les équipes de Sony Animations et même si tout le film n’a pas été fait selon leur technique ancestrale puisque le numérique a visiblement largement aidé pour les décors (et notamment la mer), il y a tout de même dans ce film le charme assez exquis de cette animation en pâte à modeler mais aussi celui de l’humour british tellement décalé et parfois vraiment hilarant.
Globalement, ce film s’adresse principalement aux enfants, sans trop d’autres niveaux de lecture. Il y a bien sûr quelques blagues mais aussi des références qui n’échappent pas à un public plus averti, mais la plupart des gags et la simplicité de l’histoire marquent très clairement le public visé. Alors, c’est vrai que ça ne vole parfois pas très haut, que les situations deviennent assez vite complètement irréelles (voir cette poursuite en baignoire dans une maison londonienne dont on a l’impression qu’elle a un nombre infini d’étages) mais les personnages sont plutôt amusants et funs. Je trouve personnellement que les scénaristes auraient plus pu jouer avec les pirates sous les ordres du Capitaine Pirate. Chacun a une caractéristique mais ils sont finalement assez peu exploités et c’est dommage, car, quand c’est le cas, les séquences sont plutôt drôles et assez originales. C’est vrai que sinon, on est dans un scénario extrêmement classique pour ce genre de films : le gentil a les yeux plus gros que la tête et tout le monde le quitte avant qu’il fasse une action insensée pour reconquérir le cœur de tout le monde. C’est donc sans surprise aucune mais bon, on ne s’ennuie guère tellement c’est rythmé. Mais il faut signaler cette esthétique vraiment intéressante apportée par la pâte à modeler. La 3D ne gène pas du tout cette animation particulière et en renforce même certains traits. Bref, dans l’ensemble, c’est pas mal.