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TimFaitSonCinema
Charlie rentre tout juste au lycée mais il est d’une rare timidité, il vient de vivre un drame et il a beaucoup de mal à s’intégrer. Patrick, en dernière année, et sa demi-sœur, Sam, vont le prendre sous leur aile pour lui permettre de s’ouvrir.
Verdict:
Dans la lignée de nombreux films indépendants américains, Le monde de Charlie n’est pas un long métrage déplaisant mais il n’y a pas non plus grand-chose à véritablement en tirer, si ce n’est la performance assez géniale d’Ezra Miller.
Coup de coeur:

Ezra Miller

La date de sortie du film:

02.01.2013

Ce film est réalisé par

Stephen CHBOSKY

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

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 La Critique


Le cinéma américain actuel a ceci de bien qu’il nous offre en même temps de vrais blockbusters, financés complètement par les grandes majors et où le réalisateur a plus ou moins de latitude mais aussi des long-métrages indépendants. Indépendants, pourquoi ? Parce qu’ils ne sont pas produits par les grands studios, justement. Il y a toujours une forme de bataille presque idéologique entre les deux même si, parfois, la limite est un peu dure à véritablement tracer. Il y a quand même toute une frange de ce cinéma qui se revendique complètement « indé » et qui en utilise tous les codes, au risque que ça devienne un peu trop visible. Si vous voulez un exemple type, Le monde de Charlie est une très bonne explication de cet état de fait, tant dans la façon de réaliser que dans la distribution même. A partir de son propre livre (et on peut dire sans trop s’avancer, de sa propre vie, du moins en partie), Stepen Chbosky tire un film qui lie une pure actrice de blockbuster obligée de passer à autre chose (Emma Watson), un vrai acteur issu de la « filière indépendante » et qui en devient l’un des étendards (Ezra Miller) et un dernier qui fait un peu la jonction (Logan Lerman). Et cette sorte de fusion donne un film qui, s’il se laisse regarder, ne déplace pas non plus des montagnes, loin de là.

Pendant une année scolaire, on suit donc la vie de ce jeune homme de quinze ans qui découvre le lycée après un été qui l’a vu connaître un drame personnel. En même temps, c’est surtout la vie qu’il va apprendre. Ainsi, on peut parler du Monde de Charlie comme d’un véritable film d’apprentissage. En huit mois, il va connaître ses premiers émois amoureux, la découverte de vrais amis, tout cela en essayant de régler ses propres problèmes personnels : bref, c’est le passage de l’âge enfant à l’âge adulte en accéléré. D’ailleurs, le scénario insiste bien sur cet aspect puisque tous les passages obligés d’une année y passent et ils sont parfois montrés de façon un peu trop nette (la messe de Noël puis celle de Pâques par exemple, les différents bals du lycée…). Mais, le problème principal, c’est qu’en une grosse heure et demie, c’est un peu compliqué de faire tenir toutes les évolutions que connaît ce jeune personnage. Il y a donc des coupes et des passages vraiment raccourcis. Le réalisateur ne s’intéresse qu’à certains passages clés. Et tout cela donne une drôle d’impression que je pourrais résumer ainsi : à la fin du film, on a presque le sentiment d’avoir assisté à un long résumé de ce qui pourrait être une série. Il y a en effet tout dans cette histoire pour en faire de nombreux épisodes : des personnages plutôt attachants et avec chacun leur caractère, des histoires d’amour croisées, des fêtes alcoolisées, des parents un peu absents, des frères et sœurs, des vrais questions… En insistant un peu plus sur l’aspect purement scolaire (complètement absent dans le film), on tient un très bon script qu’il ne reste plus qu’à un peu étoffer…

Ce côté presque résumé fait que l’histoire de ce jeune homme n’a pas vraiment le temps d’être ennuyeuse (il se passe assez souvent quelque chose même si certains épisodes sont redondants) mais, en contre partie, elle n’est pas vraiment très intéressante car tous les aspects de sa vie sont un peu traités de manière superficielle. Parce qu’en plus, entre sa grande sœur, son frère, ses problèmes personnels, ses parents, son prof, ses amis,… il y a un nombre très important d’éléments qui sont évoqués mais pas toujours développés. Ca en devient même parfois un peu le bazar tant les sujets sont lancés sans être suivis par la suite. Cela donne un rythme assez étrange qui, par moments, n’avance pas beaucoup et qui, à d’autres, file à la vitesse du vent. Du côté des acteurs, on peut se demander pourquoi, comme toujours dans les films et séries de l’autre côté de l’Atlantique, il faut que ce soit des acteurs beaucoup plus âgés que les personnages qu’ils interprètent (ici 20 ans pour 16 ans). C’est une manie que j’ai du mal à m’expliquer sinon qu’ils ont besoin d’acteurs un peu plus confirmés pour jouer leur rôle ou qu’ils ne font pas confiance à des plus jeunes. Mais sinon, ce Logan Lerman est pas mal, alors qu’Emma Watson assure tranquillement, sans trop faire de vagues, il faut bien le dire. Elle doit aussi se faire une place à côté d’Ezra Miller qui prouve film après film (notamment Another Happy Day) qu’il est bien l’un des jeunes acteurs à suivre en ce moment.

Mais ce qui m’inquiétait le plus avant de voir ce film, c’était le fait que ce soit l’écrivain lui-même qui adapte son livre, de plus quand on sait que celui-ci est en partie autobiographique. En effet, ce type d’expérience ne m’a jamais semblé très heureux car je trouve qu’il y a un manque évident de recul sur ce qu’on a soi-même écrit. Là, on sent que Stephen Chbosky y met beaucoup de lui, parfois un peu au détriment de sa propre histoire. Il tombe d’abord dans le piège de l’adaptation de roman qui est pleine de voix-off. Forcément, c’est un peu compliqué de passer à côté mais, tout de même, elle est ici un peu trop présente et on a vraiment l’impression qu’elle remplit gentiment les passages que le scénario ne veut pas développer, ce qui est toujours agaçant. Mais ce qui m’a le plus gêné dans la façon de faire du réalisateur, c’est sa manière de montrer de façon parfois beaucoup trop nette qu’il veut faire un film indépendant, dont il utilise beaucoup de codes (le type de musique, des scènes un peu moins classiques au milieu d’un ensemble plutôt conventionnel). Ca clignote parfois tellement de partout que c’en est presque suspect. Mais bon, Le monde de Charlie permet de passer un moment plutôt pas désagréable mais qui est loin d’être inoubliable. Comme la plupart des films américains qui se revendiquent clairement comme indépendants que j’ai pu voir ces derniers temps, d’ailleurs…



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