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TimFaitSonCinema
A 60 ans, voici venu l’âge de la retraite pour Caroline, ancienne dentiste. Alors qu’elle a du temps libre et de nombreuses envies, son existence n’est pas si rose. Elle rencontre alors Julien, professeur d’informatique dans le club pour retraité « Les beaux jours »…
Verdict:
Un film plutôt sensible sur un amour interdit autant que sur la vieillesse et le sentiment de vide terrible que peut procurer la retraite. Fanny Ardant, bien qu’agaçante, y est étonnante, tout comme Patrick Chesnais et Laurent Lafitte, impeccables.
Coup de coeur:

Patrick Chesnais

La date de sortie du film:

19.06.2013

Ce film est réalisé par

Marion VERNOUX

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

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 La Critique


De Marion Vernoux, réalisatrice du film, je ne connaissais absolument rien, ce qui, en soi, n’est pas une mauvaise chose puisque cela évite de nombreux a priori avant même de visionner le long-métrage. J’ai appris par la suite qu’elle a été l’épouse à la ville de Jacques Audiard, réalisateur chéri du cinéma français ces dernière années mais surtout que, depuis 2004, elle n’avait plus réalisé pour le cinéma puisqu’elle n’avait mis en scène qu’un téléfilm pour Canal + en dix ans. Elle est donc de retour avec un film assez ambitieux et au casting assez détonnant puisqu’on y retrouve notamment Fanny Ardant, devenue de plus en plus rare dans le cinéma français (elle tourne surtout pour des réalisateurs italiens ces derniers temps), Patrick Chesnais, que c’est toujours un plaisir de voir évoluer et, pour l’une des premières fois dans un vrai grand rôle dramatique, Laurent Lafitte, qui a pu développer son potentiel comique dans de nombreux longs métrages ces dernières années. Tout ça pour nous raconter l’histoire d’une femme tout juste en retraite qui tombe sous le charme de son (beaucoup plus jeune) professeur d’informatique dans un club pour personnes âgées. On pouvait se demander si ce n’était pas encore un film de plus qui surfait encore sur la vague « cougar » comme Perfect Mothers ou 20 ans d’écart l’ont fait, chacun à leur manière. De toute façon, il faut bien avouer que sur le papier, ce film donnait plutôt envie même si, mal traité, un tel sujet pouvait vite s’avérer catastrophique. Et alors, finalement, qu’est-ce que ça peut bien donner ?

Bien plus qu’un film sur une femme « cougar », Les beaux jours propose une réflexion sur la retraite, le bouleversement que cet évènement peut amener ainsi que sur le temps qui passe en général et sur la vieillesse. Le titre est bien trouvé car c’est à la fois le nom du lieu où Caroline se redécouvre peu à peu dans sa relation aux autres mais aussi ce qu’est censée être la retraite après une vie de travail bien remplie. Pour elle, ça ne semble pas vraiment être le cas, comme on a pu le voir. En effet, cette femme qui a visiblement eu une vie professionnelle accomplie se voit démunie lorsqu’elle quitte son travail (alors que son mari, lui, exerce encore) et qu’elle se retrouve donc seule chez elle. Ses filles, qui ont pensé à elle, lui ont offert un forfait de découverte pour un club de personnes âgées qui propose toutes sortes d’activités (de l’œnologie à la poterie en passant par le théâtre). D’abord réfractaire à cette ambiance, elle va peu à peu s’y trouver bien et se faire des connaissances. Elle va surtout rencontrer Julien, le professeur d’informatique, avec qui elle va vivre une histoire d’amour particulière. Car, alors qu’elle semble redécouvrir d’une certaine façon un amour quand on en connaît tout jeune (elle ressemble parfois à une adolescente avec ses mensonges, ses cachoteries, son côté tête en l’air (le coup des pizzas) et ses petites folies), elle est face à un homme qui lui, a un comportement assez inattendu dans ce genre de films. Visiblement, s’il s’attache un peu à Caroline, celle-ci n’est qu’une de plus dans un tableau de chasse qu’il continue néanmoins d’alimenter pendant sa relation. On ne sait pas bien ce qu’il recherche avec cette façon de vivre et le film s’y intéresse finalement peu alors que ça aurait pu être un fil intéressant à creuser.

D’ailleurs il y a d’autres éléments qu’on aimerait voir aussi plus développés : c’est notamment le cas de la relation de Caroline à ses deux filles trentenaires. Des pistes sont évoquées mais jamais suivies d’effet, sans doute parce que cela n’a pas tant d’importance que cela dans le parcours de cette femme. Au cœur du film on trouve aussi quelques longueurs et certaines séquences un peu discutables, mais l’ensemble est tout de même bien tenu et la réalisatrice réussit à trouver une distance assez intéressante qui lui permet de garder face à son sujet un certain détachement. Elle nous offre aussi quelques jolis passages cinématographiques avec un vrai travail sur la photographie qui met parfaitement en valeur les différents comédiens et surtout Fanny Ardant. Cette dernière es assez incroyable dans ce film, avec ce rôle de cette femme pour qui la retraite est un moment extrêmement difficile à passer, d’autant qu’elle a perdu peu avant un être proche. Elle va donc tenter de redonner un nouveau sens à sa vie et cela passera par de nouvelles rencontres qui vont l’aider à se reconstruire. Personnellement, j’ai beaucoup de mal avec la voix de cette actrice et sa façon de s’exprimer en général. Il y a quelque chose dans sa diction qui m’agace profondément. C’est bien sûr personnel mais, tout en reconnaissant la grande performance de la comédienne, son jeu a eu du mal à vraiment me plaire à cause de cette particularité tout de même importante et qui, très vite, prend la tête plus qu’autre chose. Face à elle, on trouve un Patrick Chesnais toujours assez formidable, qui joue ici un personnage dans une situation pas évidente mais qui s’en tire à la fois par une certaine élégance et un sens de l’humour à froid décapant. Enfin, le troisième personnage, cet homme plus qu’ambigu dans sa relation aux femmes en général et à Caroline en particulier, est joué par Laurent Lafitte, au look assez improbable (avec son bouc) mais parfaitement juste dans ce rôle compliqué. Ces trois comédiens, performants ici, donnent vraiment vie à un long métrage qui, s’il manque de pas mal de choses pour faire un vrai très bon film, n’en reste pas moins un long-métrage de qualité.



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