La Critique
Le Skylab démarre dans une joyeuse ambiance, celle des retrouvailles en famille. Tout le monde arrive chacun son tour, ce qui permet de présenter les personnages de façon rapide. C’est un peu foutraque, ça part dans tous les sens, il y a des discussions parallèles, mais c’est plutôt sympathique pendant une demi-heure. Cette façon de faire nous permet au moins de nous habituer à chacun de ces personnages qui vont vivre ensemble pendant même pas deux jours. Chaque spectateur reconnaîtra quelqu’un de sa famille (une tante gauchiste, un grand oncle zinzin ou un cousin ado qui se la raconte). L’autre enjeu de cette première partie est aussi de faire venir peu à peu tous les acteurs et actrices qui composent le casting. Il faut dire qu’il y a du lourd (Elmosnino, Bonneton, Ménochet, Atika, Delpy herself) et que chacun aura droit à sa scène, de façon plus ou moins artificielle.
Les choses se mettent en place comme ça et, il faut le dire, la première partie du film est plutôt agréable et enjouée. Ca ne casse pas trois pates à un canard mais ça a le mérite de se laisser regarder et de faire sourire… Mais, assez vite, les choses se gâtent. Les longueurs se font de plus en plus présentes, l’énergie du départ se dilue et tout paraît beaucoup moins funky. D’abord, les ressorts de réalisation n’évoluent pas et deviennent avec le temps un peu usés, les histoires entre les frères et sœurs deviennent de moins en moins crédibles et Julie Delpy insiste sur certaines scènes pas forcément utiles, du moins pas avec cette longueur. C’est notamment le cas de la boum qui est vraiment interminable alors que ce n’est pas forcément l’épisode le plus décisif. Bref, on perd à la fois en crédibilité et en rythme et le long-métrage perd de son intérêt. Il se referme alors de façon un peu étrange, dans l’indifférence, comme si le scénario avait été un peu bâclé.
Le Skykab représente donc une forme de paroxysme de ce que peut être une comédie honnête à la française. On passe un bon moment devant, on ne peut pas dire le contraire, même si tout est loin d’être parfait. Mais deux jours plus tard, on a presque oublié qu’on était allé voir ce film et on se dit : « ah, oui, ce film avec les histoires de famille ! ». Penser cela, n’est-ce pas pire que d’avoir un avis vraiment tranché, positif ou négatif sur le film ? Je ne suis pas loin de le penser. Mais bon, tout le monde ne peut pas faire des films marquants et parfois, pour ne pas se prendre la tête, ce genre de long-métrage est nécessaire. Mais il ne faudrait pas non plus faire que ça.