Toggle navigation
TimFaitSonCinema
13 / 20  (0)

A TOUCH OF SIN

Au plein cœur de la Chine d’aujourd’hui, on suit quatre histoires d’hommes et de femmes qui vont être confrontés à la violence et qui vont la faire subir aux autres. En creux se dessine un portrait d’un pays en plein développement économique et où la société dans son ensemble évolue aussi de manière très rapide.
Verdict:
Un film qui, bien que réussi formellement et traversé de fulgurances épatantes, n’est pas parvenu à vraiment me séduire car je ne suis pas vraiment rentré dedans. Je reconnais sans souci le talent du cinéaste mais il me laisse beaucoup trop froid.
Coup de coeur:

Quelques scènes visuellement sublimes

La date de sortie du film:

11.12.2013

Ce film est réalisé par

Jia ZHANG-KE

Ce film est tagué dans:

Drame

Chargement...


 La Critique


Il y a maintenant un certain temps (j’étais encore tout « jeune » dans le visionnage « intensif » de film), un film de Jia Zhang Ke (Still life) m’avait un peu traumatisé et a longtemps constitué pour moi une forme de stéréotype absolu du film totalement incompréhensible et surcoté. Car il avait remporté le Lion d’Or à Venise et était encensé par la critique. Mais je n’y avais absolument rien compris et ça m’était passé un peu au-dessus de la tête (sans parler de la fameuse scène où un bâtiment se transforme en fusée, scène qui reste encore aujourd’hui un des mystères les plus indéchiffrables du cinéma contemporain). Encore un peu sous le choc et dans le souvenir de Still life, j’avais laissé passer son film de fiction suivant (24 city), de peur d’être de nouveau déçu (et aussi un peu pour « protester »). Faisant parti de ces réalisateurs qui sont (presque) toujours sélectionnés au Festival de Cannes, Jia Zhang-Ke y a présenté en mai dernier son nouveau long métrage, qui a été très bien reçu par la critique et qui a attrapé au passage le Prix du scénario (ce qui n’est pas anodin). Depuis, les avis sont toujours aussi unanimes concernant ce film, ce qui n’était pas forcément pour me rassurer plus que cela. Mais il fallait bien se motiver, essayer d’oublier la fusée, et aller voir ce que ce A touch of sin donnait. Ce fut chose faite, un soir tard (donc pas forcément dans les meilleures conditions), et avec un a priori assez défavorable. Finalement, ce film ne m’a pas déçu autant que je le craignais et a même un intérêt qui n’est pas négligeable et un côté par moments assez fascinant. Par contre, je ne ferai pas comme la grande majorité des critiques qui font de ce long métrage presque un chef d’œuvre absolu.

Ce qui ma le plus marqué dans A touch of sin, c’est la manière dont il mixe plusieurs genres. En effet, c’est compliqué de le définir car c’est autant un drame (les hommes face à une société qui est violente envers eux), un polar (de nombreuses scènes d’action sont présentes) mais aussi un documentaire car c’est un long métrage qui dit énormément sur la Chine d’aujourd’hui. D’ailleurs, à ce propos, je me demande comment il a pu passer le cap de la censure qui sévit encore durement dans ce pays car ce n’est pour le moins pas un portrait reluisant qui est donné ici. Corruption, prédominance de l’argent, violence toujours présente…, autant de maux qui semblent ronger de l’intérieur une Chine que l’on ne voit finalement que très peu florissante ici mais plutôt comme étant pris d’une sorte de folie des grandeurs (paysages presque dévastés avec des ponts pas terminés ou des villes presque déshumanisées). De ce côté-là, A touch of sin est une vraie réussite et est un « document » précieux pour comprendre les évolutions majeures de cette société. Chacun à leur manière, les quatre personnages y sont confrontés et tous vont trouver dans la violence une réponse à leurs maux. Parce que la violence n’est pas que physique, elle est aussi (et peut-être surtout) sociale, psychologique et, en tout cas, insidieuse. Elle semble être quelque chose qui est inhérent à tous ces brusques changements. C’est à chaque fois dans de véritables pics que cette brutalité apparaît et certaines séquences sont donc presque choquantes de sauvagerie. Dans sa réalisation, Jia Zhang-Ke insiste en plus beaucoup sur ces scènes clés en leur donnant à chacune un aspect singulier. C’est presque parfois trop mais c’est aussi une façon de bien faire comprendre les enjeux qui sous-tendent ce qui se passe aujourd’hui en Chine.

S’il y a quatre histoires, elles ne sont pas véritablement séparées car elles s’enchaînent de façon presque imperceptible avec un personnage que l’on retrouve à un endroit par hasard et dont on suit progressivement le cheminement, presque sans que l’on s’en rende compte. En ce sens, c’est vrai que le scénario est assez fin, bien qu’il ne soit pas non plus génial. Ce qui me chagrine un peu, c’est cette façon de faire telle que les personnages apparaissent presque comme des marionnettes, qui sont ballotées par une forme de fatalité : c’est bien évidemment la société qui est en cause, et notamment le capitalisme qui implique forcément un dérèglement des valeurs. Ainsi, chacun des quatre protagonistes n’est plus vraiment un humain mais une figure particulière du travailleur dans ce système. Et cela implique que l’on a du mal à vraiment avoir des sentiments pour chaque personnage et, donc, à s’accrocher à l’histoire dans sa globalité. Car c’est là que, pour moi, le film atteint ses limites : à force d’être presque trop « théorique », il en devient presque froid (comme ses plaines enneigées filmées avec délice par le réalisateur). Personnellement, je n’ai vraiment pas réussi à véritablement rentrer au cœur du film : j’ai suivi chacun des personnages mais avec un regard beaucoup trop extérieur pour que j’y trouve mon compte. En fait, c’est un long métrage qui ne me transporte aucunement et c’est un peu embêtant. Pour autant, et c’est peut-être paradoxal, Jia Zhang-Ke livre un film formellement réussi (et même plus que cela à certains moments). C’est tout à fait maitrisé, quelques séquences sont absolument fascinantes (le feu d’artifice par exemple) et, dans l’ensemble, on ne s’ennuie jamais véritablement (cela vient aussi de la structure avec quatre histoires qui se succèdent). Mais bon, tout cela ne suffit pas toujours et là, il m’a clairement manqué quelque chose pour réellement être séduit par ce film. Mais c’est bien supérieur à Still life que j’avais considéré à l’époque comme véritablement terrible à regarder. C’est déjà ça !



 Rédiger Un Commentaire