Pour un sujet « casse-gueule », c’en était un. Il y a a priori tout pour faire soit un mauvais téléfilm sur le combat contre l’alcool avec tout le lot de sentimentalisme et de pathos qui va avec. Philippe Godeau, dont c’est la première réalisation, réussit à franchir cet écueil avec pas mal de maîtrise. Néanmoins, le réalisateur, en voulant parfois trop forcer le trait, a des manies un peu agaçantes : la caméra à l’épaule pour évoquer les moments de souvenir de l’alcoolisme, ça va une ou deux fois, mais, à la fin, le mécanisme devient un peu trop lourd. De plus, la façon de bien marquer le début (image de flou) et la fin (un appel à un nouveau départ) est un peu trop surlignée.

Sinon, la direction d’acteurs est vraiment réussie avec un François Cluzet assez magistral, une Mélanie Thierry qui rend parfaitement la complexité de son personnage (mi-femme / mi-adolescente) et un Michel Vuillermoz toujours aussi performant. Cela permet d’offrir une galerie de personnage qui donne une réelle vie à ce lieu qui sera finalement le seul de ce film, cet hôtel qui accueille la cure. Mais, ce qui est un peu dommage dans ce film, c’est finalement le fait que le personnage central lui-même est assez peu creusé et qu’on a presque l’impression qu’il arrête de boire uniquement grâce à ses nouveaux camarades. Ses motivations profondes, qui ne doivent pas être nulles, ne me semblent pas assez évoquées, et c’est un peu dommageable pour le film en lui-même et aussi pour le message qu’il véhicule, qu’il est ici très difficile de dissocier.