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TimFaitSonCinema
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LE GRAND SOIR

Deux frères que tout oppose (l’un est punk et l’autre est un employé bien sage d’une marque de literie), un licenciement qui tourne mal, des révélations familiales… Tout pour essayer de faire [i]le grand soir[/i].
Verdict:
Un film qui part dans tous les sens et qui manque parfois de maîtrise. On peut aussi estimer que c’est fidèle à la mouvance punk. Les deux acteurs y sont assez géniaux et notamment un Benoît Poelvoorde en très grande forme.
Coup de coeur:

Benoît Poelvoorde

La date de sortie du film:

06.06.2012

Ce film est réalisé par

Gustave KERVERN Benoît DELEPINE

Ce film est tagué dans:

Comédie

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 La Critique


Trois ans après un film – Mammuth – qui, sans m’avoir complètement plu, m’avait plutôt touché, l’un des duos les plus déjantés du cinéma français (si ce n’est le plus) revient avec Le grand soir. Celui-ci a provoqué un gros buzz le mois dernier à Cannes. Normal étant donné que ces deux réalisateurs viennent de la famille Canal+, et même « plus que ça », puisqu’ils font partie prenante de l’aventure grolandaise, son monde décalé et son humour loufoque. Il est tout de même reparti avec le Prix spécial du jury dans la sélection Un certain regard, preuve que le grabuge autour du long-métrage n’est pa totalement immérité. Cette fois-ci, plus de Gérard Depardieu (si ce n’est une mimi-apparition lunaire) mais un couple d’acteurs plutôt rôdé aux films un peu décalés : Benoît Poelvoorde d’un côté et Albert Dupontel de l’autre. Comme toujours dans les films de ces deux réalisateurs, ils sont entourés par une galerie de personnages secondaires au premier rang de laquelle on trouve Brigitte Fontaine ou encore Miss Ming (sorte d’égérie du duo) pour des apparitions souvent improbables. Mais est-ce que tout cela donne le grand film ?

Le grand soir est, encore plus que Mammuth, un film à sketchs. En effet, de nombreuses séquences se suivent avec des rencontres de personnages différents, sans qu’il y ait forcément une évidence dans la continuité des évènements. S’il fallait trouver un fil conducteur, ce ne serait pas forcément dans l’histoire entre ces deux frères, mais plutôt dans l’endroit où presque tout le film se passe : une sinistre zone commerciale de banlieue comme la France sait si bien en faire. C’est là que les deux personnages principaux auront la plupart de leurs aventures, dans certains magasins mais aussi à l’extérieur. Seule une petite virée hors de cet espace « clos » leur permettra de prendre un peu d’oxygène dans une campagne qui semble l’exacte opposée de cette zone commerciale, même si ce qui s’y déroule n’est pas forcément plus gai, loin de là. Ainsi, Le grand soir pourrait presque être assimilé à un « film de décors », puisque cet endroit est filmé comme un personnage à part entière. Il semble en tout cas avoir une réelle influence sur chacun des protagonistes. Il est source de rébellion pour l’un des frères, de « socle » pour l’autre ou encore de désenchantement pour les parents,… Sinon, l’histoire en elle-même est tout de même beaucoup trop foutraque à mon goût.

En effet, ça part clairement dans tous les sens. Il y a un enchaînement de mini-scènes plus ou moins loufoques et sans forcément de lien évident entre elles. On ne voit pas bien où ça veut en venir et c’est, sur le principe, assez agaçant. Il y a une succession de passages plus ou moins « sérieux » dont certains sont tout simplement lunaires. On ne sait parfois pas bien ce qu’ils font dans ce film. C’est par exemple le cas de tous les passages de concert des Wampas. Ils n’apportent absolument rien au film dans son ensemble, sauf à être la preuve de l’esprit punk de l’un des frères. Mais il n’y a pas besoin de cela pour s’en rendre compte. Il faut dire aussi que les deux réalisateurs aiment faire évoluer de sacrés personnages dans leurs films. Cela donne une couleur souvent un peu surréaliste à des scènes qui pourraient être normales si ce n’était pas eux qui les mettaient en scène. Il faut avouer que c’est parfois extrêmement drôle. Mais je trouve que, par rapport à leur film précédent, il manque, en plus d’un fil conducteur un peu plus tenu, une vraie tendresse à la fois pour les situations mais aussi pour tous ces personnages. Là, on n’a pas forcément envie de s’y attacher comme à cet homme parti à la recherche de ses documents d’emploi, figure centrale de Mammuth. En voulant peut-être un peu trop aller du côté de l’« idéologie » punk, les deux réalisateurs se sont, à mon sens, un peu égarés et ont perdu justement ce qui pouvait faire leur force : cette forme de tendresse dans l’absurde. Et c’est quelque peu dommage. Malgré tout, ce film se laisse regarder et on ne s’y ennuie (presque) pas. C’est surtout du à la présence de deux acteurs assez formidables avec Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel. Ils s’inscrivent parfaitement dans cet univers assez étrange et le comédien belge est vraiment incroyable en « punk sur le retour » pas du tout adapté à la société actuelle.



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