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COUPE DU MONDE 2014 : LE PREMIER TOUR - LES BLEUS

 L'Article


Les Bleus


Trois matchs, sept points, huit buts marqués, deux encaissés. La première place du groupe. Aucun joueur suspendu ni blessé pour la suite de la compétition. Voilà pour les chiffres bruts de la France lors de ce premier tour de la Coupe du Monde.

Sur le papier, ce n’est pas loin d’être parfait et cela permet d’éviter en huitièmes de finale le gros client qu’est l’Argentine et d’avoir donc un adversaire plus « facile » (même si nous reviendrons là-dessus). Et puis il y a tout ce que les chiffres ne disent pas : cet enthousiasme qui envahit le pays, parfois au risque de friser un peu l’irrationnel, cette confiance qui semble habiter ce groupe et son sélectionneur,…

Alors, oui, on peut rêver pour la suite de la compétition. Mais il faudra faire très attention. Notamment parce que ça reste du football, avec tout ce que ça a parfois d'injuste, de terrible ou de frustrant…

Il est quand même temps de faire un petit bilan de ces trois premiers matchs de notre équipe de France préférée.

LE JEU :

UNE ATTAQUE DE FEU MAIS UN ÉQUILIBRE ENCORE À TROUVER

 

Si l’on excepte un peu ce dernier match d’hier soir, qui, bien que tout le monde s’en défende, était un peu à part (nous étions quasiment sûrs d’être qualifiés et l’équipe avait beaucoup changé), c’est bien la force offensive des Bleus qui a marqué lors de ce premier tour. En effet, avant les matchs de ce soir, la France est l’équipe qui a le plus tiré au but depuis le début de la Coupe du Monde avec 63 tentatives (pour un ratio de 16%), dont 21 pour le seul Karim Benzema. C’est absolument énorme et ça doit être à peu près équivalent au nombre de tirs de l’équipe de France sur la période entre l’Euro 2008 et la Coupe du Monde 2010. Cela vient à la fois du mouvement intense des joueurs offensifs, de l’apport non négligeable des milieux aux phases d’attaque (Matuidi, Pogba ou Sissoko), de la grande forme de l’avant-centre titulaire (Benzema, trois buts deux passes) et aussi un peu, il faut bien le dire, de la faiblesse des adversaires rencontrés. En effet, tant le Honduras que la Suisse ne m’ont pas fait un effet bœuf défensivement parlant (c’est le moins que l’on puisse dire). D’ailleurs, on a bien vu que contre l’Equateur, équipe bien plus rigoureuse derrière, ça a été un peu plus compliqué car même si les Français ont réussi à se créer des occasions, aucune n’a été suffisamment importante pour mettre plus que cela le gardien adverse en réelle difficulté et jamais les Bleus n’ont été en capacité de proposer une pression intense pendant plusieurs minutes sur cette défense. Avec huit buts, on peut tout de même estimer que l’attaque française est plutôt en forme.

Giroud / Valbuena

Même pour les célébrations de buts, la France vend du rêve comme ici avec ce saute-moutons entre Giroud et Valbuena. Grand moment !

De l’autre côté du terrain, la défense n’a pas encore été véritablement testée. Les deux buts encaissés en fin de match contre la Suisse proviennent plus d’erreurs d’inattention individuelle (Benzema sur le coup-franc, Debuchy pour l’alignement) que de réels manques défensifs.  Avec ces milieux de terrain qui participent beaucoup au jeu offensif, il y a le risque que le replacement soit un peu plus lâche. Et d’ailleurs, si Matuidi et ses capacités physiques ahurissantes sont d’un précieux secours dans le pressing du milieu adverse, je suis bien plus circonspect sur l’impact de Pogba (à propos duquel je reste toujours moins dithyrambique que beaucoup d’observateurs). Cabaye, lui, est extrêmement efficace mais il y a toujours un doute quant à sa capacité à résister face à un milieu de très haut niveau. Derrière, c’est un peu la même chose avec cette charnière Sakho-Varane complémentaire mais pas forcément toujours des plus rassurantes. Sur les côtés, Debuchy et Evra ont plutôt donné des gages de bonne forme ces derniers temps. Il faut donc faire attention à l’équilibre global de l’équipe, surtout contre une équipe comme le Nigéria, capable d’aller très vite vers l’avant

LES JOUEURS :

DES TITULAIRES INDISCUTABLES ET DES POSTES EN BALANCE


Le fait d’être (quasiment) qualifié premier avant le dernier match a permis à Didier Deschamps de faire tourner son effectif. Des vingt joueurs de champ présents au Brésil, dix-huit ont déjà foulé la pelouse (seuls Mangala et Cabella n’ont encore pas eu cette joie) et seize pour 90 minutes ou plus. Seul Karim Benzema a joué l’intégralité des trois rencontres. Cela démontre une vraie volonté du sélectionneur français de ménager ses joueurs importants mais aussi de concerner tout le monde.  C’est vraiment bien car on ne sait jamais ce qui peut se passer dans une telle compétition (blessure, suspension,…) et il est vraiment nécessaire de garder l’ensemble du groupe sous pression le plus longtemps possible.

temps de jeu

Un petit tableau pour la route à propos du temps de jeu de chacun depuis le début de cette Coupe du Monde.

 
Dans les buts, Hugo Lloris a plutôt fait le boulot, même si je persiste à penser qu’il aurait pu un peu mieux faire sur le coup-franc de Dzemaili. Devant lui, tous les défenseurs qui ont joué ont plutôt été corrects avec une mention spéciale à Evra, qui semble retrouvé depuis quelques semaines. Il est solide derrière et apporte beaucoup offensivement. Pourvu que ça dure. Pour Sakho-Varane, j’attends encore de voir ce que ça donnera face à une très grosse pression de l’adversaire, et j’avoue que je ne suis pas forcément des plus rassurés… On tient quand même le quatuor défensif pour le reste de la compétition et,  a priori, il tient la route.

 

Au milieu de terrain, deux joueurs se détachent nettement avec Cabaye et Matruidi. Le premier a vraiment pris une nouvelle dimension dans son rôle de sentinelle : il récupère les ballons et, surtout, oriente parfaitement le jeu français. Le carton jaune reçu en fin de match contre la Suisse lui a permis de souffler et d’arriver totalement vierge de possibilité de suspension à partir des huitièmes de finale. Pour le remplacer contre l’Equateur, Schneiderlin a été plutôt propre sans être génial. Quant au second, il est tout simplement épatant depuis deux saisons avec Paris et confirme tout le bien que l’on pense de lui en Equipe de France. Infatigable, de plus en plus présent offensivement, c’est devenu un milieu de terrain complet et indispensable. Pour la troisième place, il y a un vrai débat entre Pogba et Sissoko. Le premier est évidemment le plus doué mais, en termes de rigueur pur, il est parfois assez déconcertant. Hier encore, une de ses pertes de balle a failli être fatale aux Bleux. Sissoko, lui, a le mérite d’être extrêmement discipliné et d’avoir un abattage vraiment important. Dans l’optique d’un match contre les Nigérians, j’avoue que je penche plutôt pour la deuxième solution.

Cabaye / Matuidi

Cabaye / Matuidi : avec ces deux là, on peut voyager tranquille... Et ça quel que soit le climat !


Devant, là encore, deux joueurs sont au-dessus : Karim Benzema pour ses buts, sa qualité technique, sa présence,… et Matthieu Valbuena dont l’absence s’est cruellement fait ressentir contre l’Equateur. Il est devenu au fil des années le véritable dépositaire du jeu des Bleus. Pour le troisième choix, c’est un choix entre deux philosophies : la présence physique et le jeu de tête de Giroud ou les dribles et la rapidité de Griezmann. J’ai du mal à me faire une véritable opinion et il me semble que la complémentarité Giroud-Benzema, auparavant très compliquée, s’est globalement plutôt améliorée au fil des matchs. J'aurais donc tendance à privilégier cette option.

L'AMBIANCE :

UNE ÉQUIPE QUI FAIT DE NOUVEAU RÊVER TOUT LE PAYS


Revenons juste huit mois en arrière : le 15 novembre 2013, la France perd 2-0 en Ukraine au terme d’un match d’une tristesse abyssale.  Le pays s’enflamme alors, des journalistes aux gens de la rue, des consultants jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat et on en entend des vertes et des pas mûres : « cette équipe est désastreuse », « ces footballeurs n’ont rien dans la cervelle », « ils gagnent des millions et ne mouillent pas le maillot », « c’est un scandale, tant mieux si ils ne vont pas à la Coupe du Monde, ça leur fera les pieds »… Bref, le désamour est complet. Quatre jours plus tard et après un match devenu légendaire, ça va étrangement un peu mieux. Depuis, peu à peu, on a l’impression que les Bleus ont reconquis l’opinion publique, de telle manière que ça en devient presque absurde. Bien sûr, la France n’est (et n’a jamais été) un vrai pays de sport et la plupart des gens n’encouragent que quand ça gagne et si on rajoute cela au fait que le Français a plutôt tendance à retourner sa veste assez vite, on comprend mieux les élans un peu dingos de ces derniers jours (plus de quinze millions de téléspectateurs pour les matchs, des gens klaxonnant dans la rue après une victoire en poule contre la Suisse,…). Et je m’attends à voir les mêmes pisse-froids qui, il y a un peu moins d’un an, bavaient sur cette sélection et ses « caïds immatures » (pour rendre hommage à la fameuse expression de Roselyne Bachelot concernant le désastre de 2010), descendre dans la rue en criant « ON est les meilleurs ». De ce côté-là, je me sens parfaitement droit car, justement, j’ai toujours encouragé l’Equipe de France, quelle que soit son niveau (parfois affligeant, il faut bien le dire) et je n’ai jamais versé dans cette démagogie particulièrement agaçante et que j’ai même combattue avec la plus grande vigueur.

Hollande

Même François Hollande et les médiallés olympiques des sports d'hivers sont à fond, c'est pour dire !

Pourtant, ce qui est fou et dont les gens n’ont pas forcément conscience, c’est que les joueurs, eux, n’ont pas changé. Ce sont toujours les mêmes, ils signent des autographes quand ils le peuvent (et refusent quand ils sont trop pressés), ils ont des casques sur les oreilles quand ils descendent du bus, ne sourient pas toujours,… Mais qu’est-ce qui a évolué alors pour opérer ce retournement ? Selon moi, il y a une raison principale et quelques éléments de pure communication qui expliquent cela. La raison majeure, c’est que la France gagne et marque des buts. C’est très simple, peut-être même simpliste, mais dans un pays comme le nôtre qui n’aime le sport qu’à travers la victoire, ça fait toute la différence. L’équipe est enthousiaste, propose un jeu offensif intéressant, marque et donne donc du plaisir aux supporters. A côté de cela, Didier Deschamps est un maître de la communication, réussissant parfaitement à faire de la langue de bois tout en étant très drôle et les médias n’arrivent pas à trouver une vraie polémique (ils l’ont tenté avec Giroud : ratée, puis avec les femmes de joueurs : encore ratée). Bref, le pays baigne dans une douce euphorie qui, honnêtement, finit un peu par m’inquiéter et c’est pourquoi le match nul d’hier est plutôt une bonne nouvelle selon moi. Cela va permettre de calmer un peu un peuple français qui, selon moi, commençait bien trop à s’emballer après ces deux succès qui faisaient suite aux huit buts inscrits à la Jamaïque juste avant de décoller pour le Brésil. Il ne faut surtout pas s’emballer car le souci avec un soutien aussi conditionné par les résultats, c’est que si la France perd tôt dans la compétition, ça va être encore plus terrible… D’ailleurs, la suite, parlons-en !

LA SUITE :

LES SUPEREAGLES POUR VOIR PLUS HAUT


En sortant première de son groupe, la France s’est donnée le droit d’éviter un huitième de finale très périlleux contre une Argentine pas géniale collectivement mais portée par un joueur inclassable (Léo Messi). A la place, on retrouvera les Nigérians qui ont réussi à sortir de ce groupe, aux dépens d’une Bosnie-Herzégovine qui a déçu lors de ses deux premiers matchs. Sur le papier, ça paraît plutôt une bonne chose mais il va falloir se méfier de cette équipe qui est loin d’être maladroite. Je les ai vus jouer en fin de match contre l'Iran où c’était n’importe quoi (des deux côtés, d’ailleurs) mais leur match contre l’Argentine (que j’ai suivi en grande partie) m’a bien plus convaincu que ces Supereagles ne seraient pas facile à manœuvrer. D’après ce que j’ai pu voir, c’est surtout très rapide devant, avec des joueurs qui peuvent faire très mal comme Musa, Emenike ou Odemwingie mais c’est bien plus discutable au milieu de terrain où Obi Mikel semble assez seul. Derrière, c’est surtout le gardien lillois Enyeama qui fait une bonne part du travail. Autant se dire les choses franchement, ce n’est pas la meilleure équipe du monde et la France est favorite de ce match mais il faudra être extrêmement vigilant pour ne pas connaître une déconvenue, car perdre en huitièmes serait quand même une déception même si l’objectif initial est rempli.

Supereagles

OK, leur maillot est l'un des plus moches de la compétition. Mais ce n'est pas une raison pour prendre les Nigérians à la légère.

 
Ensuite, si on essaie de se projeter un peu sur la suite de la compétition, le quart de finaliste potentiel n’est pas connu puisque les quatre derniers matchs du premier tour se jouent ce soir mais il apparaitrait assez logique que l’Allemagne soit au rendez-vous face à la France, pour ce qui pourrait constituer un match explosif et potentiellement spectaculaire car, des deux côtés, ce sont plutôt les attaques qui rassurent plus que les lignes défensives. Pour une potentielle demi-finale, le tableau est clairement sud-américain puisque Brésil contre Chili et Colombie contre Uruguay constituent les deux huitièmes de finale qui croiseront en quart. Autant dire que ça sera forcément du costaud. Mais il y a encore pas mal de temps avant que l’on arrive à ce niveau-là alors ne nous emballons pas et nous aurons largement le temps d’en reparler si on atteint ce stade. Déjà, le plus important, c’est de faire un bon match contre le Nigéria et de mettre toutes les chances de notre côté pour passer ce tour !

 

ALLEZ LES BLEUS !



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Fiz 26.06.2014, 22:09

Quand tu dis que les joueurs n'ont pas changé... pas franchement d'accord. On s'accordera surement pour dire qu'ils ont au moins changé d'état d'esprit: plus d'envie, plus d'engagement, plus de plaisir à jouer ensemble, plus d'audace,... bref ça fait déjà beaucoup! Mais il a surtout fallu Didier Deschamps pour insuffler ce changement d'état d'esprit et il a fallu ce déclic du match retour contre l'Ukraine, ce match "référence" qui manquait encore à ce groupe.
Depuis, les joueurs montrent un tout autre visage, même Benzema qui traînait son ennui sur le terrain semble métamorphosé dans son attitude sur le terrain.
Enfin, Deschamps a eu le courage de dégager les trop gros "fouteurs de merde" de type Nasri qui auraient pu nuire à ce nouvel état d'esprit.


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