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TimFaitSonCinema
Luke est cascadeur à moto. Lorsqu’il découvre qu’il est aussi père d’un tout jeune enfant, il se met à commettre des braquages. Mais cela ne sera pas sans conséquences, pour lui mais aussi pour son fils…
Verdict:
Ce film à la frontière du drame et du thriller est peut-être un peu trop ambitieux tant il brasse de sujets différents. Mais c’est aussi son charme, si l’on peut dire, car une grande force se dégage de l’ensemble.
Coup de coeur:

La construction d’ensemble du film

La date de sortie du film:

20.03.2013

Ce film est réalisé par

Derek CIANFRANCE

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Après un premier film déjà loin d’être passé inaperçu en 1998 et un passage par les documentaires musicaux, Derek Cianfrance avait surtout fait parler de lui en 2010 avec son deuxième long métrage, Blue Valentine, histoire complexe d’un amour à la fois romantique et dramatique. C’est un film que je n’ai encore jamais vu alors que, pourtant, de l’avis de beaucoup, il s’agit d’un vrai bon long métrage, magnifié par les performances de Michelle Williams et Ryan Gosling (c’est d’ailleurs un peu le film qui a relancé la carrière de ce dernier après des années 2000 plus compliquées qu’autre chose). Cette fois-ci, Cianfrance revient avec un long métrage dont on entend parler de lui depuis un certain temps. Il en a lui-même co-écrit le scénario et on y retrouve l’acteur canadien (et oui, Ryan Gosling nous vient du Canada…) mais aussi l’une des nouvelles coqueluches d’Hollywood, Bradley Cooper et une actrice qui choisit de plus en plus ses films et qui se trompe de moins en moins : Eva Mendes. The place beyond the pines, titre assez mystérieux, est finalement très compliqué à raconter car l’histoire est multiple, sur plusieurs générations et a des ramifications parfois un peu complexes. En fait, la seule chose que l’on peut vraiment dire sur ce film, c’est qu’il est construit comme une sorte de tragédie grecque revisitée. Et c’est à ce titre que ce long métrage est vraiment intéressant et vaut le coup d’œil. Tout n’y est pas parfait, mais, dans l’ensemble, il s’en dégage une grande puissance.

La première séquence (un très long plan où l’on suit de dos Luke de sa loge jusqu’à sa moto et cette cage de fer) m’a vraiment rappelé celle qui ouvre La nuit nous appartient (Bobby sortant de son bureau pour admirer son « œuvre », qui s’avère être une boîte de nuit). Bon présage tant ce film est encore aujourd’hui l’un de mes préférés et d’ailleurs, certains autres éléments peuvent nous y faire penser : la présence d’Eva Mendes, le côté familial, ainsi qu’une certaine ambiance générale… Mais la comparaison doit s’arrêter là car si The place beyond the pines est un film « classique » (à tous les sens du terme, nous y reviendrons) dans son aspect général, c’est son côté extrêmement foisonnant qui le caractérise le plus. Car ce qui est marquant avec ce long métrage, c’est le fait qu’il brasse un nombre très important de thèmes et de problématiques. D’ailleurs, c’est dur de véritablement le définir car on est toujours entre le drame, le thriller, le film noir et même le mélo par moments,… Ainsi, c’est un film extrêmement ambitieux, peut-être un peu trop car il laisse un petit sentiment de frustration de ne pas voir toutes les thématiques et tous les personnages un peu plus abordés. Déjà, comme point d’appui de l’ensemble, il y a le lieu où tout ce passe, cet « endroit derrière les pins » – Schenectady, dans l’Etat de New York. Ça nous est montré comme une sorte de « trou du cul du monde », presque à l’écart de la civilisation, ou en tout cas, vivant en autarcie. Comme souvent maintenant dans les films américains, c’est une Amérique déshéritée qui nous est montrée là, celle qui vit le mieux possible de petits boulots et cherche autant que faire ce peu des échappatoires à une vie dans l’ensemble assez triste. Et cela a son importance dans tout le scénario car cela est une toile de fond à une histoire qui, elle, traite tout à la fois de paternité, de vengeance, de culpabilité, de corruption… Toutes ces problématiques sont balayées et plus ou moins creusées. Elles apparaissent ça et là et posent des enjeux parfois décisifs, ce qui nourrit forcément l’histoire globale. Le revers de la médaille c’est que de nombreux éléments manquent d’un vrai approfondissement.

La structure du film est extrêmement intéressante et se rapproche beaucoup d’une forme très ancienne : celle des tragédies grecques, même si c’est bien sûr revisité. On distingue de façon très nette trois actes, sur deux périodes différentes et chacune de ces parties est dominée par un ou deux personnages que l'on suit plus particulièrement. D’autres protagonistes (c’est surtout le cas de Romina, à la fois copine et mère) créent une forme de lien entre ces trois chapitres qui sont à la fois distincts mais complètement liés. Car s’il y a bien quelque chose qui est important dans ce film et qui le traverses tout du long, ce sont les notions de destin et de vengeance. Ainsi, peut-être l’histoire des enfants paraît de trop mais elle s’inscrit en fait complètement dans cette logique de tragédie, où la lignée est directement impactée par les actes précédents, comme une forme de fatalité à laquelle on ne peut échapper. On peut parler en ce sens d’un drame générationnel où il n’y a pas vraiment d’histoire à proprement parler mais plutôt l’idée d’un destin qui suit son cours et touche toutes les personnes plus ou moins proches de l’affaire. Une vraie force se dégage de The place beyond the pines, celle-ci tenant aussi bien de la construction du film (le destin familial comme fil conducteur) que de la réalisation (il y a certains plans vraiment incroyables et une forme de maîtrise et de classe dans la mise en scène de Derek Cianfrance) ou encore que du jeu d’acteurs. Ryan Gosling n’est jamais aussi bon que dans ces rôles un peu mutiques, où tout doit passer par les silences. Bradley Cooper, lui, livre une partition sobre et réussie. On peut juste regretter quelques passages un tout petit peu long et, surtout, des thèmes complètement expédiés ou des personnages qui manquent d’épaisseur alors qu’il y avait vraiment de quoi faire quelque chose. Et si, finalement, ce film n’était pas une sorte de trilogie condensée car je pense qu’il y a là vraiment la matière pour faire trois longs métrages de qualité avec un tel matériau de départ.


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Charlotte 24.03.2013, 22:43

J'ai vu le film avant d' avoir lu votre critique mais je suis tout à fait d'accord : c'est un film foisonnnant et ce n'est pas si souvent maintenant qu'un fil s'attache à décrire une histoire portant sur 2 voire 3 générations ...avec ce sens de la tragédie. Merci de votre analyse, je reviendrai sur le site ... avant d'aller au cinéma!
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Tim Fait Son Cinéma 25.03.2013, 06:41

Merci du commentaire !!!


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