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Emilie voit son mari Martin sortir de prison. Cela ne lui redonne pas pour autant goût à la vie, bien au contraire. Elle consulte alors le docteur Banks, psychiatre, qui lui prescrit un nouveau médicament. Mais quand Emilie se retrouve accusée du meurtre de son mari alors qu’elle ne se souvient de rien, les choses se compliquent.
Verdict:
Un thriller vraiment efficace même s’il y a quelques longueurs au cœur du film. Le scénario permet tout de même de garder le spectateur en haleine jusqu’au bout et Rooney Mara prouve qu’elle sera bien une actrice à suivre dans les prochaines années.
Coup de coeur:

Rooney Mara

La date de sortie du film:

03.04.2013

Ce film est réalisé par

Steven SODERBERGH

Ce film est tagué dans:

Thriller psychologique

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 La Critique


Cette fois-ci, il paraît que c’est bien le dernier film de Soderbergh pour le cinéma (puisque sa dernière réalisation, Behind the Candelabra ne passera pas sur grand écran mais directement à la télévision malgré un casting détonnant avec Dustin Hoffman et Matt Damon). Il faut tout de même faire attention car on est habitué aux annonces du réalisateur et, depuis qu’il dit se tâter pour arrêter de tourner, il n’a jamais été aussi prolifique : pas moins de treize réalisations depuis 2006, ce qui est un rythme absolument affolant, tout en se payant le luxe de trouver l’énergie pour être réalisateur de la seconde équipe de Hunger Games. Je n’ai pas eu le temps (ni forcément l’envie) de tout suivre et me suis contenté de ses deux derniers les plus importants : Contagion qui m’avait bien plu pour son côté extrêmement clinique et Magic Mike dont j’avais eu un peu de mal à comprendre le réel intérêt. Il en revient une nouvelle fois à l’univers médical, mais cette fois-ci sous l’angle du thriller et d’une histoire moins « universelle » et cela sur un scénario de Scott Z. Burns, qui lui avait déjà écrit le scénario de Contagion et qui s’est surtout fait connaître pour avoir coécrit La vengeance dans la peau. Le tout avec un casting plus qu’excitant puisqu’on y retrouve des valeurs sûres comme Judd Law ou Catherine Zeta-Jones aux côtés de jeunes « qui grimpent » (Rooney Mara et Chaning Tatum). Si le projet s’annonce plutôt bien sur le papier, qu’est-ce que ça donne dans les faits ? Et bien, dans l’ensemble, c’est plutôt pas mal même si ça n’est pas non plus complètement exaltant.

Effets secondaires débute par un long plan qui nous fait arriver dans un appartement où il y a visiblement eu un meurtre. Puis nous fait revenir directement trois mois en avant. On sait donc d’entrée que tout va se jouer autour de cette scène inaugurale. Et ce n’est pas une mauvaise idée en soi car, à partir de là, on essaie de tout lire en fonction de cet événement dont on ne sait encore rien. Mais en fait, dans Effets secondaires, on trouve deux films puisque le long-métrage bascule à partir de ce meurtre d’une sorte d’étude critique de l’industrie pharmaceutique et ses rouages à un véritable thriller. C’est là que ce long métrage devient vraiment intéressant et prend en quelque sorte de l’ampleur. Toute la première partie n’est pas inutile, loin de là, et permet à Soderbergh de dénoncer certains agissements à la fois des laboratoires mais aussi des médecins qui leur sont affiliés moyennant finances et divers avantages. Avec Emilie, c’est une sorte d’étude de cas qui nous est montrée puisqu’elle essaie différents traitements, encouragée qu’elle est par le Professeur Banks, qui, lui non plus, n’est pas complètement neutre sur cette question des médicaments. Mais le meurtre commis par Emilie va lui aussi l’ébranler car il se sent d’une certaine façon responsable : le médicament qu’il a prescrit aurait pu conduire à ce geste tragique. Mais c’est là que le film change d’aspect et ce n’est pas plus mal car il commençait dangereusement à ronronner, de crises en consultations.

Steven Soderbergh retrouve alors un rythme beaucoup plus intéressant pour montrer comment, peu à peu, les certitudes que le médecin (et le spectateur également) pouvait avoir commencent à se fissurer pour laisser place à une réalité beaucoup plus complexe, tant sur le fond que sur la forme. Débute alors une véritable enquête, faite de rebondissements, de coups tordus mais aussi de bluffs monumentaux. On comprend alors progressivement tous les rouages d’une machination à tiroirs. En un sens, un tel scénario m’a un peu fait penser à Crime d’amour/Passion qui partait aussi un peu sur une histoire d’enquête qui, peu à peu, changeait de physionomie avec la découverte d’éléments qui mettaient en doute la « version officielle ». Mais c’est ici beaucoup moins tarabiscoté (ce qui n’est, en soi, pas très compliqué) et donc mieux maitrisé. Au bout d’un moment, ça devient une sorte de « jeu » de manipulation entre les deux personnages principaux qui cherchent à se piéger mutuellement et les personnages annexes ne sont plus là que comme des pièces de ce jeu. La question est en fait de savoir lequel des deux sera le plus malin. Finalement, il y aura bien un vainqueur – que je vous laisse découvrir. Le dernier plan (une vraie réponse au premier) ainsi que la musique qui va avec apporte une conclusion définitive à un thriller qui aura réservé quelques surprises et des retournements de situation parfois spectaculaires.

Dans l’ensemble, Steven Soderbergh s’en sort bien dans sa réalisation même si certains passages auraient mérité un peu plus de rythme. Il a quand même un côté assez froid dans sa mise en scène (d’ailleurs, dans l’ensemble l’image est assez peu colorée) qui colle ici plutôt bien à son scénario. Dès les premières notes de musique qui retentissent en même temps que le plan d’ouverture, j’ai su que c’était Thomas Newman qui était aux manettes de la bande originale. Il faut dire que ce dernier a un style parfaitement reconnaissable qui correspond ici bien au film dans son ensemble. Enfin, grâce à ce film, Rooney Mara confirme bien tout le talent qu’on avait pu entrevoir dans la scène d’ouverture de The social network et surtout dans l’adaptation américaine de Millénium, même si le rôle était, là, beaucoup plus spécifique. Elle est parfaite dans Effets secondaires, puisque son personnage n’est pas aussi lisse qu’on pourrait le croire, comme on va le découvrir au fil du long métrage et la fragilité qui ressort de son visage et de son corps sert ici parfaitement le scénario. Face à elle, Jude Law fait plutôt pas mal le travail et Catherine Zeta-Jones ainsi que Chaning Tatum ont des rôles plus secondaires mais s’en acquittent correctement. Si c’est vraiment le dernier film de Soderbergh (au moins avant un certain temps), on pourra dire qu’il quitte le cinéma sur une note tout à fait honorable à défaut d’être brillante…



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