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TimFaitSonCinema
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APRÈS MAI

En 1971, Gilles fait partie avec d’autres amis de son lycée, est complètement pris dans l’effervescence politique. Mais, alors qu’il se cherche encore sur le plan personnel, les expériences qu’il va vivre vont le changer.
Verdict:
En soi, le sujet du film n’est pas forcément inintéressant (encore que…) mais, alors, traité de cette façon, par contre,… Olivier Assayas se rate sur à peu près toute la ligne, du scénario à la direction d’acteurs, en passant par certains aspects de la réalisation. Après mai ? Le désenchantement…
Coup de coeur:

Quelques jolis mouvements de caméra

La date de sortie du film:

14.11.2012

Ce film est réalisé par

Olivier ASSAYAS

Ce film est tagué dans:

Drame historique

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 La Critique


Olivier Assayas fait partie de ces réalisateurs français devenus un peu « mythiques » dans les milieux cinéphiles français depuis pas mal d’années. En plus de son passé de critiques aux Cahiers du Cinéma, Assayas a depuis plus de vingt ans une filmographie assez riche mais pas forcément très connue du grand public. Carlos, le film-série sur le célèbre terroriste diffusé il y a deux ans à la télé et au cinéma l’a sans doute un peu plus fait connaître (moi j’ai vu la série, et je n’ai pas trouvé ça super). Personnellement, je ne me suis jamais aventuré à aller voir un de ses films (bien que ce ne soit pas non plus une aventure trop dangereuse) mais je n’ai jamais trop été tenté par les sujets qu’il abordait. Cette année, ayant un peu de temps, je me suis motivé pour visionner son nouveau film, Après mai, précédé d’une drôle de réputation puisque la critique est assez divisé et le long-métrage a tout de même remporté le Prix du Scénario au Festival de Venise en septembre dernier. Personnellement, je n’y croyais pas énormément, surtout parce que le thème du film ne me bottait pas des masses. Mais bon, je pouvais toujours espérer une surprise. Si surprise il y a eu, ça a plutôt été dans le sens inverse. Honnêtement, je ne pensais pas que ça serait aussi médiocre, pour ne pas dire mauvais…

En fait, ce film a un vrai problème qui tient en peu de mots : Assayas, dans Après mai, montre des choses (il y a quand même deux heures de films) mais il ne dit absolument rien. Il n’y a dans son film aucun but ni aucune finalité. Le spectateur se voit étalé devant lui la vie de trois ou quatre jeunes épris d’idées révolutionnaires de cette époque-là, à la fois dans leur vie personnelle et « collective » (dans le sens « lutte collective »). Alors, pendant une demi-heure, c’est plus ou moins intéressant et on se dit (il faut toujours être optimiste) que le scénario pose tranquillement ses jalons et qu’il va bien finir par se passer quelque chose. Le problème c’est qu’une heure et demie plus tard, et bien… on attend encore. Au bout de deux heures d’un tel spectacle, on a l’impression que ça pourrait continuer longtemps comme cela mais, grâce au ciel, ça s’arrête de façon assez brutale et un peu incompréhensible, qui n’est pas forcément pour me déplaire cette fois-ci. Le problème fondamental est que les différents personnages qu’il suit sont, honnêtement, assez inintéressants et insignifiants. Oui, ils se posent des questions, oui, ils sont dans une forme de recherche, mais on ne nous montre même pas tant que cela cette quête de soi. On a plutôt droit à une succession de scènes censées montrer l’évolution des aspirations de ces jeunes qui se perdent et se retrouvent (avec toujours la même tête blasée) mais qui, en fait, sont la plupart du temps très plates et sans aucun intérêt. Tout cela parfois entrecoupe dé discours ou de bouts de films à caractère révolutionnaire. Il y a alors une vraie question qui me taraude : comment a-t-on pu sérieusement donner le Prix du Scénario à Venise cette année ? Soit c’est une blague (douteuse), soit je suis vraiment très inquiet sur le reste de la sélection. Parce que, honnêtement, j’ai rarement vu un scénario aussi plat et qui mettait aussi peu en valeur son sujet de départ, qui, pourquoi pas, bien traité, pourrait être intéressant. Le début des années 70 est en effet une période de bouleversements et de questionnements. Mais de tout cela, Après mai nous prive largement.

Là où le film d’Assayas devient même agaçant, en plus de ne pas être passionnant, c’est dans la façon dont le réalisateur ne fait pas dans la demi-mesure pour bien montrer la différence entre les scènes où les personnages sont dans la « lutte » (caméra au poing, montage frénétique) et celles où ils se posent des questions et dessinent (mouvements de caméra très fluides, plans relativement longs). Alors, oui, c’est bien de montrer une dualité certaine mais, d’après moi, c’est surtout dans ce lien entre les deux façons d’être et d’agir qu’il y avait véritablement moyen à faire quelque chose d’intéressant. A autant les dissocier, cela fait perdre beaucoup de ce qu’était véritablement cette époque. Au bout d’un moment, vu que je commençais sérieusement à m’embêter devant cette succession de scènes sans intérêt, je me suis vraiment la seule question qui vaille dans ses moments : pourquoi ? Pour quoi faire ce film alors que l’on n’a quasiment rien à dire. La seule réponse crédible que j’ai trouvée, c’est de me dire que le réalisateur a voulu se replonger dans le début des années 1970, en mettant en scène des personnages qui ont l’âge que lui avait à cette époque là. Alors, c’est vrai, il doit se faire plaisir : bande-son, reconstitution,… A ce niveau-là, c’est plutôt pas mal, mais, à ce que je sache, on ne fait pas un film avec un décor, aussi réussi et stylisé soit-il. Il est nécessaire d’avoir tout de même un minimum de fond.

Et ce qui est presque encore plus embêtant, c’est que le réalisateur n’est pas un manche, loin de là. Certaines séquences sont bâclées, oui, mais sur certaines autres, il montre qu’il est capable de plutôt bien maitriser son sujet. Quelques plans sont ainsi assez jolis et certains mouvements de caméra peuvent même valoir le détour. Mais au service de quoi ? On en revient toujours à la même question. Surtout qu’en contrepoint, il y a vraiment des passages où on est tout près du très grand n’importe quoi et qu’on ne comprend pas bien ce que ça fait au milieu du film. Et le dernier problème (mais pas le moindre comme disent nos amis anglais) se situe clairement au niveau des acteurs. Tous (ou presque) sont débutants et bien, malheureusement, ça se voit un peu trop. Clément Métayer, qui joue Gilles, est juste exaspérant à faire toujours la même tête de Droopy. Il ne donne aucune émotion à son personnage, rien de chez rien. Ca n’aide pas pour essayer d’apprécier un minimum ces grands adolescents que l’on est obligé de suivre. Même Lola Créton, la seule actrice non débutante, passe complètement à côté de son sujet. Au final, Après mai n’est pas loin d’être un film particulièrement désolant. Cela faisait en tout cas un certain temps que je ne m’étais pas autant posé de questions pendant le film sur le processus de fabrication. Et ça, ce n’est pas forcément rassurant.



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