Toggle navigation
TimFaitSonCinema
Gwynplaine a été défiguré très jeune : une cicatrice donne l’impression qu’il rit en permanence. Abandonné de tous, il est recueilli avec Déa, orpheline aveugle, par Ursus, un forain qui va faire de leur vie un spectacle dont Gwynplaine devient vite une vedette que tout le monde s’arrache.
Verdict:
Trop démonstratif et outrancier, cette adaptation du roman de Victor Hugo est en grande partie ratée. Il n’y a pas grand-chose à en tirer, et même le jeu d’acteurs ne sauve pas vraiment l’ensemble. Première (grosse) déception de l’année.
Coup de coeur:

Le maquillage

La date de sortie du film:

26.12.2012

Ce film est réalisé par

Jean-Pierre AMÉRIS

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

Chargement...


 La Critique


Pour bien débuter l’année 2013 au cinéma, je me disais qu’il n’y avait rien de tel que le dernier film réellement intéressant de l’année précédente et que je ‘avais pas eu le temps d’aller voir. Une adaptation de Victor Hugo est forcément un évènement, puisqu’on tient là l’un des plus grands auteurs (si ce n’est tout simplement le plus grand) Français de l’histoire. Je n’ai jamais lu L’homme qui rit mais je connaissais cet ouvrage comme l’une des œuvres les plus importantes de son auteur, notamment pour son pan politique et philosophique. Jean-Pierre Améris, un lyonnais qui s’occupe de ce livre du bisontin le plus célèbre, c’est forcément plus qu’intéressant surtout que le réalisateur m’avait plutôt charmé avec ses Emotifs anonymes et son côté volontairement « vieux jeu » et intimiste. Là, il s’attaque à quelque chose de plus ambitieux, peut-être, mais surtout, de plus conséquent tant dans le fond que dans la forme. Et, à mon goût, il ne réussit pas du tout ce qui pourrait s’apparenter à un grand écart. Cela donne à cet Homme qui rit un aspect beaucoup plus triste qu’autre chose.

Ce qui est peut-être le plus impressionnant, c’est que je n’ai pas lu le livre et que je n’en connais même pas l’histoire véritable mais j’ai senti pendant tout le film que le scénario passait à côté d’un grand nombre d’éléments. En effet, de nombreuses pistes sont lancées maladroitement sans être suivies d’effet ou d’autres pourraient être exploitées et ne le sont pas. Il y a visiblement tout l’aspect politique qui est évacué, si ce n’est dans ce passage au Parlement qui est bien plus pathétique qu’autre chose, car il tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et ne s’inscrit donc aucunement dans le récit. D’ailleurs, faire un film d’une heure et demi sur un bouquin d’environ 700 pages prouve qu’il y a forcément un problème quelque part. Ce qui intéresse visiblement les scénaristes, c’est vraiment le destin de cet « homme qui rit », mais de façon un peu détachée du contexte. D’ailleurs, on suit Gwynplaine de son enfance jusqu’à sa mort. Il porte sur lui les horreurs qu’il a subies. Mais son destin n’est pas vraiment intéressant car, justement, le scénario oublie tout ce qu’il représente et l’image de quoi il est dans ce monde qui semble un peu à part et dur à définir tant dans le temps que dans l’espace. En tant que spectateur, on le suit, parce qu’on est bien obligé mais ses aventures ne nous intéressent finalement guère, car elles sont trop déconnectées de tout ce qui se passe autour.

Ce problème vient aussi du manque d’incarnation des héros de cette histoire. Si on excepte un peu Gérard Depardieu qui essaie un peu de se donner (même si je ne comprends pas la moitié de ce qu’il dit), les trois autres personnages principaux sont plutôt mal interprétés ou, en tout cas, mal dirigés. Christa Théret semble toute perdue, Emmanuelle Seigner en fait des tonnes et Marc-André Grondin ne parvient pas à relever le niveau en restant particulièrement et tristement neutre alors que son personnage extraordinaire aurait mérité un bien autre traitement. Et l’autre souci, c’est que par rapport à ces gros trous dans le scénario qui impliquent sans doute aussi ces problèmes de jeu, la réalisation, elle, est beaucoup trop démonstrative et outrancière, comme pour contrebalancer ces faiblesses. Tout, absolument tout, est surligné, notamment avec un usage beaucoup trop important d’une musique qui plombe plus qu’autre chose la plupart des scènes. Enfin, l’esthétique choisie par le réalisateur est d’une laideur sans nom. On peut se dire qu’il y a là un vrai choix artistique qu’il faut saluer mais c’est très moche à l’œil du spectateur… Toute image est passée à travers une sorte de filtre gris/marron et les décors sont la plupart du temps très sombres. Ceux-ci ne sont pas réussis et ils sont même en carton pâte puisqu’on voit clairement à un moment une tombe bouger quand un personnage s’assoit dessus. Vraiment, ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un tel massacre visuel. Et cela jusqu’au bout puisque la dernière séquence est absolument terrible, tant sur le fond que la forme d’ailleurs, avec musique et tout le tintamarre. Dernier symbole d’un film qui passe largement à côté de son but, s’il en avait un…



 Rédiger Un Commentaire